N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Formation et main-d'oeuvre, un milieu en évolution, publié dans notre édition du mois d'août.

SAGUENAY – La transparence salariale est de plus demandée par les Québécois. C'est ce qui ressort de deux sondages distincts commandés par l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec (CRHA | CRIA). Selon les données compilées, 9 travailleurs sur 10 considèrent important d'accéder aux informations concernant la rémunération avant de soumettre leur curriculum vitae.

Le concept de transparence salariale consiste à divulguer des informations sur les salaires au sein d'un milieu de travail. Cette divulgation peut inclure la diffusion d'échelles salariales, la communication des critères servant à déterminer les salaires et, dans certains cas, les salaires individuels des employés. L'idée vise à offrir une plus grande transparence et d'être plus équitable quant aux politiques de rémunération.

Les sondages menés auprès d'un bassin de travailleurs québécois et du côté des conseillers en ressources humaines et en relations industrielles agréés travaillant en entreprise ont permis de dresser un portrait d'ensemble de cette vision. Si 9 personnes sur 10 considèrent la divulgation de la paie, déjà la moitié des milieux de travail transmettent déjà des informations, soit l'échelle salariale, le salaire annuel ou le taux horaire.

Dans la plupart des cas, les CRHA | CRIA consultés par sondage mentionnent le plus souvent les classes et échelles salariales au sein de l'organisation (84 %), la communication des critères utilisés par l'organisation pour déterminer les salaires est divulguée par 46 % des entreprises. En dernière position, la révélation des salaires spécifiques de chaque salarié n'est pas une pratique courante : 5,5 % des membres de l'Ordre sondés affirment que leur employeur divulgue cette information.

Un outil de rétention

Dans un contexte de rareté de main-d'œuvre, les employeurs sont de plus encouragés à opter pour une communication plus ouverte des conditions de travail. Les données de l'enquête menée par la firme Léger révèlent que 23 % des répondants affirment avoir déjà quitté un emploi parce que le niveau de transparence quant au salaire était jugé insuffisant. Chez la plus jeune génération de travailleurs (18 à 34 ans), cette statistique grimpe à 28 %.

Lorsqu'ils ont été questionnés sur leurs capacités à demeurer à l'emploi en n'ayant pas accès à ces renseignements, le quart des employés auraient déjà quitté un poste. Chez les milléniaux, cette proportion grimpe à une personne sur trois. Lorsque vient le temps d'accomplir un processus d'embauche, les données sont quasi similaires : 25 % des candidats se sont déjà retirés d'un processus de recrutement à cause d'une transparence salariale jugée insatisfaisante, chiffre qui monte à 34 % chez les 18 à 34 ans selon les données compilées pour l'Ordre.

Alors que le Québec ne possède pas encore de loi obligeant les organisations à divulguer leurs politiques de rémunération, certaines juridictions, comme des États américains, dont la Californie, ont forcé les entreprises à divulguer les échelles salariales publiquement dans les offres d'emploi. Malgré tout, près de 48 % des organisations ont récemment revu ou prévoient de revoir leurs pratiques de divulgation.

Méthodologie

Le premier sondage a été mené par la firme Léger auprès de 690 travailleurs québécois, incluant des employés à temps plein, à temps partiel, et des travailleurs autonomes. La collecte des données s'est effectuée en ligne du 22 au 24 septembre 2023. Les participants, âgés de 18 ans et plus, parlaient français ou anglais. Pour garantir la représentativité des résultats, ceux-ci ont été pondérés selon divers critères tels que le genre, l'âge, la langue maternelle, la région, le niveau de scolarité et la présence d'enfants dans le ménage. La marge d'erreur de ce sondage est de ± 3,7 %, 19 fois sur 20.

Le second sondage a été réalisé en ligne par l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA) auprès de 329 de ses membres, incluant des conseillers en ressources humaines et en relations industrielles travaillant en entreprise. La période de collecte des données s'est déroulée du 26 septembre au 4 octobre 2023. Étant donné la nature en ligne de ce sondage, une marge d'erreur n'est pas applicable. Ce sondage visait à recueillir des informations spécifiques sur les pratiques salariales au sein des entreprises représentées par les répondants.