N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : La forêt, porteuse d'avenir publié dans notre édition du mois d'avril.
SAGUENAY – L’intégration actuelle de l’environnement dans les pratiques d’aménagement forestier démontre qu’il y a du changement depuis les 40 dernières années. La région du Saguenay–Lac-Saint-Jean est davantage concernée grâce à la superficie de son territoire forestier, selon Claude Villeneuve, biologiste, professeur et directeur de la chaire en éco-conseil à l’Université du Québec à Chicoutimi.
« On peut toujours faire mieux, mais l’objectif premier c’est la santé et la résilience de la forêt dans un contexte de changements climatiques. […] Dans mon premier livre intitulé Des animaux malades de l’homme ? que j’ai publié il y a 40 ans, j’avais un chapitre sur la foresterie. Les pratiques forestières à ce moment-là n’avaient pas de références en environnement, c’était n’importe quoi », souligne Claude Villeneuve.
« Aujourd’hui, ça a énormément changé avec les différents régimes forestiers et les directives mises en place. L’aménagement forestier est davantage développé aujourd’hui avec beaucoup moins d’impacts sur l’environnement, grâce entre autres, aux efforts pour la protection des cours d’eau et de l’habitat de la faune », ajoute-t-il.
Le futur de la forêt
Selon M. Villeneuve, lors des prochaines décennies, une augmentation de la température est attendue. C’est près d’un degré Celsius supplémentaire chaque année et pour certaines régions, ça peut augmenter jusqu’à quatre degrés Celsius en moyenne annuellement. « Les changements climatiques sont une réalité qui est rapidement observée dans les régions forestières du Québec. Dans les 30 dernières années, on a constaté une augmentation des températures moyennes annuelles de 0,7 à un degré Celsius. Dans les prochaines décennies, ce chiffre augmentera drastiquement », ajoute-t-il.
« Cela va changer beaucoup de choses en ce qui concerne l’écosystème forestier. Premièrement, les conditions d’existences des arbres ; davantage de stress en période de sécheresse importante, des stress de cavitations qui peuvent causer des mortalités, des stress en lien avec des insectes ravageurs, etc. Le régime des feux pourrait également changer. En effet, les feux pourraient devenir plus récurrents », explique M. Villeneuve, expert en science de l’environnement depuis près de 47 ans.
Pratiques d’aménagement
Il existe cependant des pratiques d’aménagement durable qui peuvent aider à s’adapter aux changements climatiques, toujours selon l’enseignant. « Quand je parle d’aménagement sur 100 % du territoire, ce sont les décisions qu’on prend sur la manière qu’on va travailler la forêt. Cela peut être la conservation, l’aménagement de manière extensive, la modification de la plantation ou encore l’intensification de la forêt », confie-t-il.
Un des gros dossiers que Claude Villeneuve traite, et ce, depuis 15 ans, est un projet de reboisement en rapport avec Carbone boréal. « C’est l’utilisation d’une zone forestière qui était naturellement non productive pour en faire une zone productive en captant du carbone. Nous avons d’excellents résultats, nous nous apprêtons à établir un premier bilan carbone sur l’impact de plantation dans ces milieux-là et on comprend que c’est davantage positif que ce qu’on pensait », souligne-t-il.