ROBERVAL – Le Cercle économique régional des Premières Nations (CERPN), qui s’est tenu à Roberval les 15 et 16 juin, a constitué une grande fête de l’entrepreneuriat ilnu. Outre la découverte du grand potentiel de l’économie de Mashteuiatsh, les 260 participants ont pu prendre la mesure de l’importance des partenariats entre autochtones et allochtones.
Organisé par la Société de développement économique Ilnu (SDEI) et coanimé de main de maître par le journaliste et auteur autochtone Michel Jean, le CERPN constituait le premier événement régionalisé résultant du Grand cercle économique des Peuples autochtones du Québec (GCEPAQ) tenu à Montréal l’automne dernier.
Deux chefs à la barre
L’événement a été lancé conjointement par le chef du conseil de bande de Mashteuiatsh, Gilbert Dominique, et Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador. Le premier a souligné que « le territoire économique de [sa] nation devrait s’étendre bien au-delà des 15 kilomètres carrés de sa communauté, mais couvrir l’ensemble du Nitassinan ». Le second a renchéri qu’il « faut permettre aux autochtones d’avoir des ambitions ».
Des ateliers pragmatiques
En alternance avec des périodes de réseautage libre, les participants au CERPN ont pu entendre de nombreux experts et intervenants échanger sur quatre grands thèmes de l’économie autochtone. Les outils de financement, les enjeux d’établissement de partenariats entre les Premières Nations et les allochtones ainsi que l’importance des Ententes sur les répercussions et avantages (ERA) ont notamment été discutés par quelque 17 panélistes des deux nations (voir autre texte).
Un des ateliers qui a particulièrement retenu l’attention des participants concernait l’affirmation et les droits autochtones. Après une mise en situation du chef Ghislain Picard, les quatre intervenants de ce panel ont convenu qu’il s’agissait d’enjeux historiques et infiniment complexes, largement méconnus de la communauté allochtone. Ils sont par ailleurs tombés d’accord sur le fait que la signature d’éventuels traités (comme la Convention de la Baie-James) entre les deux communautés était gage de meilleures
relations entre elles, mais recelait aussi un potentiel de développement économique majeur.
Tourisme et authenticité
La deuxième journée du CERPN s’est amorcée avec un panel sur le tourisme autochtone et son développement. À la suite de l’introduction du chef Gilbert Dominique, sept intervenants ont été appelés à exposer leurs points de vue sur cette industrie.
Mentionnons que cet atelier a suscité de nombreuses interactions entre les panélistes et les participants, générant plusieurs suggestions. Selon Patrick Courtois, conseiller, Takuhikaniss, Katakuhimatsheta Mashteuiatsh, « pour que les touristes prolongent leur séjour dans la communauté, qui est relativement éloigné des circuits touristiques, il faudra développer un service d’hébergement hôtelier ».
Les intervenants se sont entendus sur un fait inéluctable : la recherche d’authenticité est un élément fondamental pour les touristes qui visitent les sites autochtones, donc il faut miser largement sur cette valeur.
Deux autres ateliers ont été présentés au cours de la dernière étape de ce colloque, soit la formation des individus et l’innovation. Des spécialistes de la main-d’œuvre autochtone ont donné le ton pour souligner l’importance d’adapter le système d’éducation aux enjeux sociaux des Premières Nations. Le dernier atelier a permis de prendre la pleine mesure du potentiel de création de richesse des deux Centres collégiaux de transfert de technologie exploités en lien avec la communauté de Mashteuiatsh.
Le Code foncier
Un grand pas vers l’autonomie gouvernementale des PN Un référendum sur le Code foncier et l’Accord distinct de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh (CFADPNP) s’est tenu le lundi 3 mai 2021 à Mashteuiatsh. La très grande majorité des électeurs admissibles ayant exercé leur droit de vote ont répondu « OUI » à la question posée sur l’adhésion au CFADPNP. Cet accord aide les communautés des Premières Nations à rétablir leur pouvoir législatif et de gouvernance sur leurs terres de réserve, leurs ressources naturelles et leur environnement. L’Accord-cadre offre aux Premières Nations par ticipantes la possibilité de remplacer 44 articles de la Loi sur les Indiens relatifs aux terres par leur propre code foncier. Dorénavant, la communauté de Mashteuiatsh se réapproprie les pouvoirs de la gestion des terres qui étaient jusqu’à maintenant assumés par le Canada, mais aussi la gestion et l’utilisation des ressources, la protection de l’environne ment, le développement économique, l’accès au financement hypothécaire, la gestion des successions, etc.