L’agent conversationnel s’adresse principalement aux travailleurs, aux coordonnateurs en santé et sécurité du travail et aux gestionnaires des opérations. « Ça peut être quelqu’un qui gère une usine, qui a des risques à gérer, qui veut accéder à la documentation ou qui veut se renseigner sur des risques. Il peut être utilisé par un travailleur à chaque jour, par exemple s’il a des questions sur les équipements de protection individuelle à utiliser pour tel type de travail », illustre Éric Desbiens, président-directeur général de CONFORMiT.
Selon M. Desbiens, les entreprises peuvent retirer un bénéfice énorme de l’utilisation de cet outil. « Il peut aider pour la conformité, la formation, la sensibilisation, l’analyse, la génération de documents », précise-t-il. Il rappelle que la réglementation en matière de santé et sécurité est très complexe. « Il faut y faire référence, trouver les informations et faire des recherches, puis analyser la documentation. Johnny va faire cela, faire l’analyse et donner des recommandations à l’humain. […] L’intelligence artificielle vient aider à automatiser et optimiser », ajoute-t-il.
Données spécifiques
Johnny est entraîné sur des données spécifiques au domaine de la santé et sécurité du travail, comme des lois, règlements, normes, meilleures pratiques, recherches et données techniques comme les risques et les accidents. « Il peut interpréter beaucoup plus de données qu’un cerveau humain peut le faire. Il a plusieurs sources de données, mais ce sont des données vérifiées, des faits », souligne Éric Desbiens.
À la différence de ChatGPT, par exemple, Jonnhy donne toutes ses références à l’utilisateur. « Il y a une question de réglementation et de risque. On veut que les gens puissent aller vérifier dans la norme aussi. Il faut que l’humain soit prudent et aille valider la source. L’intelligence artificielle n’est pas toujours parfaite. […] L’humain peut interagir et venir creuser dans la donnée », explique le PDG.
Une vision
Il s’agit de la concrétisation d’une vision amorcée en 2017 pour CONFORMiT, un leader en logiciels de gestion de santé, sécurité et environnement (SSE). « Il y a plusieurs morceaux à notre stratégie en intelligence artificielle et l’agent conversationnel en est une. Il va être intégré à notre plateforme. […] L’autre partie de la stratégie, ce sont des initiatives de développement, comme un outil de migration de données. Quand nous avons un nouveau client, il y a des données un peu partout, dans des applications et papier. Nous réussissons à les importer avec une intelligence artificielle plutôt que manuellement. Ça sauve beaucoup de temps et d’argent à nos clients », affirme M. Desbiens.
Celui-ci souhaite aussi développer de petits agents conversationnels très spécialisés intégrés à sa plateforme. Par exemple, un pour l’analyse de risque, un autre pour l’analyse d’incidents. « Un jour, nous pourrions en avoir un pour la détection du stress. Nous sommes en train de réfléchir et de développer ces outils », dévoile le PDG.
L’entreprise a œuvré plus activement sur le développement de Johnny depuis deux ans. « Avant, il y a eu beaucoup d’idéations, d’analyses, de tests. La technologie d’agents conversationnels s’est développée beaucoup dans les dernières années, donc nous avons fait un bond beaucoup plus rapide que ce que nous pensions », indique Éric Desbiens.
Public et gratuit
Johnny est lancé dans une formule publique et gratuite afin de permettre à CONFORMiT de le tester, d’apprendre comment il réagit, l’ajuster, etc. « Nous ne savons pas encore exactement comment nous allons monétiser la recherche et le développement que nous avons investi dedans. Nous avons pris un risque en le lançant en ligne gratuitement, dans le but d’apprendre. Pour nous, c’est encore un projet de recherche. […] On veut voir l’adoption de la technologie », mentionne M. Desbiens.
L’agent conversationnel pourrait tout de même être décliné en version spécifique pour un client et sécurisée. Cela permettrait par exemple d’ajouter les politiques SSE de l’entreprise afin d’avoir une approche encore plus ciblée.
Soulignons que l’outil a été baptisé Johnny en mémoire de Jean Bruneau, expert SSE chez CONFORMiT, décédé d’un cancer en 2023. M. Bruneau avait été le premier à lancer l’idée de l’agent conversationnel, en 2017, dans un discours sur sa vision de la gestion des risques opérationnels. « J'imagine les travailleurs discutant avec notre logiciel, lui posant toutes les questions qu'ils peuvent avoir en matière sur la santé sécurité, et nous pouvons répondre avec quelque chose de spécifiquement pertinent à leur contexte, comme un chatbot », avait-il déclaré.
Éric Desbiens assure qu’il était ainsi tout naturel pour lui de nommer cette technologie en l’honneur de ce visionnaire et passionné de SSE.