« De manière générale, le tourisme d'hiver a toujours fait partie de nos atouts. C'est un argument de vente. L'attrait pour la motoneige est très fort dans la région. Il y a une belle qualité d'expériences offertes ici », souligne la directrice générale de Tourisme Saguenay-Lac-Saint-Jean (SLSJ), Julie Dubord.
La réputation de la région en matière de motoneige n'est effectivement plus à faire, alors que les retombées économiques directes et indirectes de cette activité étaient estimées à 116 M$ en 2018. Selon Mme Dubord, les choses ont encore évolué depuis ces derniers chiffres.
Le Saguenay-Lac-Saint-Jean propose également de multiples autres activités lors de la saison froide. Les visiteurs sont en augmentation dans les centres de ski. La randonnée, le ski de fond, la raquette et divers types d'hébergements sont aussi largement accessibles. « On peut penser à la croissance phénoménale du Parc national des Monts-Valin dans les dernières années. Il y a une complémentarité des offres très présentes dans la région. [...] Toutes les expériences d'hiver sont présentes, même le fatbike. Nous sommes d'ailleurs très bien dotés pour le vélo, tant l'été que l'hiver », commente la directrice générale de Tourisme SLSJ.
Bon potentiel
Selon elle, la saison hivernale a un bon potentiel de croissance. L'intérêt de la clientèle est grand, mais il est nécessaire de rester vigilant. « Nous conservons un bon couvert de neige, contrairement à d'autres endroits. C'est un atout que la région conserve, mais il y a une forme de fragilité liée à ça. Il faut être prudent dans la gestion de tout ça », mentionne-t-elle.
Les objectifs de croissance pour le tourisme hivernal doivent donc prendre en compte l'influence des changements climatiques et les impacts que cela peut avoir. « Il y a un certain dosage à atteindre. Je sens que les entreprises sont très à l'affût de ça et ouvertes à intégrer la notion de changements climatiques dans leur approche, tout en faisant en sorte que le visiteur ne le ressente pas », affirme Julie Dubord.
Croisières hivernales
La directrice générale de Tourisme SLSJ voit d'un bon œil l'accueil prochain par Saguenay de croisières hivernales. La première devrait accoster à La Baie en 2025.
C'est le navire d'exploration polaire Commandant Charcot de la compagnie Ponant qui s'y arrêtera dans le cadre d'un des quatre itinéraires de 12 jours sur le fleuve Saint-Laurent et le Fjord du Saguenay, une première en Amérique du Nord. Il fera une escale de trois jours et deux nuits à Saguenay.
« C'est une belle percée qu'on verra cet hiver. C'est un créneau qui va nous distinguer largement. Promotion Saguenay a fait un travail extraordinaire à ce niveau. Ça pourrait rehausser l'intérêt pour la saison et la destination. C'est à nous de bien la saisir », estime-t-elle.
Annualisation de l'offre
L'un des défis auxquels l'industrie touristique régionale fait face est l'annualisation de l'offre. Les saisons estivales et hivernales possèdent chacune des positionnements forts, mais il s'agit maintenant de les lier avec des offres au printemps et à l'automne.
« Ce qu'on voudrait, c'est d'avoir une offre structurée pertinente toute l'année durant. [...] Il faut avoir des activités, de l'hébergement et de la restauration proposés en automne et au printemps. Il y a des opportunités à saisir dans la connexion de toute l'année ensemble », fait valoir Julie Dubord.
C'est en ce sens que Tourisme SLSJ a mis sur pied une stratégie de développement du secteur montagne. Le but est de voir comment il est possible de structurer l'expérience. Une mission est d'ailleurs prévue fin novembre au Maine pour visiter une destination comparable qui est très forte dans l'élaboration de son offre annuelle.
Outil unique
Dans le cadre de cette stratégie soutenue par le ministère du Tourisme, le ministère des Affaires municipales et le ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Tourisme SLSJ a développé un outil d'évaluation unique destiné aux décideurs. Celui-ci intègre les résultats de l'étude sur la valeur économique des paysages, l'offre touristique, la période, le lieu, les opportunités et les impacts des changements climatiques pour les 50 prochaines années afin de fournir un portrait interactif. « Nous avons investi pour compléter le portrait, pour avoir toute la région et pas juste les secteurs de montagne », précise Mme Dubord.
Ce portrait permettra d'analyser l'impact de l'ajout d'une offre touristique à un endroit à long terme. Il identifie également les trous dans l'offre de service, de même que les trous géographiques. « Le défi qu'on s'est donné, c'est de diffuser les impacts de l'industrie touristique sur tout le territoire pour ne pas avoir de zones de concentration plus forte. Nous voulons disperser les visiteurs et leur impact économique sur l'ensemble de la région. Pour ça, il faut comprendre où sont nos trous et ce qu'il nous reste à combler », conclut Julie Dubord.