SAGUENAY – L’ancrage local, une approche où l’entreprise contribue à une prospérité locale inclusive et une économie plus durable, génère des organisations profitables, plus fortes et plus résilientes, a-t-on pu apprendre lors du webinaire L’ancrage local : Nouvelle clé de la réussite organisé ce matin par la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay–Le Fjord. L’événement mettait notamment en vedette Craig Ryan, directeur, Entrepreneuriat social à la BDC, de même que Dave Gosselin du Groupe Coderr et Éric Desbiens de CONFORMiT.
Véritable mouvement socio-culturel dans lequel les entrepreneurs ont une vision de la réussite qui ne passe pas uniquement par le profit, mais plutôt par la création d’un lien coopératif durable entre l’entreprise et la communauté dans laquelle elle s’établit, l’ancrage local a gagné en popularité avec la pandémie de COVID-19, mais il existait déjà depuis quelques années.
En 2007, une première certification en ce sens a été créée aux États-Unis. La certification B Corp regroupe maintenant 4 000 entreprises dans 74 pays et 150 secteurs d’activités. « La seule chose qui les unit, c’est la définition de la réussite de leurs entrepreneurs », a indiqué M. Ryan. Elle présente plusieurs avantages, comme la différenciation, l’impact sur les médias sociaux et les employés, la comparaison avec les pairs, en plus de constituer un outil de planification hors pair.
La démarche pour obtenir cette certification présente deux étapes. D’abord, une évaluation en 200 questions sur la gouvernance, les travailleurs, la communauté, l’environnement et l’impact des produits et services. Il faut obtenir une note de passage de 80 pour pouvoir passer à l’étape suivante. Celle-ci est constituée d’un changement juridique, par lequel l’entreprise incorpore, dans ses lettres patentes, une notion légale explicite indiquant que sa mission est la création de valeur plus large, pour toutes les parties prenantes. La certification est valide pour trois ans, ensuite il faut refaire le processus.
Des entreprises locales engagées
Le webinaire a permis à Dave Gosselin, Directeur général adjoint développement et communication chez Groupe Coderr, et Éric Desbiens, Président-directeur général de CONFORMiT, de partager sur leurs valeurs, l’engagement social de leur entreprise et ce qu’elle apporte à leurs communautés. Dave Gosselin ne connaissait pas la certification B Corp, mais Groupe Coderr, en tant qu’entreprise d’économie sociale, place l’humain au cœur de ses décisions. « Nous avons des employés en grande exclusion sociale, qui sont avec nous cinq à dix ans. […] Nous travaillons tous à générer des excédents pour améliorer la qualité de vie de chacun. Ça se transpose aux employés réguliers. Il y a une conscience, une ouverture pour les problématiques qu’ils peuvent vivre », a-t-il noté.
Cet aspect, de même que les cinq valeurs qui transcendent l’entreprise, lui ont permis de s’en sortir assez bien au cours de la pandémie, alors que certains de ses services ont dû être mis sur pause tandis que d’autres se sont poursuivis. « On a travailler à garder le contact avec nos employés, à garder le plaisir. On a eu un retour de 100 % de nos employés, je pense que ça démontre qu’on réussit à les motiver dans leur travail et à leur faire aimer ce qu’ils font », a-t-il précisé.
Du côté de CONFORMiT, l’entreprise a déjà entrepris la démarche de certification B Corp, ce qui lui a permis de se mesurer et d’avoir des objectifs clairs. Éric Desbiens considère qu’il s’agit d’un outil fantastique pour l’entrepreneur comme pour le développement des affaires, alors que CONFORMiT possède déjà une structure innovante basée notamment sur l’olacratie, l’ultratransparence et le côté humain. « Notre objectif, ce qu’on cherche à implanter, c’est le concept de lovability. Comment créer une entreprise que les gens aiment, tant les clients que les employés et la communauté. […] On fait un sondage du bonheur. On veut savoir quel est l’impact de nos actions sur le bonheur de nos employés dans leur travail, mais aussi dans leur vie personnelle. […] On a constaté que nos employés sont plus heureux. Le bénéfice, c’est que nous avons moins de roulement », a expliqué M. Desbiens.
L’entrepreneur a comme vision de partager la richesse créée avec les employés et la communauté. En ce sens, elle a notamment mis en place une coopérative de travailleurs actionnaires. La structure de CONFORMiT lui permet aussi d’être très résiliente, ce qui fait que la crise sanitaire a eu peu d’impact sur elle. « On était déjà prêts. On travaillait déjà en nuage, nos travailleurs peuvent œuvrer de partout dans le monde. […] On a eu des ralentissements dans certains secteurs, mais on a réorienté nos employés vers d’autres tâches. Il était hors de question qu’on mette quelqu’un à pied », a raconté le PDG.
Création de fierté
Questionné à savoir ce qui le rend le plus fier, Dave Gosselin a répondu que c’est le fait d’avoir des entreprises qui créent une fierté régionale. Éric Desbiens est, quant à lui, fier d’avoir créé, dans son parcours, des entreprises pérennes. « En revenant à Saguenay, je voulais y créer une grande entreprise. Pour moi, une grande entreprise a un impact positif sur la communauté, comparativement à une grosse entreprise où c’est en termes de taille seulement », a-t-il conclu.