SAGUENAY – Le Canada et dix autres pays de la zone Asie-Pacifique ont conclu, le 23 janvier 2018, les discussions relatives à un nouvel Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP). Il s'agit d'une nouvelle mouture du Partenariat transpacifique, dont la survie avait été remise en question après le retrait des États-Unis. Les pays restants, soit le Japon, le Mexique, le Chili, le Pérou, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie, le Vietnam, le Canada, Singapour et Brunei ont toutefois pu conclure une entente de principe sur ce nouvel accord. Informe Affaires regroupe ici plusieurs réactions en lien avec le nouvel Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste.
François-Philippe Champagne, ministre du Commerce international, est convaincu que l'accord conclu sera positif pour le Canada. « Nous voulions un accord qui soit une bonne affaire pour le Canada et les Canadiens. Le Canada a fait tout en son pouvoir pour s’assurer que nous puissions conclure un accord progressiste qui sera dans l’intérêt du Canada et des Canadiens pour plusieurs décennies. Cela a demandé une approche pangouvernementale et un engagement direct aux niveaux les plus élevés. L’accord conclu à Tokyo aujourd’hui est le bon accord. Notre gouvernement a défendu les intérêts canadiens, et cet accord répond à nos objectifs d’assurer une croissance et une prospérité durables et de créer des emplois bien rémunérés pour la classe moyenne d’aujourd’hui et les générations à venir », a-t-il déclaré par voie de communiqué.
La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) s'est réjouie de l'accord de principe. Annoncé aujourd'hui, ce nouvel accord donnera aux entreprises canadiennes accès à un marché de 494 millions d'habitants qui représente un produit intérieur brut (PIB) combiné 10,2 billions de dollars US, soit 13,6 % du PIB mondial. « Cet accord est important parce qu'il ouvre de vastes marchés à de nombreuses PME canadiennes, que ce soit, par exemple, dans le domaine des pêches ou dans les secteurs agricole et manufacturier, affirme Martine Hébert, vice-présidente principale et porte-parole nationale à la FCEI. De plus, il arrive à point nommé étant donné l'incertitude qui plane en ce moment autour de l'ALENA. » « Le fait qu'il y ait dans l'Accord un chapitre dédié aux PME montre notamment que les pays membres du PTPPG reconnaissent la nécessité de mettre à leur disposition des outils qui leur permettront de mieux saisir les opportunités que leur offre un tel accord », conclut Mme Hébert.
Agroalimentaire
Dans une déclaration commune avec le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, Lawrence MacAulay, le ministre Champagne affirme qu'« une étape importante vient d'être franchie dans la négociation du PTPGP ». « C'est une excellente nouvelle pour les agriculteurs et les transformateurs alimentaires canadiens, car cet accord favorisera la croissance de l'économie canadienne, y compris celle de la classe moyenne, et assurera la prospérité des communautés rurales partout au pays. Il donnera au secteur agricole canadien un accès privilégié à tous les pays signataires du PTPGP et offrira de nouveaux débouchés pour un large éventail de produits canadiens, notamment la viande, les grains, les légumineuses, le sirop d'érable, les vins et les spiritueux, les fruits de mer ainsi que les produits agroalimentaires », mentionnent-ils.
Déception
Dans un communiqué, le président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre s'est dit « extrêmement déçus du fait que le Canada a l'intention de signer un PTP à 11 pays, sans même rééquilibrer les concessions aux marchés sous gestion de l'offre. Un PTP à 11 pays aurait au moins dû tenir compte du retrait des États-Unis de l'accord initial et rajuster à la baisse les concessions aux marchés alors que les États-Unis représentaient à eux seuls plus de 60 % du PIB du Partenariat transpacifique (PTP) à 12 ».
Selon les Producteurs de lait du Québec, les concessions d'accès au marché canadien des produits laitiers pourraient faire perdre au Canada plus de 3 % de la production totale de lait et représenter des pertes de revenus estimées à près de 250 millions de dollars par année pour les producteurs de lait canadiens.
Les Éleveurs de volailles du Québec se sont également dits extrêmement déçus des concessions faites par le gouvernement canadien dans le cadre du nouveau PTPGP. « Cet accès supplémentaire de 2,1 % des marchés est majeur pour la filière avicole québécoise. C'est maintenant l'équivalent de plus de 10 % de la production canadienne qui sera importée. Nous, les producteurs de volailles, déplorons cette brèche supplémentaire à un système qui assure aux Canadiens un juste équilibre entre l'utilisation de nos ressources et les besoins des consommateurs. Le gouvernement canadien ne doit plus concéder nos parts de marché, notamment dans le cadre de l'ALÉNA, sans mettre en péril la stabilité du système actuel et ainsi nuire à nos entreprises et à l'économie d'ici », a affirmé par voie de communiqué Pierre-Luc Leblanc, président des Éleveurs de volailles du Québec.
Les Producteurs d'oeufs canadiens ont aussi annoncé leur déception par voie de communiqué à la suite de l'entente de princpe pour le PTPGP. Ils considèrent que le PTPGP ne protège pas l'avenir des fermes ovocoles du Canada et frappe les consommateurs qui « s'attendent à des œufs frais, de haute qualité et produits localement ». « Une fois l'Accord pleinement mis en œuvre, les producteurs d'œufs canadiens auront perdu le droit de produire près de 291 millions de douzaines d'œufs, un supplément de 19 millions de douzaines d'œufs étant ajoutées chaque année suite à la phase initiale de mise en œuvre. La valeur totale de l'Accord commercial signifie une perte d'environ 1 milliard de dollars en revenus pour les familles agricoles », peut-on lire dans le communiqué.
Construction automobile
L'Association canadienne des constructeurs de véhicules (ACCV) demeure quant à elle préoccupée par le fait que l'Accord de partenariat transpacifique global et progressif (PTPGP) sera « un désavantage » pour les entreprises automobiles qui ont investi dans le maintien des emplois dans les secteurs manufacturiers au Canada tout en offrant un avantage concurrentiel à d'autres pays du PTP. Elle est « préoccupée par le fait que l'accès aux exportations d'automobiles de [ses] usines aux marchés du PTPGP n'a pas été substantiellement amélioré par l'accord », peut-on lire dans le communiqué.
« Le programme d'échanges commerciaux du Canada doit s'assurer que nos grands fabricants obtiennent un juste accès réciproque aux marchés de nos partenaires commerciaux avant d'ouvrir davantage le marché du Canada aux entreprises qui ne fabriquent pas au Canada ou qui n'emploient pas un nombre considérable de personnes au Canada », a déclaré Mark Nantais, président de l'ACCV.
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