SAGUENAY - Dans un contexte d'inflation élevée, de hausses de taux d'intérêt et de ralentissement économique, le premier réflexe de nombreux entrepreneurs est de mettre le frein sur leurs projets d'innovation. Or, il faudrait plutôt en profiter pour investir et les réaliser.

C'est du moins l'opinion partagée par la directrice régionale, Saguenay-Lac-Saint-Jean et Côte-Nord pour Investissement Québec (IQ), Julie Simard. « Attendre, ce n'est vraiment pas la bonne chose à faire, parce que pendant ce temps-là, il y a certains de nos compétiteurs qui continuent d'investir, de se robotiser ou d'automatiser, et de prendre de l'avance sur nos entreprises au Québec. C'est un moment charnière pour persévérer », affirme-t-elle d'entrée de jeu. 

Elle rappelle que les cycles économiques alternent à long terme entre des périodes de croissance et de repli. Une PME qui injecte des fonds en innovation pendant un cycle de recul pourrait se voir avantagée par rapport aux organisations qui ne l'ont pas fait lorsqu'il y aura une reprise. « Elle va avoir fait un pas que d'autres n'auront pas nécessairement réalisé. Ça va lui permettre de se distinguer », croit Mme Simard. 

Un ralentissement

La directrice régionale a pu observer une baisse importante en matière d'investissements et d'innovation au cours de l'été 2024, après une belle croissance durant les trois dernières années. « L'ensemble des prêteurs avec qui on travaille a constaté un ralentissement marqué », souligne Julie Simard. 

Cette réduction des projets d'investissement s'expliquerait par l'impact de l'inflation et des hausses de taux, qui se fait sentir à plus long terme. « Les carnets de commandes étaient bien remplis en 2023. Je pense qu'ils ont diminué pour l'année en cours. L'instabilité dans les marchés, la guerre en Ukraine, les élections américaines ont aussi amené de l'incertitude pour nos entreprises. Elles attendaient de voir vraiment ce qui allait se passer », résume Mme Simard. 

Cette dernière constate toutefois une certaine reprise depuis le début de l'automne. « Il faut que ça continue. Il ne faut pas arrêter. Ça commence à bouger plus, mais il pourrait y avoir encore plus d'activité dans l'écosystème », fait-elle valoir.  

Financement accessible

Selon Julie Simard, malgré le contexte économique difficile, le financement des projets d'innovation demeure accessible, tant chez Investissement Québec que chez ses partenaires dans l'écosystème régional. Le volet accompagnement est lui aussi très présent. « Il y a ce qu'il faut tant en accompagnement qu'en financement actuellement. [...] Nous sommes en mesure également d'adapter les contributions aux besoins de l'entreprise, au cycle économique et au type de projet. On peut offrir du moratoire pour les aider ou encore structurer les amortissements sur une durée plus longue pour les soutenir à travers ces périodes plus difficiles », indique la directrice régionale. 

Elle cite en exemple l'Initiative grand V lancée par son organisation à la fin octobre. Celle-ci comprend une combinaison de financement flexible et d'accompagnement technologique, en plus d'une boutique virtuelle de contenus sous forme de témoignages, webinaires et outils pour inspirer et guider les entreprises dans leur virage numérique. Des prêts à terme d'un minimum de 250 000 $, avec un moratoire sur le remboursement du capital pouvant aller jusqu'à 48 mois, aucuns frais d'analyse de dossier ainsi qu'une banque de 100 heures d'accompagnement. « C'est une autre belle façon de pouvoir aider les entreprises », pense-t-elle. 

En ce qui a trait aux projets ou aux PME plus modestes, Mme Simard assure que des fonds sont disponibles également, principalement chez les partenaires d'IQ. Elle rappelle que de nombreux organismes sont présents dans la région pour le financement et l'accompagnement des PME.