SAGUENAY – Le mandat du BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement) sur le Projet d’Énergie Saguenay par GNL Québec inc. débutera le 14 septembre pour une durée de quatre mois. Ce projet, rappelons-le, attire des critiques d’environnementalistes, notamment de la Coalition fjord et des approbations du côté de nombreux politiciens et des chambres de commerce de la région. Mais, à quoi la population doit-elle s’attendre de ces audiences ?
Coordonnateur au développement des communications au BAPE, Pierre Turgeon nous explique le rôle et le mandat des commissaires. « D’abord, le mandat a été reçu du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), Benoît Charrette. Notre rôle est d’éclairer le mieux possible le gouvernement quand il prendra sa décision », souligne-t-il dans un premier temps.
Les Audiences se tiendront en deux parties. La première consiste à permettre aux gens qui ont des questions à venir prendre de l’information sur le projet. « Ce sont les intervenants impliqués et concernés dans le dossier qui sont dans la salle qui répondent. Les commissaires écoutent. Tout le monde peut poser des questions. Après cette première étape, il y aura une période de trois semaines avant de tenir la deuxième partie pour laisser le temps aux commissaires de commencer leur rapport. À Québec, par exemple, lors des Audiences sur le tramway, il a fallu neuf séances (30 heures) pour la première partie. Il faut prendre le temps de faire le tour de toutes les questions », ajoute M. Turgeon.
Soulignons qu’au moment d’écrire ces lignes (12 août), le nom du président de la Commission, l’identité des commissaires, le site des audiences et la procédure en cette période de la COVD-19 n’étaient toujours pas dévoilés.
Donner son opinion
La deuxième partie consiste à donner son opinion. Les personnes ou les groupes intéressés à le faire doivent auparavant envoyer un mémoire. « Ça peut tenir sur une seule page. On y écrit si on est pour ou contre le projet et pourquoi. Ces gens sont invités à venir nous expliquer leur position. En général, ils ont droit à environ 15 minutes pour que le plus de monde possible puisse s’exprimer. Les séances vont continuer tant et aussi longtemps que ça sera nécessaire, du lundi au vendredi, de jour comme de soir. »
Une fois que tout le monde a posé leurs questions et donné leur opinion, les commissaires se réuniront pour rédiger leur rapport. « Il faut comprendre que le BAPE ne décide de rien. Notre rôle est de fournir un rapport au ministre de l’Environnement à propos du projet et on regarde tous les aspects, tels que l’environnement, évidemment, mais aussi, l’économie, le social, l’acceptabilité sociale. Nous sommes une organisation indépendante qui fait le tour de la question. On n’est pas pour ou contre le projet. On fait des recommandations comme un comité aviseur. C’est le ministre qui s’adresse par la suite au conseil des ministres. C’est le gouvernement ultimement qui décide, peu importe si le rapport fait état d’un bon projet ou d’un moins bon », résume le coordonnateur au développement des communications.
Intervention en fin de processus
Ce dernier rappelle que le BAPE débarque dans un projet à la fin du processus. « Pour GNL, par exemple, si vous allez sur le site du ministère de l’Environnement, il y a déjà des milliers de pages de documents d’études qui ont été faites sur l’impact éventuel sur l’environnement. Quand l’étude d’impact est terminée et que les fonctionnaires du ministère n’ont plus de questions, ils disent au ministre qu’il serait le temps d’aller consulter le public pour voir ce qu’il en pense et c’est là que le BAPE intervient. »
Soulignons qu’en 40 ans, le BAPE a traité 33 dossiers au Saguenay–Lac-Saint-Jean, dont 29 en audiences. Le premier projet remonte à 1981. Il s’agit de la centrale Delaney d’Hydro-Québec, suivi en 1985, du programme de stabilisation des berges du lac Saint-Jean d’Alcan et du projet de la marina de La Baie en 1987-1988. Les deux dernières sont les audiences sur le projet de Métaux BlackRock et son usine de transformation de concentré de fer en fonte brute et en ferrovanadium à Saguenay en 2018 et le projet de ligne à 735 kV entre les postes Micoua et Saguenay d’Hydro-Québec en 2019.
Résumé du projet
GNL Québec développe depuis 2014 le projet Énergie Saguenay, un complexe industriel de liquéfaction de gaz naturel sur le site de Port Saguenay dans le but d’exporter 11 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an, à partir de sources d’approvisionnement de l’Ouest canadien. Le projet comprend des équipements de liquéfaction, d’entreposage ainsi que des infrastructures maritimes. Le projet repose sur un investissement évalué à 9 milliards de dollars. Le complexe de liquéfaction de GNL sera construit sur un terrain appartenant à l’Administration portuaire de Saguenay, à proximité des installations existantes de Grande-Anse. Afin de transporter le gaz naturel jusqu’à l’installation, un nouveau gazoduc de plus de 750 km relié au réseau principal de transport dans le nord-est de l’Ontario devra être construit. Ceci permettra l’approvisionnement de gaz naturel provenant de l’Ouest canadien. Gazoduc inc. est le promoteur de cette nouvelle infrastructure.