Selon les deux organisations, les restrictions prévues mettent en péril des milliers d’emplois impossibles à remplacer pour les entreprises québécoises. Elles plaident pour une collaboration des deux paliers de gouvernements afin d’agir rapidement sur le maintien du niveau actuel de travailleurs étrangers temporaires (TET).
La FCCQ et le Regroupement des Chambres de commerce régionales soulignent que le départ de ces travailleurs étrangers temporaires forcera de nombreuses entreprises à ralentir leur production, refuser des contrats et, dans certains cas, cesser leurs activités.
« Pour la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, l’accès aux travailleurs étrangers temporaires est critique à la viabilité de nos entreprises. La saisonnalité de plusieurs secteurs d’activités et la pénurie de main-d'œuvre nous force à avoir recours à ses ressources essentielles. On ne peut pas se permettre ce recul pour nos industries régionales. C’est toute la région qui subira les contrecoups de ces restrictions », explique Alexandre Gaudreault, président de la Chambre de commerce et d’industrie Lac-Saint-Jean-Est, par voie de communiqué.
« Pour une entreprise comme la nôtre, ce sont des impacts directs sur nos opérations et notre capacité à maintenir notre force manufacturière. Malgré nos investissements massifs en automatisation, nous aurons toujours besoin de soudeurs qualifiés. Dans un contexte où ce métier est reconnu comme étant en pénurie depuis plusieurs années, nos travailleurs étrangers extrêmement qualifiés répondent à un besoin réel et garantissent tous les autres emplois de notre entreprise », ajoute Jean-Denis Toupin, directeur général de Proco.
Menaces tarifaires
La FCCQ et le Regroupement des Chambres de commerce régionales affirment que le gouvernement du Québec projette des pertes de 100 000 emplois si l’administration Trump met ses menaces tarifaires à exécution.
Elles font toutefois valoir que, même si les tarifs entraient en vigueur et qu’il y avait des pertes d’emplois, les entreprises qui embauchent des TET ont des besoins spécifiques qui ne seraient pas automatiquement comblés par des nouveaux chômeurs. Par exemple, on pense aux soudeurs et aux travailleurs dans l’industrie touristique qui œuvrent dans toutes les régions du Québec.
« En pleine période d’incertitude économique, il serait déplorable d’ajouter une deuxième crise en privant les entreprises de travailleurs essentiels. Ces derniers contribuent à la compétitivité et à la vitalité économique de nos régions. En entreprise, on commence déjà à ressentir les effets des départs imminents de ces travailleurs », estime Véronique Proulx, présidente-directrice générale de la FCCQ.
Départs à la retraite
Selon Mme Proulx, au troisième trimestre de 2024, le Québec enregistrait 127 000 postes vacants et un taux de chômage moyen de 5,4 %. En 2023 seulement, plus de 62 000 permis temporaires ont été délivrés au Québec, qui comblent les emplois de plus de 17 000 employeurs. Elle rappelle que les estimations prévoient un million de départs à la retraite d’ici 2031.
« On ne peut pas tenir deux discours contradictoires. D’un côté on dit aux entreprises "augmentez votre productivité" et de l’autre "réduisez le nombre de travailleurs étrangers". Réduire l’immigration de travailleurs étrangers est économiquement intenable, particulièrement au moment où nous devons mettre les bouchées doubles pour augmenter notre compétitivité. Il faut se donner les moyens pour réaliser nos ambitions et l’application d’un moratoire fait partie de la solution », conclut-elle.