SAGUENAY – À leurs premiers pas en affaires il y a 14 ans, les frères Bénédict Morin et Maxence Raymond ont connu un succès rapide. Aujourd’hui, ils sont à la tête de trois restaurants prisés des consommateurs : le Bistro Café Summum, la buvette mexicaine Marίa Marίa et le Bengale, spécialisé en cuisine indienne. Leur secret : se différencier par les saveurs, les produits locaux préparés sur place et une approche avant-gardiste.
L’histoire entrepreneuriale des deux frères a débuté à La Baie en 2010. « À 22 ans, je ne m’attendais pas à acquérir mon premier restaurant. C’est une opportunité qu’on a eue. À l’époque, le Summum était plutôt un café viennoiseries. Nous avons racheté le fonds de commerce et nous nous sommes lancés à partir de là. Nous l’avons transformé en bistro en ajoutant le permis d’alcool et les soupers », raconte M. Morin.
En l’espace de trois ans, le chiffre d’affaires du bistro baieriverain est passé de 250 000 $ à 1,8 M$. Cette année-là, le Summum a remporté le prix d’Entreprise de l’année et a été finaliste aux Mercuriades. La pandémie, puis la pénurie de main-d’œuvre ont toutefois mis à rude épreuve cette succursale. Après une tentative de retour marquée, avec l’achat du Bistro Victoria, les deux hommes ont dû constater que l’achalandage s’était dirigé vers d’autres établissements. Ils ont dû prendre la décision de fermer définitivement la succursale de La Baie il y a quelques semaines. « C’est grâce à La Baie que nous sommes rendus là où nous le sommes aujourd’hui. Ce n’est pas quelque chose qu’on va oublier », assure l’entrepreneur.
Les choses sont toutefois différentes pour les trois autres restaurant, soit la succursale du Bistro Summum sur la rue Racine à Chicoutimi, ouverte en 2018, le Marίa Marίa (2019) et le Bengale (2021). « Nous nous en sommes bien tirés. […] Les trois sont en pleine santé. Nous sommes allés recruter sept employés à l’étranger, ce qui nous a permis d’élargir davantage les plages horaires au Summum et au Marίa Marίa », souligne Bénédict Morin.
Se démarquer
Les deux frères considèrent que ce qui leur a permis de réussir dans le milieu de la restauration est leur volonté de se démarquer, toujours présente dans chacun de leurs projets. « Quand nous nous sommes lancés, l’offre qu’on avait était vraiment différente de ce qu’on voyait en région. Nous la qualifions de bistronomique, en ce sens que c’est de la cuisine accessible à presque toutes les bourses, mais avec un côté culinaire avancé, tant dans la présentation que dans les saveurs », explique M. Morin.
Le duo d’entrepreneurs mise aussi sur des mets cuisinés avec une touche maison, directement sur place. « Souvent, dans les bistros, ce sont des choses précuisinées. Ce qui nous a différenciés, c’est d’apporter notre style maison et d’être avant-gardistes sur ce que nous présentons dans nos plats. »
Les produits locaux occupent également une position importante, même dans les deux restaurants proposant de la cuisine du monde. « Par exemple, au Bengale, même si ce sont des mets indiens, nous avons pu avoir une exclusivité pour la production d’agneau avec la ferme l’Orée des champs. C’est très stimulant pour nous. Ça nous permet de travailler différentes parties de l’agneau et de présenter toujours des plats variés », illustre Bénédict Morin.
Complémentaires
L’autre secret de la réussite en affaires des deux hommes, c’est leur complémentarité. « Nous avons chacun nos forces : lui en cuisine, moi en gestion. […] Pour nous, c’est facile de travailler ensemble. Nous nous complétons. Il y a un respect mutuel entre nous. Nous ne nous sommes jamais chicanés. Nous sommes cinq enfants chez nous et nous avons toujours été proches », mentionne M. Morin.
C’est d’ailleurs l’influence de leur mère qui, selon lui, les a menés vers la restauration. « C’est une inspiration pour nous. Elle nous amenait dans les hôtels et les restaurants quand nous étions plus jeunes. Elle était aussi une grande cuisinière à la maison. Ça a toujours fait partie de notre environnement », relate-t-il.
Les deux frères ont chacun fait leur entrée dans le monde des restaurants vers l’âge de 15 ans. « Nous avons commencé au bas de l’échelle, à la plonge ou comme busboy. Je suis allé faire mon cours en Gestion hôtelière à Québec, tandis que Maxence a fait ses études en Services de la restauration et en cuisine à Jonquière », précise l’entrepreneur.
Défis et fiertés
Stimulés depuis toujours par l’entrepreneuriat, Bénédicte Morin et Maxence Raymond reconnaissent que la restauration apporte son lot de défis. « La pénurie de main-d’œuvre a été plus difficile pour nous que la pandémie. Il y a aussi la gestion de la croissance, qui a été rapide à partir de l’ouverture à Chicoutimi. […] Jusqu’à maintenant, nous ne pouvons pas nous plaindre du contexte économique actuel. La clientèle est toujours au rendez-vous. […] Malgré tout, la fermeture de La Baie n’affecte pas nos autres commerces », résume M. Morin.
La plus grande fierté des deux entrepreneurs, c’est toutefois leurs employés. « C’est l’aspect qui demande le plus, mais aussi celui qui nous redonne le plus. Dans tous les postes, pour nous chaque personne est essentielle. »
Sans vouloir en dévoiler davantage, le duo prépare quelques petits projets qui devraient prendre forme assez bientôt. Ils aimeraient également exporter le concept du Marίa Marίa à l’extérieur du Saguenay, sans toutefois cibler les grands centres.