La situation est trouble à Québec en ce début d’ère postpandémique où sévissent inflation, pénurie de main d’œuvre et crise du logement.
Après moins de la moitié de son second mandat, François Legault semble déstabilisé et multiplie les déclarations émotives non concertées depuis que son ancien parti, qu’il rêvait de rayer de la carte, l’a pris par surprise en l’emportant dans un comté pourtant difficile de la région de Québec lors de la récente partielle dans Jean-Talon.
La grogne
On sent une colère forte au sein de la population. Pourtant, l’arrivée au pouvoir de François Legault en 2018 avait été accueillie comme un véritable vent de fraicheur. Rappelons-nous la lune de miel prolongée d’un premier ministre qui enfin arriverait à rendre l’État efficace.
Six ans plus tard, on se retrouve dans un contexte où certains services de base peinent à être livrés. Un système de santé toujours aussi fragilisé, un système d’éducation obligé de recruter des enseignants non-qualifiés qui enseignent dans des écoles que l’on peine à entretenir, de plus en plus de gens dans les rues faute de logements accessibles et abordables.
Et toujours pas plus de soins à domicile pour ces aînés que nous nous devions d’entendre enfin, après les avoir vu tant souffrir. Retour à l’indifférence. On parle de services publics essentiels. Des symboles du modèle québécois. Bien que tout le poids du contexte actuel ne puisse être mis en totalité sur les épaules du premier ministre, on se demande quand même comment on peut se retrouver dans cette situation alors que les engagements étaient tellement fermes.
Les reproches les plus souvent formulées par François Legault lorsqu’il était dans l’opposition, depuis la fondation de la Coalition avenir Québec concernaient la lourdeur bureaucratique, la multiplication des comités de réflexion et l’absence d’action. C’est devenu son modèle de gestion. La CAQ se serait-elle fait avaler par la machine, serait-elle aussi victime de sa force d’inertie?
La soif d’efficacité, de pragmatisme est-elle mission impossible? Comment pourrions-nous, dans un contexte où il est difficile de trouver une voie de passage entre la gouvernance politique et tout le personnel de l’État, mandaté pour livrer les orientations gouvernementales et en faire les programmes souhaités, utiliser une négociation pour mobiliser.
Comment changer les perceptions en tentant de faire de cette négociation une chance de rendre « la machine » plus efficace et ainsi, de se retrouver dans un état qui va mieux. Rarement j’ai croisé des fonctionnaires réellement désireux de mettre volontairement des bâtons dans les roues.
Dans un contexte de négociations avec le personnel de l’état, où sévit la menace de grèves à répétition, comment rétablir un dialogue avec ces fonctionnaires depuis longtemps méprisés, comment réussir avec eux à atteindre ce st-graal de la performance, qui semble à ce point inaccessible?
Comment, dans le contexte actuel où la promesse d’une sécurité d’emploi et d’un régime de retraite ne sont plus facteurs de rétention suffisants pour garder les meilleurs d’entre eux au service de l’État, nous pourrions leur donner des moyens de mieux faire, de performer et de rester ? Je vois là un défi intéressant.