N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « La construction, levier de la relance » publié dans notre édition du mois de février.

 

SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN – Le nouveau président de Développement économique 02 (DE02) le préfet de la MRC du Domaine-du-Roy, Yanick Baillargeon, qui est aussi le maire de la municipalité de La Doré, a de grandes ambitions pour les deux bras économiques de DE02 que sont le CMAX Projets et le CMAX Transport. Même s’il est discret sur l’important dossier du transport régional, il parle d’abondance du CMAX Projets, souvent associé aux grands projets en cours de développement au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Yanick Baillargeon tient à être clair. En 2021, dans le contexte du projet de loi projet de loi 66 concernant l’accélération de certains projets publics d’infrastructures, le CMAX Projets est définitivement en mode construction. Il considère d’ailleurs que la région pourrait bien connaître une période de croissance exceptionnelle dans les prochaines années. Bien entendu, le CMAX, piloté par le coordonnateur Jean-Lin Otis, est toujours en mode vigilance sur les grands projets, dont ceux des promoteurs d’Arianne Phosphate, Métaux BlackRock, Niobay Metal ou Énergie Saguenay.

Toutefois, le fait est que le volume de projets publics et privés de toutes natures qui sont en cours de déploiement représentera définitivement pour la région plusieurs centaines de millions de dollars. Et tout ce potentiel, sans compter les investissements du principal moteur de l’économie régionale, Rio Tinto, estimés en moyenne à plus de 250 M$ annuellement pour maintenir l’intégrité de ses installations.

Tous ces projets demanderont donc une surveillance serrée et quotidienne, pour s’assurer que les entrepreneurs de la région en profitent au maximum, pour créer de la richesse chez nous.

Informations et communications cruciales

Même s’il exige beaucoup de connaissances, d’expertise, de stratégie et de doigté, le travail du CMAX s’exprime sommairement sur trois axes. 1- Être en relation étroite avec l’ensemble des donneurs d’ouvrages pour être au fait de tous les projets publics et privés à se déployer chez nous. 2- Informer les promoteurs ou décideurs concernés du potentiel de nos PME d’en réaliser un maximum. 3- S’assurer que nos entrepreneurs soient informés sur ces projets et outillés pour offrir leurs services à ces mêmes donneurs d’ouvrage. Cette présentation peut paraître simple, mais, en réalité, il s’agit d’un travail minutieux de vigie, d’information et de communication pour mettre en relation ceux qui gèrent ces projets et nos entrepreneurs.

Les CCF et la diplomatie

Le préfet souligne d’ailleurs que la communication avec les donneurs d’ouvrage peut-être un élément particulièrement sensible pour le CMAX dans le cas des dossiers de type Conception, construction, financement (CCF ou clé en main), notamment pour les contrats souvent accordés par la Société québécoise des infrastructures (SQI). Il cite le cas des Maisons des aînés (MDA) de 192 M$, récemment octroyé à l’entrepreneur Beauceron Pomerleau (Paysage Santé). Il explique que la SQI privilégie ce modèle pour éviter des écarts de coûts, mais que les délais sont serrés et la marge de manœuvre de l’entrepreneur général, très mince. Dans le cas du dossier MDA, l’influence du CMAX auprès de Pomerleau est donc limitée, pour être en mesure d’exiger des retombées régionales et un traitement équitable des sous-traitants. C’est là que la diplomatie intervient, assure le préfet. « Malgré le contexte du CCF des Maisons des aînés, nous n’avons pas le contrôle de leur décision, mais nous avons eu de bonnes et constructives discussions avec Pomerleau, notamment sur leur volonté de payer les sous-traitants dans un délai raisonnable de 45 jours. La volonté (de Pomerleau) est là. On devrait en avoir pour notre argent », assure-t-il.

Yanick Baillargeon se fait rassurant. Malgré les défis que recèle cette approche particulièrement exigeante, l’équipe du CMAX est définitivement prête à faire face à la musique en 2021. « Comme dans tout ce que j’entreprends, j’aime que les gens qui m’entourent soient solides et compétents. […] C’est véritablement le cas avec les ressources de nos deux CMAX. D’ailleurs, de plus en plus d’entrepreneurs nous font confiance et interpellent le CMAX Projets », explique le préfet. Il rappelle que le modèle du CMAX est unique au Québec, alors que le milieu s’est pris en main, il y a plus de vingt ans, pour créer une organisation qui a largement fait ses preuves depuis.

Emploi02 à la rescousse

Une année record en travaux de construction, c’est certainement une excellente nouvelle pour la région. Seule ombre au tableau, la rareté des ressources humaines. Oui, encore l’enjeu de la main-d’œuvre… Mais Développement économique 02 a pris les choses en main il y a quelques mois en lançant Emploi02. Il s’agit en quelque sorte d’un Trivago des ressources humaines régionales. Pour le préfet, on peut aussi qualifier cet outil de recrutement de RH d’unique au Québec, alors qu’il rassemble l’ensemble des postes disponibles dans la région, à partir des principaux portails RH, à un seul endroit.

Lancé en partenariat entre la division régionale de Services Québec et DE02, le portail affiche déjà plusieurs milliers de postes. Le moteur de l’outil, qui a demandé 18 mois de travail à développer, s’appuie sur un module de type spider, qui interroge deux fois par jour les principaux sites de recrutement de personnel et en récupère les offres (notamment Placement en ligne de Services Québec et Jobboom).

Une ressource intègre ensuite ces informations au portail d’Emploi02. Par surcroît, une veille des médias sociaux et du Web est effectuée pour recueillir et intégrer à la plateforme tous les postes qui pourraient y être affichés. Dernière étape, le système communique avec les chercheurs d’emplois inscrits, qui reçoivent quotidiennement, par courriel, les offres qui les concernent. Même s’il est déjà très populaire auprès des travailleurs, mais surtout des entrepreneurs, le portail, toujours en période de rodage, sera officiellement lancé d’ici le printemps prochain. Le préfet rappelle que l’idée de créer Emploi02 vient de Services Québec, qui a mis ses outils au service de DE02 pour créer ce portail incontournable.

Une vision d’entrepreneur

Yanick Baillargeon est comme un poisson dans l’eau lorsqu’on lui parle d’économie et d’emploi, puisqu’il a été quelques années dans les affaires. D’ailleurs, il assure que son parcours d’entrepreneur constitue un avantage certain pour occuper le poste de président de DE02. Cela dit, celui qui a notamment été propriétaire d’une PME en informatique pendant plusieurs années a décidé de se départir de son entreprise quand il a été élu préfet, pour consacrer toute son énergie à sa municipalité et à la MRC. « J’ai beaucoup de plaisir à faire ce que je fais. Je fais de la politique uniquement parce que je sens qu’on peut changer des choses, » lance-t-il en guise de conclusion.