SAGUENAY – Le Saguenay–Lac-Saint-Jean connaît une année record dans le domaine de l’immobilier commercial. Des transactions totalisant 121,02 M$ ont été comptabilisées entre les deuxièmes trimestres 2022 et 2023, en hausse de près de 69 %. Il s’agit d’une tendance inverse à celle du Québec, selon les données présentées dans le Bilan des transactions commerciales du deuxième trimestre 2023 de RE/MAX réalisé par la firme Côté Mercier Conseil immobilier.
Les transactions immobilières commerciales analysées dans le bilan regroupent les immeubles commerciaux, les bâtisses résidentielles locatives, les bâtiments industriels et les terrains. Au Québec, la baisse de 40 % notée entre le deuxième trimestre (T2) 2022 et celui de 2023 fait suite à une année extraordinaire entre 2021 et 2022 (19,68 G$). Au T2 2023, ce sont tout de même 11,73 G$ qui avaient été générés par les transactions au cours des 12 derniers mois, soit un peu plus que les 9,76 G$ affichés au même trimestre en 2021. "C’est sûr que c’est une diminution par rapport à une année exceptionnelle, mais c’est quand même une baisse importante", souligne Christian-Pierre Côté, associé et conseiller en recherche et analyse de données chez Côté Mercier Conseil Immobilier.
Celui-ci indique que, si l’on compare strictement le deuxième trimestre 2023 avec celui de 2022, une chute de 34 % est constatée. Le volume monétaire transigé au cours du T2 2023 (2,62 G$) était également plus bas que celui du T2 2021 (3,23 G$) qui était toujours marqué par la pandémie. "On observe que les hausses de taux d’intérêt ont un impact", affirme le conseiller.
Même si on constate une réduction de l’activité en immobilier commercial au Québec, les prix demeurent à la hausse, si l’on se fie aux taux par pied carré médians qui sont en augmentation dans chacune des catégories, sauf les terrains. "Les prix des terrains sont en baisse puisque les nouvelles constructions sont au ralenti. C’est très difficile de rentabiliser les projets dans le contexte économique actuel. Ça crée une pression sur l’existant, dont les prix sont à la hausse, alors que la demande moins grande de terrains fait diminuer les prix", explique Christian-Pierre Côté.
Des années record
Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, l’année 2022 avait aussi été exceptionnelle, avec des transactions totalisant 71,69 M$ depuis le deuxième trimestre 2021, en augmentation par rapport aux 46,81 M$ de l’année précédente. Le nombre de ventes est également en hausse, alors qu’il est passé de 45 pour la période de 12 mois se terminant avec le T2 2021, à 55 pour la même période en 2022, pour atteindre 60 sur les 12 derniers mois au T2 2023. Il ne faut toutefois pas y voir une tendance, nuance M. Côté. "C’est ponctuel. Il y a plus de ventes parce que plus de gens ont mis leur bien immobilier en vente au cours de cette période", précise-t-il.
En observant seulement le deuxième trimestre 2023, on obtient 16 transactions dans la région pour 14,57 M$. Il s’agit d’une diminution de près de 20 % du volume monétaire par rapport au deuxième trimestre 2022, malgré une hausse de 23,08 % du nombre de ventes. Ces données ne sont toutefois pas représentatives d’une tendance, puisque le nombre de transactions est trop peu élevé.
Dans la région métropolitaine de recensement (RMR) de Saguenay, on dénombre 44 ventes pour 106,3 M$ au cours des 12 mois précédant le deuxième trimestre 2023. La plus grande part de ces ventes (44,4 %) concernait des immeubles résidentiels locatifs, suivi des édifices commerciaux avec 23 %, des terrains avec 20,2 % et de l’industriel avec 12,4 %. "Ces chiffres nous permettent de dire que c’est principalement à Saguenay que se sont passées les transactions dans la région", mentionne Christian-Pierre Côté.
Fait à noter, le volume de 106,3 M$ comptabilisé pour 2023 constitue le double du volume monétaire transigé pendant la période de 12 mois précédant le deuxième trimestre 2022. "Et il faut se rappeler que l’année 2022 représentait aussi un record avec 50,6 M$, soit près du double de l’année 2021 qui montait à 26,9 M$", fait valoir M. Côté.
Selon le conseiller, bien que l’impact des hausses de taux d’intérêt soit encore faible actuellement, on risque de le voir augmenter au cours des mois à venir. "C’est difficile dans le contexte économique qu’on connaît de faire des transactions, de les financer. C’est facile de penser qu’il y aura des répercussions à moyen terme qu’on pourra observer dans notre bilan de l’an prochain", conclut-il.