Du côté du système de traitement des eaux, un règlement d'emprunt de 3 M$ a été adopté par la municipalité. C'est le promoteur du projet immobilier Le Croissant qui réaliserait la construction et revendrait l'usine à la municipalité par la suite. Ce dernier a reçu le certificat d'autorisation du ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) en janvier. Il ne reste qu'à obtenir l'approbation du ministère des Affaires municipales et de l'Habitation (MAMH) pour la transaction avec la municipalité et le règlement d'emprunt.
« Présentement, il y a une problématique avec l'assainissement des eaux dans le village alpin. Le MELCCFP tolère 30 fosses septiques par kilomètre carré et, en ce moment, il y a 300 habitations dans le même kilomètre carré. Environ 80 % de ces fosses septiques ne sont pas aux normes actuelles. [...] Il n'y a pas de projet immobilier qui peut voir le jour au Mont-Édouard s'il n'y a pas d'usine », résume Sébastien Gaudreault, l'un des promoteurs du projet Le Croissant.
Ce dernier précise qu'une fois les autorisations obtenues, le chantier pourrait débuter au retour des vacances de la construction et s'échelonnerait sur près de trois mois. Les travaux se termineraient au maximum en octobre 2025. C'est Tergos Construction, dont M. Gaudreault est aussi coactionnaire, qui réaliserait le contrat pour Développement immobilier Le Croissant. L'usine serait ensuite cédée à la municipalité trois mois après la construction.
Prêts à être lancés
Sébastien Gaudreault révèle que son développement immobilier se trouverait sur les terrains autour de l'usine, au pied de la montagne, et représenterait un investissement de quelque 50 M$, dont 1 M$ a déjà été injecté. Il totalise 88 unités de condos de deux à trois chambres réparties dans une quinzaine de bâtiments. Le projet est prêt à la vente et compte une centaine de noms sur sa liste d'attente. Son lancement est toutefois tributaire du futur de la station de ski. « L'usine va se construire, mais le projet immobilier verra le jour quand on saura où la montagne s'en va dans l'avenir », indique le promoteur.
Jean-Marc Brassard, promoteur du projet Val Anse, espère depuis 2019 la construction de l'usine de traitement des eaux afin de commencer la troisième phase de son développement immobilier, qui représente 15 M$ d'investissements. Ces 36 terrains sont déjà vendus. Selon M. Brassard, une centaine d'autres habitations pourraient être réalisées dans la même zone, à plus long terme. Il affirme toutefois que l'avenir de la montagne n'a pas d'impact sur son désir de concrétiser son projet.
La construction de l'usine de traitement des eaux est aussi ce qui freine les promoteurs du Bistro, qui inclut de 14 à 18 condos, pour un investissement estimé entre 8 et 10 M$. « Nous, la seule chose qu'il nous faut, c'est le système d'épuration des eaux. On va aller de l'avant, c'est certain. La demande est là et c'est un projet réaliste », affirme l'un des promoteurs, André Bouchard, également président de Tect-Hab.
Selon lui, L'Anse-Saint-Jean a énormément de potentiel du point de vue touristique, tant l'été que l'hiver. Il pense que Le Bistro viendra ajouter à l'offre. Érigé sur un terrain de 65 000 pieds carrés, celui-ci consisterait en un seul bâtiment de quatre étages, mais dont le rez-de-jardin serait un demi-étage. Un édifice est déjà présent sur le site, mais M. Bouchard ne sait pas encore s'il sera conservé. Il assure que son équipe évalue les moyens de l'harmoniser dans le projet et, s'il est maintenu, il servirait à l'ensemble des propriétaires. « À mon avis, c'est un des plus beaux coins de L'Anse avec l'accès aux pentes. Nous aimerions être un peu différents, apporter de la nouveauté », précise-t-il.
Avenir de la montagne
Les différents promoteurs se disent préoccupés par l'avenir du Mont-Édouard. Ils suivent le processus entamé par la municipalité avec attention. « La montagne est plus importante que le Valinouët. Je ne sais pas pourquoi ça ne lève pas. On ne peut pas dire encore que c'est devenu un village au Mont-Édouard au pied des pentes. Il y a de l'espace pour le développement. Géographiquement, c'est tellement bien placé avec le Saguenay ! », note André Bouchard.
Pour sa part, Sébastien Gaudreault considère qu'il s'agit d'une montagne magnifique avec beaucoup de potentiel, lui qui possède une maison à L'Anse-Saint-Jean. « On veut voir la montagne s'épanouir pour qu'il y ait une pérennité avec les installations qui sont là », croit-il. Il souhaite que le groupe choisi par la municipalité pour poursuivre les activités du Mont-Édouard se base sur un plan d'affaire solide, avec une vision à moyen et long terme. « Nous pensons que des investissements non seulement d'entretien, mais aussi pour développer la montagne, sont nécessaires », soutient-il.
Jean-Marc Brassard partage ce point de vue. « Ça prend un promoteur sérieux. [...] Ça prend de l'argent pour faire des investissements. Et ceux qui sont prêts à investir, c'est parce qu'ils désirent que ça marche », avance-t-il.
Les différents promoteurs interrogés souhaitent qu'une décision soit prise rapidement relativement à la gestion future de la station de ski. « Je suis très optimiste par rapport à ce qui se passe. J'ose espérer que la municipalité va s'entourer de gens professionnels qui vont pouvoir les conseiller dans le choix des meilleurs partenaires pour développer la montagne. Nous sommes tous amoureux de cette montagne », conclut Sébastien Gaudreault.