Ce texte fait partie d'un dossier sur le déconfinement paru dans l'édition de mars du journal d'Informe Affaires.

SAGUENAY – L’essentiel des mesures sanitaires a été levé le 14 mars, une annonce accueillie avec soulagement par les industries de la restauration et de l’hôtellerie. Fortement touchées par la pandémie, ces dernières pourraient prendre des années avant de s’en relever complètement.

Selon des intervenants des deux industries, il est encore un peu tôt pour connaître l’impact réel des deux années de pandémie sur les entreprises de restauration et d’hôtellerie. En effet, la fin des programmes d’aide gouvernementaux pourrait entraîner d’autres fermetures pour certains commerces dont la situation financière demeure précaire. « Il va falloir attendre quelque peu, s’assurer de ce que représente le futur pandémique. […] Une fois que les programmes d’aide vont s’estomper, c’est là qu’on va voir ceux pour qui la charge d’endettement est trop lourde », indique Martin Vézina, porte-parole de l’Association Restauration Québec (ARQ).

Déjà plusieurs fermetures

Déjà, l’organisme estime qu’à l’échelle québécoise, ce sont 17 % des restaurants qui ont fermé leurs portes entre février 2020 et janvier 2022. Il se base pour faire ce calcul sur les permis délivrés par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

Dans la région, ce chiffre grimpe à 20 %. « Il y a eu beaucoup de traiteurs qui ont fermé (31 %). Quand les événements sont annulés, c’est difficile pour les traiteurs et les salles de réception. Ça semble être eux qui ont été touchés principalement dans la région », précise M. Vézina.

Les hôteliers ont aussi subi les impacts de l’arrêt des événements ou des limites de personnes permises, même si l’Association Hôtellerie Saguenay–Lac-Saint-Jean ne déplore aucune fermeture parmi sa trentaine de membres. « Les hôteliers ont été parmi les premiers à subir des impacts. Ce sont des soirées, des banquets. […] Puis, on ne pouvait plus se déplacer. Ça a été un choc. […] À chaque nouvelle mesure, les hôteliers ont été touchés, même si ce n’est pas un secteur qui a été fermé complètement », rappelle la directrice générale de l’association, Anne-Marie Boudreault, ajoutant que certains ont fermé pour l’hiver ou ont enlevé des services pour y arriver.

Après un excellent été et un automne plein d’espoir, l’arrivée d’Omicron en décembre a été un coup dur. « Pour janvier, février et mars, il y avait beaucoup d’hôtels qui étaient pleins à cause des tournois. Quand on arrive et que le gouvernement annonce qu’il n’y aura plus de tournois, c’est dur à prendre. Les hôteliers pensaient se reprendre avec des établissements pleins, mais ils sont retombés entre 10 % et 22 % de taux d’occupation dans certains secteurs », révèle Mme Boudreault.

Rattraper le retard ?

D’après ce qui a été vu lors des périodes d’accalmie au cours des deux dernières années, les intervenants des deux industries pensent que la clientèle sera au rendez-vous avec la levée de l’essentiel des mesures sanitaires. Pour Anne-Marie Boudreault, il est clair que le tourisme d’affaires reprendra, tout comme les mariages et autres événements. « Les congrès sont souvent organisés plusieurs années d’avance. Il y en a beaucoup qui ont été repoussés depuis deux ans. Ils sont prêts et on pense qu’avec la réouverture, les gens seront au rendez-vous. »

Même si la clientèle est au rendez-vous, il faudra des années à l’industrie hôtelière pour rattraper les pertes occasionnées par la pandémie. « L’an passé, on parlait de trois ans au minimum. J’ai l’impression qu’au point où on en est maintenant, ce serait plus de quatre ans, à condition que les gens répondent présents », affirme Mme Boudreault, qui pense que certains hôteliers vont revoir les services offerts ou leur façon de faire les choses.

Martin Vézina croit pour sa part qu’il est difficile de dire actuellement si l’on pourra rattraper les 17 % de fermetures dans la restauration. « C’est un secteur avec peu de barrières à l’entrée. Beaucoup veulent s’aventurer dans la restauration, mais c’est un peu tôt pour dire si on pourra retrouver les 17 % qu’on a perdus. […] Je pense qu’il faut surtout tabler sur ceux que nous avons pour nous assurer qu’ils pourront se relancer et ne pas perdre d’autres joueurs. » Le porte-parole de l’ARQ souhaite voir les programmes d’aide financière gouvernementaux se prolonger. « Si on fonctionne au maximum des capacités, qu’on a un peu d’aide pour nous repartir, il y en a qui vont pouvoir diminuer le fardeau de leurs dettes. Et là, c’est l’économie qui décidera de qui survivra », conclut-il.