SAGUENAY – Le secteur de la culture et des communications contribue largement au PIB du Québec. Les revenus annuels des diffuseurs sont de 144,6 M$ et leur contribution au PIB représente 135 M$. Diffusion Saguenay est un joueur culturel important de la région. Durement touché par la pandémie de COVID-19, l’OBNL dresse un bilan de l’impact économique que la crise aura eu sur son organisation.
La diffusion au Québec contribue largement au PIB chaque année. Véritable moteur économique, les diffuseurs culturels permettent également à une multitude d’entreprises de prospérer comme les hôtels, les restaurants et les bars. À la veille de la rentrée culturelle 2020, les choses risquent fort d’être différentes. En effet, les mesures sanitaires mises en place pour la protection de la population ont pour effet de changer drastiquement le modèle d’affaires et les façons de faire des diffuseurs. Pour Diffusion Saguenay, un OBNL qui gère les salles Théâtre du Palais municipal, le Théâtre Banque Nationale, Théâtre Palace d’Arvida et l’Agora du village portuaire à La Baie, c’est l’ensemble de leur structure qui est à remanier.
« Limiter les places à 250 spectateurs et respecter une distance d’un mètre et demi entre les gens rendent le modèle économique traditionnel désuet. Pour composer avec cette nouvelle réalité, il a fallu, entre autres, revoir à la baisse le cachet des artistes. La prise de risque financier est maintenant partagée entre le diffuseur, le producteur et l’artiste. Cela a pour effet de réduire le bassin de créateurs qui veulent partir en tournée. Nous avons aussi repensé la structure des spectacles. Fini pour l’instant les orchestres composés d’une multitude de musiciens, on retourne à quelque chose de plus simple, de plus intime », explique Claudine Bourdages, Directrice programmation et marketing chez Diffusion Saguenay.
Une approche très différente qui demande à faire ses preuves. Pour le moment, la directrice observe que la vente de billets se fait au ralenti. Une situation, qui on l’espère, ne sera que temporaire. « La stratégie présentement n’est pas la rentabilité, mais la relance culturelle. Redonner le goût aux spectateurs de venir assister à un spectacle. Le prochain trimestre sera à perte et nous le savons, mais nous avons encore un peu de marge. L’application des mesures sanitaires a pesé lourd dans le budget. En dépense directe, c’est un investissement de 15 000 à 20 000 dollars simplement en pulvérisateur, en Plexiglas et en produit désinfectant. Le plus difficile est la limitation de spectateurs. Le Théâtre Banque Nationale peut accueillir 800 personnes, mais nous sommes limités à 180… à ce nombre, il est impossible de faire venir un gros nom de l’humour et être en mesure de le payer », précise Isabelle Gagnon, directrice générale chez Diffusion Saguenay.
Une fermeture qui a fait mal
Selon le rapport de RIDEAU, pour l’ensemble du Québec plus de 700 spectacles avaient déjà été mis en vente pour l’automne avant la crise. Pour la période du 12 mars au 30 juin, ce sont 3 727 représentations qui n’auront pas eu lieu toutes disciplines confondues : 2 000 auront été annulées, les autres ont été reportées, soit en automne, soit en 2021. Les pertes en billetterie sont estimées à 17 M$, dont environ 75 % retournent aux producteurs et aux artistes. Du côté de Diffusion Saguenay, la fermeture de 3 mois a été dévastatrice. « Nous avons perdu en moyenne 1 million de dollars par mois. Présentement, nous sommes à calculer les montants que nous allons perdre pour la période d’activité où nous serons restreints. Avant nous étions à 78 % de revenus générés par la vente de billets et 22 % provenant des subventions, maintenant, il faut prévoir un tout autre résultat », commente Isabelle Gagnon.
Pourvu que 2021 soit clémente
Toujours selon RIDEAU, les subventions ont été bénéfique pour le milieu afin de tenir la tête des entreprises hors de l’eau au plus fort de la crise. On précise que 71 % des membres de l’OBNL auraient eu recourt au Programme de subvention salariale d’urgence (SSUC) et que 54 % auraient fait appel au Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes. « Les subventions mises en place par les deux gouvernements ont été fort utiles, mais nous espérons qu’elles se poursuivent. Ce qui nous a sauvés c’est la SSUC et elle prend fin en novembre. Si à ce moment, nous sommes toujours dans une situation de limitation de vente de billets, nous serons dans l’eau chaude. Pour l’instant, on vit un trimestre à la fois et on souhaite une année 2021 plus clémente », termine la directrice générale.
À propos de RIDEAU
Fondée en 1978, l’Association professionnelle des diffuseurs de spectacles - RIDEAU travaille au développement et à la reconnaissance du secteur d’activité de ses membres ainsi qu’à la promotion de leurs besoins, droits et intérêts. Ses membres répartis sur tout le territoire québécois et en francophonie canadienne. RIDEAU compte 170 membres, 350 salles de spectacles et festivals, des réseaux sur tout le territoire, 14 000 représentations de spectacles et 3,5 millions de spectateurs annuellement.