SAGUENAY – Charl-Pol, équipementier et fabriquant de pièces mécanosoudées pour l’industrie lourde, est en pleine croissance, c’est le moins que l’on puisse dire, alors que l’entreprise saguenéenne, qui fêtera bientôt ses 100 ans, a amorcé tout récemment des travaux de construction d’une cinquième usine à Baie-Comeau, un investissement de 3 M$ à 5 M$, selon le président-directeur général Richard Tremblay.
Mentionnons d’ailleurs que le groupe avait procédé cet été à l’acquisition de l’usine Fabnor à Sept-Îles avec un partenaire local « Nous avons commencé l’implantation de ces nouvelles installations à la suite de contrats majeurs signés sur la Côte-Nord. Les opérations vont débuter à Sept-Îles en décembre et progressivement, la production va se déplacer vers Baie-Comeau après les Fêtes.
Les secteurs d’activités de Charl-Pol, qui compte des usines à La Baie, Portneuf et Kitimat (en plus de Sept-Îles et Baie-Comeau), sont ceux de l’aluminium, les mines, l’énergie, l’acier, les pâtes et papiers et autres secteurs industriels lourds incluant le maritime.
S’appuyer sur la relève
Pour supporter cette croissance, Richard Tremblay prépare sa relève depuis quelques années. Si bien qu’en septembre 2018, Jonathan Lalande, directeur d’usine, Marlène Gauthier, directrice des finances, et Jean-Sébastien Michaud, directeur des ressources humaines, sont devenus partenaires avec 25 % des actions de l’entreprise. « Depuis septembre 2018, nous avons introduit une quatrième génération de la relève, implanté deux nouvelles usines et je peux vous dire que nous avons d’autres projets dans l’air », avoue le PDG.
« Ces trois releveurs sont avec nous depuis six à dix ans. Leur implication permet d’entrevoir l’avenir avec beaucoup d’optimisme. Je dois dire que ça donne aussi un nouvel élan pour le développement et les investissements. Nous en avons la preuve avec les deux nouvelles usines à Sept-Îles et à Baie-Comeau. Ce processus de relève a commencé il y a quelques années de façon informelle. Il y a des gens qui se distinguent dans l’organisation par leurs compétences, leur attitude, leur aptitude. Avec le temps, j’ai identifié ceux qui étaient prêts à prendre la relève et nous avons entrepris par la suite une planification stratégique. Tout cela a permis à l’éventuelle relève de mieux connaitre l’entreprise, l’entrepreneur et les projets à venir », raconte M. Tremblay.
Prendre soin des collègues
L’homme d’affaires ajoute du même souffle qu’en plus de la relève, les ressources humaines représentent un aspect extrêmement important dans les succès de son entreprise. « Si je n’ai pas des employés et des partenaires dédiés qui sont créatifs, une main-d’œuvre d’expérience, tout cela ne serait pas possible. Nous sommes tous des camarades et l’on prend soin l’un de l’autre. Il faut garder cette flamme allumée tout le temps et ne pas s’assoir sur nos lauriers. »
Le respect de l’environnement
« Il y a beaucoup de projets majeurs dans le Nord, mais aussi LNG en Colombie-Britannique (40 G$), le pendant de GNL ici. Je ne me ferai peut-être pas d’amis en disant cela, mais ces grands projets, s’ils ne se font pas ici au Canada ou à Saguenay, ils vont se faire ailleurs dans le monde. Et dans des endroits où ils ne se préoccupent pas de l’environnement comme ici. La transition d’énergie va se faire de toute façon sur une période de 15 à 20 ans. Pour moi, il est primordial de respecter l’environnement et de faire attention à notre planète, et c’est pourquoi je pense qu’il faut confier cette transition à des pays comme le Canada qui ont des normes très strictes. C’est correct de faire attention à notre environnement et d’être sévère pour le respecter. Mais, pas au prix où ces projets vont se faire dans des endroits qui ne sont pas respectueux comme nous. »
100 travailleurs immigrants en 7 ans
Depuis 2012, l’entreprise Charl-Pol a comblé une grande partie de ses besoins de main-d’œuvre auprès des travailleurs étrangers. C’est plus d’une centaine d’immigrants provenant des Philippines, de la France, de la Belgique et de la Tunisie qui sont installés un peu partout dans les cinq usines du groupe.
