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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – De nouveaux projets émergent de racine coop, le regroupement formé de BIZZ coop, de la coopérative de travail Café Cambio, de la coopérative de solidarité Librairie Les Bouquinistes, de nOula coop et de la coopérative Système T. Ce collectif souhaite faire vivre les valeurs de communauté, d’échange et d’ouverture pour dynamiser le centre-ville de Chicoutimi.

Le projet de mutualisation, qui vise les aspects de communication, d’administration et de vie associative, a permis de créer une synergie entre les cinq coopératives situées sur la rue Racine à Chicoutimi. C’est ainsi qu’un coin café proposant les produits du Café Cambio a été installé à la librairie. Une machine à café sera également implantée chez BIZZ coop. « Nous essayons de partager un peu nos services. Nous avons mis des livres au Café. Chez BIZZ, le livre Le jardin vivrier que nous présentions a eu un grand succès. Nous avons commencé par le café parce que c’est une action conviviale, de partage. Il y a un aspect social et de collectivité qui y est lié », résume Shannon Desbiens de la Librairie Les Bouquinistes.

Les responsables du projet souhaitent que ces collaborations incitent leurs clientèles respectives à circuler d’un commerce à l’autre et à entrer en contact avec des entreprises où elles ne se rendaient pas forcément. Ces actions cadrent parfaitement avec la vision de racine coop qui veut faire du centre-ville un lieu vivant et convivial où les passants peuvent déambuler, participer à la vie culturelle et encourager des boutiques locales.

« Un des éléments majeurs de la démarche, c’est de dynamiser la rue Racine. Nous désirons qu’il y ait une culture et une dynamique qui font que c’est agréable d’y venir et qui poussent les entreprises à s’y installer. […] Nous ne sommes vraiment pas dans une économie d’un marché contre un autre. Nous avons une perspective d’ouverture », souligne Guylaine Pelletier de BIZZ coop.

Celle-ci aimerait d’ailleurs voir de nouvelles coopératives s’implanter dans le milieu, ou même ailleurs. « Le modèle coopératif est porteur pour l’avenir. Quand une coopérative va bien, les profits sont réinjectés directement dans la communauté », affirme-t-elle.

Mobiliser et collaborer

Parmi les autres projets évoqués, on compte celui d’implanter un Dataviz nomade. Réalisé par Lum Design, ce module permettra de consulter les passants de façon ludique afin de savoir ce dont ils ont envie pour leur centre-ville. « On aimerait aussi avoir une terrasse racine coop. Celle-ci serait amovible, sur roues, ce qui fait que nous pourrions la déplacer à différents endroits sur la rue », explique Mme Pelletier.

Shannon Desbiens et elle évoquent aussi la possibilité de collaborer avec les entreprises « traditionnelles » du centre-ville. Cela pourrait, par exemple, prendre la forme de coupons rabais pour un commerce, obtenus en visitant un autre, ou encore d’événements communs. « Nous aimerions que dans cinq ans, venir sur la rue Racine soit un incontournable […] Ce que nous souhaitons, c’est adopter une dynamique pour que les gens voient immédiatement la couleur de la Racine. Si on se parle tous, on peut aller chercher des idées. En faisant des synergies, on ne se cannibalise pas. On crée quelque chose de plus, on augmente le marché », croient-ils.

Mêmes enjeux

Au-delà de la dynamique du centre-ville, racine coop permet aux cinq coopératives qui la forment de parler d’une seule voix et de développer des projets plus ancrés ayant une plus grande portée. « Le modèle coopératif possède aussi ses défis, d’où l’idée de la mutualisation. Nous pensons que nous pouvons aller plus loin encore, rejoindre d’autres coops de la rue Racine ou d’ailleurs. Tous ces gens vivent les mêmes enjeux. […] Nous avons beaucoup à nous dire et à apprendre les uns des autres », estiment Shannon Desbiens et Guylaine Pelletier. Ceux-ci donnent l’exemple de la rencontre qui a permis de définir l’identité de racine coop. Cet exercice a été effectué en collaboration avec Lum Design. « Les travailleurs de nos coopératives ont pu voir ce que nous avions en commun. C’est très facile de se rendre compte de nos similarités, même si nos entreprises sont complètement différentes. »

Administration

Racine coop devrait aussi mutualiser certains aspects administratifs. « On n’y a pas encore touché, parce qu’il faut d’abord définir les besoins de chacun. Toutefois, la mutualisation pourrait nous permettre d’engager des ressources professionnelles que nous ne serions pas en mesure d’avoir séparément. Par exemple, on peut penser à une personne qui s’occupe des stratégies financières ou du développement. Nous sommes beaucoup dans les opérations dans nos coopératives, donc c’est plus difficile de faire du développement. Avoir une ressource au point de vue administratif nous libérerait », mentionne Guylaine Pelletier.

L’aspect de la vie associative sera aussi à développer. La mutualisation pourrait aider les cinq entreprises à partager leurs bons coups ou à développer des projets communs pour stimuler la participation des membres et prendre le pouls de la population. « Pour dynamiser les coopératives, on a besoin des gens. Il faut encourager la population à s’engager dans ses coopératives, et les membres à prendre part aux assemblées, au conseil d’administration, aux comités », note Mme Pelletier.

Structurer le projet

Les cinq coopératives ont reçu un soutien financier de deux ans du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) pour structurer le projet. Actuellement, chacune des organisations du collectif prend en charge une partie du développement.

« On va garder une équipe de leadership qui va se rencontrer et donner des mandats aux gens. Il y a déjà une synergie qui s’est créée. Nous allons y aller selon les forces et les énergies de chacun, mais ce comité proposera une vision globale de la direction », précise Shannon Desbiens.

Les responsables du projet aimeraient toutefois pouvoir dédier une personne à la coordination à temps plein.

« Nous espérons être capables de financer le salaire d’un coordonnateur de manière permanente. Ça assurerait d’avoir quelqu’un qui ne porte pas la couleur d’une des cinq coopératives, mais vraiment celle de racine coop. Cette personne représenterait nos cinq organisations de façon égale. »

Initiatives solidaires

Le Café Cambio offre depuis plusieurs années le Café solidaire. Celui-ci permet à un consommateur d’acheter un deuxième café, qui pourra être donné par la suite à une personne qui n’a pas la possibilité de s’en procurer un. Cette initiative a inspiré BIZZ coop à implanter ce principe dans son épicerie. « Au lieu d’un café, ce sera un Fruit solidaire. Les gens pourront en acheter un supplémentaire, qui sera placé dans un panier pour ceux qui n’ont pas les moyens d’en acquérir. Ça permettra de favoriser la saine alimentation pour tous », affirme la responsable de BIZZ, Guylaine Pelletier.

D’autres initiatives, comme des paniers solidaires pour des étudiants ou des journées avec des rabais étudiants ont été mises en place dans certaines coopératives du collectif racine coop. « Nous faisons vivre nos valeurs et ça crée un mouvement positif qui a des résultats palpables », conclut Guylaine Pelletier.

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