SAGUENAY – Malgré les différents enjeux et les incertitudes sur les marchés mondiaux, les exportations internationales de marchandises du Québec ont crû en mars, selon les dernières données présentées par l’Institut de la statistique du Québec.
Ces chiffres faisaient état d’une augmentation des exportations, désaisonnalisées et en dollars constants, de 2,9 % par rapport à février. Au Canada, le commerce international des biens et services a atteint des niveaux records, avec 75,5 milliards de dollars. Il faut toutefois analyser ces données avec nuance, prévient Nadine Brassard, directrice générale de SERDEX International.
« C’est surtout relié à certains produits spécifiques. Entre autres, le conflit en Ukraine et les sanctions imposées à la Russie ont augmenté beaucoup l’incertitude par rapport à l’approvisionnement mondial. Cela a entraîné une augmentation de la demande d’engrais et de produits énergétiques », explique-t-elle.
À l’échelle canadienne, outre ces secteurs, les véhicules automobiles et pièces, les minerais ainsi que les services de voyages ont augmenté. « Avec les exigences qui ont diminué par rapport aux déplacements, les gens recommencent à voyager plus », précise Mme Brassard.
Les expéditions de biens du Canada vers les États-Unis ont pour leur part connu une hausse de 7,7 %. Cela est surtout dû à l’accroissement des envois de pétrole brut vers ce pays lié au conflit en Ukraine. Les exportations vers les autres pays ont aussi connu un niveau record avec une augmentation de 1,9 %. Ce sont surtout celles vers le Royaume-Uni (or), l’Espagne (produits pharmaceutiques), la Corée du Sud (charbon) et l’Allemagne (divers produits), qui ont affiché une hausse.
L’impact des prix
Selon le rapport mensuel sur le commerce du Gouvernement du Canada, la croissance des exportations de marchandises notée en mars a été principalement due à l’effet de prix. « Les exportations sont calculées en argent. Quand tu augmentes les prix, ça augmente nécessairement le total », indique Mme Brassard.
On remarque en effet dans les données du rapport que les prix des exportations ont augmenté de 5,1 % comparativement à février, tandis que les volumes se sont accrus de seulement 1,1 %.
Ce sont les produits liés aux ressources qui ont été le principal facteur de la hausse des prix des exportations, avec notamment un accroissement de 17,5 % pour les produits énergétiques. En effet, en mars, le prix du pétrole brut West Texas Intermediate a augmenté de 18,4 % par rapport à février et a atteint 108,50 $ américains par baril, un sommet jamais vu depuis 2008. Toutefois, le volume d’expéditions de pétrole brut a pour sa part diminué.
Les devises fluctuent
Un des enjeux actuels pour les entreprises exportatrices est l’instabilité du marché des devises. « Quand on signe des contrats dans des devises déterminées, si on conclut quelque chose à une date précise et qu’on n’a pas mis en place des moyens de s’assurer du taux de change et qu’il est modifié, ça peut avoir un impact sur le prix d’achat ou de vente. Il faut y faire attention pour ne pas perdre d’argent », mentionne Nadine Brassard.
La pandémie a été l’élément déclencheur de cette instabilité en entraînant une foule de conséquences sur l’échiquier mondial ainsi qu’en affectant l’offre et la demande, les taux de chômage, les politiques monétaires, etc. La hausse du niveau d’inflation, de même que les enjeux géopolitiques contribuent au maintien de la situation.
Il existe toutefois différents moyens pour réduire les risques, évoquées par des experts de Desjardins lors d’une activité organisée par SERDEX International. Ils mentionnaient notamment le contrat à terme, à envisager pour les transactions payables à échéance, les options sur devises, le tunnel autofinancé ou encore un amalgame de toutes ces solutions. « Il y a plusieurs solutions, mais il faut consulter des experts en financement. Les entreprises doivent se renseigner auprès de leur institution financière. C’est important de bien comprendre ce qui se passe pour mieux s’en prémunir », conclut Mme Brassard.