« Comme partout ailleurs, notre défi est la main-d’œuvre. Au cours de la prochaine année, on va dépasser le cap des 400 employés. Chez nous, ça fait sept ans que l’on organise des missions pour aller recruter notre personnel avec nos équipes sur place. Jean-Sébastien Michaud pilote ce dossier de main de maitre. Nous recrutons des gens de métier, soit des ingénieurs, des techniciens, des électromécaniciens, des soudeurs. L’infrastructure gouvernementale répond bien. Je sais qu’ils sont souvent critiqués, mais pour nous, les délais sont raisonnables. Entre le recrutement et l’arrivée du travailleur au Québec, ça peut prendre de deux à trois mois. Il faut dire qu’on a établi de bonnes relations avec les fonctionnaires et on connait les procédures avec le temps. Même si les immigrants aident beaucoup et malgré le recrutement à l’interne, cela ne suffit pas pour répondre à la croissance. C’est la même chose en Colombie-Britannique à notre usine à Kitimat où les besoins sont criants », avoue le PDG de Charl-Pol, Richard Tremblay.
La Davie, une cliente de longue date
Charl-Pol a développé une expertise de niche pour l’industrie navale. L’équipementier industriel œuvre notamment dans la fabrication de modules de grandes dimensions et de coques de navires gigantesques grâce à sa main-d’œuvre très spécialisée pour cette industrie de niche. « Il y a quelque chose de spécial qui se passe actuellement dans ce secteur. La marine canadienne veut renouveler sa flotte et on parle d’une enveloppe de plusieurs milliards de dollars. Le gouvernement canadien veut introduire un troisième chantier maritime pour être capable de répondre au défi de renouveler la flotte à temps et dans des coûts raisonnables », soutient M. Tremblay.
« La Davie est une cliente de longue date et j’ai vécu toutes les aventures avec eux. Les nouveaux propriétaires sont des entrepreneurs d’exception qui n’ont pas peur d’investir au Québec et dans des entreprises comme la nôtre en les faisant participer à leurs projets. Nous faisons partie d’un réseau de 880 fournisseurs de la Davie au Québec et des 1080 au Canada. Nous avons notre part de gâteau. Par exemple, nous avons travaillé pour le bateau de ravitaillement L’Astérix. Ça a procuré de l’emploi à une cinquantaine de mes employés pendant deux ans. »
C’est pour ces possibilités d’affaires avec la Davie que Richard Tremblay a été l’un des fondateurs du chapitre régional de l’Association des Fournisseurs de Chantier Davie Canada. « C’est un pan d’économie qui est en train de renaitre qui est extrêmement important. C’est très important d’aller chercher sa part au Québec. On est 23 % de la population au Canada. Pour nous, ce sont des retombées extrêmement importantes. On parle de dizaines de millions de $ par année pour le Saguenay. La Davie a généré depuis six ou sept ans 3 G$ de retombées au Québec et avec les milliards qui s’en viennent avec la marine canadienne, il faut prendre notre place. »
Historique
En 2021, Charl-Pol, leader québécois en tant qu’équipementier et fabriquant de pièces mécanosoudées, célèbrera son 100e anniversaire. L’entreprise baieriveraine a été fondée en 1921 par Joe Tremblay. Ses fils Charles et Paul ont pris la relève en 1973, alors que la troisième génération a fait son entrée dans l’organisation avec Richard et Marc, respectivement les fils de Paul et Charles. En 1996, Richard Tremblay devient l’unique propriétaire en achetant les actions de son cousin et en 2018, trois nouveaux actionnaires se joignent à lui, Marlène Gauthier, Jonathan Lalande et Jean-Sébastien Michaud. Parmi les autres dates importantes de l’organisation, on note l’achat de l’usine à Portneuf, spécialisée dans l’usinage et la fabrication de machineries lourdes, et 2014 où Richard Tremblay et d’autres partenaires investissent dans une usine à Kitimat, en Colombie-Britannique.
Charl-Pol génère un chiffre d’affaires qui frôlera bientôt les 50 M$ et comptera quelque 400 employés avec l’ouverture prochaine des usines à Sept-Îles et Baie-Comeau.