SAGUENAY - C’est peut-être un peu délicat de rendre hommage à un homme qu’on ne connaît finalement pas beaucoup. Mais, comme j’ai de l’estime pour ce régionaliste à la forte personnalité, qui porte humblement le titre d’Honorable, j’avais le goût de souligner la retraite prochaine de Denis Lebel. Je considère que c’est quelqu’un qui a beaucoup donné à sa région et à son pays, au niveau politique, économique autant qu’au chapitre du bénévolat. Mais soyez rassurés, j’ai consulté quelques personnes clés de son entourage pour valider la justesse de mes perceptions sur le personnage.
Celui qui terminera en août prochain un mandat de trois ans à titre de président-directeur général du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ) conclut sa carrière publique comme il l’a commencé : au service de la communauté économique qui l’a vue naître. En effet, bien que la CIFQ représente cette industrie à l’échelle du Québec, la région constitue tout de même le plus important parterre forestier de la province. Et ces trois années n’ont pas été une sinécure, même pour ce politicien aguerri.
Je ne m’attarderai pas sur les soubresauts que subit ce secteur de l’économie depuis des décennies, mais force est de constater que Denis Lebel n’a jamais eu peur des défis. Quand le CIFQ l’a approché pour prendre la relève d’André Tremblay, le Robervalois assure qu’il n’a pas hésité longtemps. « C’était une belle façon de sortir dignement de la vie politique (…) j’ai trouvé que c’était une occasion de continuer à servir ma région », m’a-t-il mentionné récemment en entrevue. Mais pour lui, il est temps de revenir au bercail et de profiter de sa retraite en famille.
Rappelons qu’avant d’accepter le défi du CIFQ, l’ancien député et ministre conservateur, après une fructueuse carrière de huit ans au pouvoir à Ottawa, s’est retrouvé dans l’opposition de 2015 à 2017, et que c’était loin de lui plaire. On peut le comprendre, puisque Denis Lebel est considéré comme un homme d’action attaché aux résultats concrets. En tout cas, les gens de son entourage que j’ai consultés sont unanimes là-dessus. D’ailleurs, dans une interview qu’il a donnée il y a quelques années à l’émission Revue politique (CPAC) il disait ceci : « Je suis un homme d’action qui veut être sur la glace, pas dans les estrades. » Denis Lebel a été en politique, au service de sa communauté et du Canada, pendant 17 ans. Maire de Roberval pendant sept ans, il a été élu en 2007 député fédéral de Roberval.
Dans les années qui suivent, il a notamment été le ministre responsable de Développement économique Canada (DEC). À ce titre, il a grandement aidé l’économie des régions du Québec, incluant bien entendu la nôtre. Yan Plante, qui a été son chef de cabinet pendant près de huit ans à Ottawa, est toujours très attaché à son ancien patron, devenu au fil du temps un ami. Il m’a décrit les principales qualités qui l’ont toujours impressionné chez l’homme public, mais également chez l’humain.
« Denis Lebel est un homme de solutions. (…) Ce qui l’anime c’est d’avoir un impact réel sur la vie des gens. (…) Il est profondément humain. Pour lui, tout le monde est important. À titre d’exemple, il n’hésitait jamais à prendre cinq minutes pour taquiner ou jaser avec le personnel d’entretien à ses bureaux d’Ottawa (…). Il cite souvent cette maxime : c’est agréable d’être important, mais c’est encore plus important d’être agréable. Ou celle-ci : Je vais être pas mal plus longtemps Denis que ministre… »
Celui qui agissait comme principal conseiller de Denis Lebel souligne aussi le sens politique et la finesse d’analyse du Jeannois. « Une telle intelligence émotionnelle, je n’ai jamais vu ça chez d’autres politiciens. Il sait mettre les gens à l’aise et possède la capacité de les lire. Il voit des enjeux que personne n’a vus venir. M. Harper se plaisait à dire que Denis Lebel était le meilleur politicien de son cabinet. On se disait entre nous : si ça passe le radar à Denis, ça va passer dans la population. C’est un des aspects qui l’a fait durer en politique, notamment comme ministre du DEC », affirme Yan Plante.
Cette capacité innée à communiquer et à analyser avec son vis-à-vis et son grand sens stratégique bienveillant a également été soulignée par son voisin de villégiature Éric Dufour, vice-président pour la région de la firme RCGT, un ami de longue date. Ce dernier confie par ailleurs que Denis Lebel affiche un respect sincère de ses contemporains, et que ça se ressent. Il ajoute que ce bénévole infatigable et généreux de la Traversée internationale du lac Saint-Jean a développé, notamment à travers cet événement, un important réseau de relations au Canada et à l’international, dont plusieurs sont devenues des proches.
Pour Jean-Guy Tardif, ex-directeur général de la ville de Roberval et complice de toujours, Denis Lebel est un travailleur acharné et un gagnant, notamment dans le domaine sportif où l’homme s’est brillamment illustré dans sa jeunesse. « Je connais très bien Denis. Nous sommes des amis depuis l’école primaire. Nous avons fait du sport ensemble, de la politique ensemble et maintenant nous allons profiter de la retraite ensemble (…). Pour Denis, la réussite collective est primordiale, c’est un gars d’équipe et un excellent stratège. C’est un gagnant qui, s’il est convaincu de la justesse de son idée, va s’assurer qu’elle se transforme en résultat. Mais, à travers tout ça, une de ses principales préoccupations c’est le respect de l’être humain », confie-t-il.
Voilà pour l’essentiel. Comme vous l’avez constaté, je ne voulais pas m’attarder sur le bilan politique ou sur celui des réalisations dans le domaine économique de Denis Lebel, mais tracer, à l’aide de quelques témoignages, le portrait de ce personnage attachant et généreux. Pour ma part, au-delà de l’homme engagé et du talentueux tribun qu’il m’a été donné de rencontrer et d’entendre à quelques reprises, j’ai acquis le sentiment qu’il était là pour les bonnes raisons. Les témoignages qui précèdent confirment que mes perceptions sont avérées et qu’il mérite, sans aucun doute, le titre d’Honorable. À bientôt M. Lebel !