N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Agriculture et agroalimentaire : cultiver l'avenir de la région, publié dans notre édition du mois de juillet.

ALMA - La transformation numérique joue un rôle crucial dans l’évolution de l’industrie agroalimentaire, notamment au sein des petites et moyennes entreprises qui constituent la majorité du tissu économique régional. Cette mutation numérique est impérative pour maintenir la compétitivité et la résilience des entreprises face aux défis économiques contemporains.

L’intégration de technologies telles que les robots, les capteurs et les machines intelligentes permet d’automatiser les processus de production, améliorant ainsi l’efficacité et la gestion des ressources. Selon Isabelle Tremblay Rivard, directrice général du Créneau Agroboréal, cette automatisation est plus facilement accessible aux grandes entreprises.

Cependant, les PME commencent également à adopter ces technologies, notamment dans des domaines comme l’embouteillage, l’étiquetage et l’empaquetage. Les systèmes ERP (Enterprise Resource Planning) permettent une meilleure collecte et utilisation des données, essentielle pour optimiser la logistique et le marketing.

Le commerce électronique a ouvert de nouvelles avenues pour les petites entreprises, leur permettant de vendre directement aux consommateurs via des boutiques en ligne. Ces outils offrent une alternative compétitive face aux grandes distributions dominées par des géants comme Kellogg’s et Nestlé. Le marketing numérique, bien que maîtrisé par certaines entreprises, reste sous-utilisé par d’autres, avec encore de nombreuses PME sans site Web. La pandémie a accentué l’importance des outils de collaboration en ligne, facilitant les interactions et les formations via des plateformes comme Zoom et Teams.

Traçabilité et sécurité alimentaire

La traçabilité et la sécurité alimentaire sont des aspects cruciaux renforcés par la numérisation. Les systèmes de gestion de la qualité permettent de suivre les normes de sécurité, facilitant ainsi les audits.

Bien que certains utilisent encore des registres manuscrits, de plus en plus d’entreprises adoptent des logiciels spécialisés, améliorant ainsi la transparence et la confiance des consommateurs.

La formation continue est essentielle pour l’adoption efficace des technologies numériques. La pandémie a favorisé l’émergence des webinaires et des formations en ligne, permettant aux employés de se former à distance. Des secteurs utilisent la réalité augmentée pour des formations sur des tâches complexes ou risquées, bien que cette pratique soit encore émergente dans l’agroalimentaire.

Enjeux et défis

Malgré les avantages, l’adoption des technologies numériques présente des défis, notamment pour les PME qui manquent souvent de ressources et de compétences pour naviguer dans les dédales administratifs des financements gouvernementaux.

Isabelle Tremblay Rivard souligne l’importance des partenariats technologiques et de l’innovation pour augmenter la performance et la résilience des entreprises. Les leviers financiers existent, mais leur accès reste complexe, surtout pour les petites structures, car la lourdeur bureaucratique peut décourager, selon la directrice..

« Les PME représentent 80 à 90 % des entreprises agroalimentaires au Québec. Leur capacité limitée à intégrer le virage numérique constitue un enjeu majeur. Cependant, étant plus petites, elles peuvent plus facilement adopter des solutions numériques innovantes, même si la concurrence avec de grands groupes reste déséquilibrée », admet-elle

Intelligence artificielle et robotisation

L’intelligence artificielle (IA) et la robotisation représentent l’avenir pour l’optimisation des tâches répétitives. Aurélie Pinceloup, directrice, expérience et technologie pour le COlab mentionne l’intérêt croissant pour ces technologies, malgré les investissements massifs qu’elles requièrent. Les entreprises, même les plus petites, commencent à explorer ces options pour améliorer leur efficacité à long terme. Des programmes de soutien et d’intégration de ces technologies se développent, promettant un avenir plus technologique pour l’agroalimentaire.

« Nous observons de plus en plus de demandes pour des solutions de robotisation. Bien que ces investissements soient significatifs et que des obstacles au déploiement persistent, des programmes de soutien et d’intégration des technologies sont en développement pour les prochaines années. Ceux qui anticipent ces changements explorent déjà leurs options. Nous envisageons de créer un groupe d’innovation en technologie numérique, pas uniquement dans le secteur agroalimentaire, pour rester à la pointe et offrir l’accès à des experts, même en phase de préparation, une étape cruciale où le COlab peut jouer un rôle déterminant », conclut Mme Pinceloup.