SAGUENAY – Un projet régional en matière d’hydrogène vert, porté par le Groupe Gilbert, pourrait bien voir le jour vers 2023 ou 2024, a-t-on appris lors du Rendez-vous économique organisé ce matin par la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay–Le Fjord (CCISF).
Alors qu’un consensus sur l’intérêt de faire du Saguenay un hub en matière d’hydrogène vert émergeait des discussions, Jacques Gauthier, consultant et membre du Groupe Gilbert, a confirmé que l’entreprise travaille depuis plusieurs mois sur un projet en ce sens avec plusieurs partenaires.
« Nous devons attendre l’annonce de la stratégie du gouvernement du Québec sur l’hydrogène vert, la semaine prochaine, avant de donner des détails. Toutefois, la préfaisabilité du projet est très avancée. Le plan d’affaires et le modèle de financement sont complétés. Nous visons 2023 ou 2024 pour les premières phases », a-t-il indiqué en entrevue avec Informe Affaires.
Avec ce projet, pour lequel le Groupe Gilbert a créé une division Énergie, l’organisation souhaite devenir un producteur privé d’énergie renouvelable. « Nous pensons que l’hydrogène est un complément essentiel à l’électrification des transports. Le gouvernement en a aussi fait son fer de lance pour la transition énergétique. Nous voulons être des précurseurs », a affirmé M. Gauthier.
Tous les atouts
Selon Marie Lapointe, directrice exécutive d’Hydrogène Québec, le Saguenay a tous les atouts pour devenir un hub de production et distribution d’hydrogène vert pour le transport, mais aussi pour se positionner comme l’un des plus gros hubs industriels en la matière au Québec. « Le Saguenay pourrait définitivement être l'un des premiers carrefours intermodaux pour la distribution au Québec. [...] On est aussi capable de développer des projets pour décarboner les activités industrielles ou d'aviation. Jean Paquin, du Consortium SAF+, qui utilise l’hydrogène pour créer un carburant synthétique à partir de CO2, s’est montré intéresser à se positionner au Saguenay. […] L’entreprise a un projet pilote à Montréal, mais leur première usine pourrait être au Saguenay », a-t-elle noté.
Madame Lapointe estime que l’hydrogène pourrait contribuer à 15 % des réductions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050. Les technologies d’électrolyse et de piles à combustible développées au Canada sont mûres. « Nos produits sont parmi les meilleurs au monde. Nous avons les technologies les plus efficaces, éprouvées. […] La demande va être là, l’offre est là. Tout ce qui manque, c’est le réseau d’infrastructures, les stations de ravitaillement. Le futur, c’est maintenant », a-t-elle rappelé.
Quantité d’énergie
Questionné à propos de la grande quantité d’énergie nécessaire pour produire de l’hydrogène, Jacques Gauthier demeure convaincu que l’hydrogène est une avenue à privilégier. « La question, ce n’est pas le volume d’électricité, mais plutôt comment on l’utilise. Si on est capable d’arrimer le volume d’électricité nécessaire pour la fabrication d’hydrogène vert, c’est un projet beaucoup plus intéressant pour les emplois et le développement que, par exemple, les centres de cryptomonnaie. C’est important d’utiliser notre électricité verte à bon escient. Créer un combustible vert qui permet de se transporter tout en générant une industrie ici, c’est intéressant. »
Marie Lapointe a pour sa part précisé que l’hydrogène se veut un complément à l’électrification. La recherche et le développement se poursuivent pour optimiser les procédés et créer des projets novateurs.
L’après-GNL
Monsieur Gauthier a rappelé qu’avec la disparition du projet GNL, il reste un bloc d’électricité disponible et qu’il serait bénéfique pour la région qu’il soit consommé ici. « Beaucoup d’industrie pourraient profiter d’avoir de l’hydrogène vert ici », a-t-il assuré.
La vice-présidente exécutive et directrice générale de la CCISF a fait écho à cette vision. « C’est un incontournable. Il y a vraiment quelque chose qui s’est passé, un message qui a été lancé dans les discussions d’aujourd’hui. […] Nous sommes dans l’après-GNL et nous voulons rebondir. Pourquoi ne pas le faire en développant un hub d’hydrogène, une énergie verte pour la transition énergétique? », a-t-elle lancé.
Nouveau paradigme
Mentionnons que l’événement a permis de faire ressortir le nouveau paradigme en train de se mettre en place dans l’économie mondiale. Celui-ci amène les entreprises à se doter de critères écoresponsables concernant les pratiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). « Notre conférencier, Denis Leclerc d’Écotech, est venu nous dire qu’il y a urgence de changer nos façons de faire. Dans les critères de financement, ces éléments devront de plus en plus devoir être intégrés. Ils le sont déjà dans certaines industries », a résumé Mme Rossignol.