SAGUENAY - De retour récemment d’une tournée d’exploration du potentiel de développement de projet pour son entreprise au Sénégal, Martin Lépine, le PDG de Groupe Industriel AMI (GIAMI), s’est livré à quelques réflexions personnelles sur la culture de la sous-traitance et ses avantages pour la région.
Mentionnons tout d’abord que l’entreprise qu’il dirige a 33 ans d’existence. Fondée par le père de Martin Lépine, elle a connu, comme toutes les organisations, de très bonnes années et des périodes plus difficiles. Toutefois, ce que retient l’homme d’affaires impliqué depuis 20 ans dans GIAMI, c’est que l’entreprise s’est construite et a grandi auprès des grands donneurs d’ordre de la région et de l’Est-du-Québec et que son évolution s’est appuyée sur des alliances stratégiques, souvent avec des compétiteurs. Si bien qu’aujourd’hui, l’entreprise lorgne du côté l’Afrique pour doper sa croissance.
Le PDG de Groupe Industriel AMI parle ouvertement et positivement de la culture de la sous-traitance qui s’est développée au Saguenay–Lac-Saint-Jean, au cours des dernières décennies et qui a permis à de nombreuses entreprises, dont GIAMI, de développer une expertise unique et précieuse. « La région a été transformée par une culture de sous-traitance industrielle imposée par les grandes multinationales régionales. Cette transformation a créé des entreprises régionales d’envergure œuvrant dorénavant, pour certaines, partout dans le monde. Elles sont créatrices d’emplois de qualité ici au Saguenay-Lac-St-Jean », lance-t-il.
Des entrepreneurs « blindés »
Pour Martin Lépine, il faut dire les « vraies affaires ». Il est conscient qu’évoluer dans la cour des multinationales est très difficile et que plusieurs joueurs sont disparus. « Bien qu’elles soient pour plusieurs affaiblies économiquement par les batailles passées, les entreprises qui demeurent peuvent prétendre à un bel avenir, car elles possèdent dorénavant l’expertise et la « couenne» assez dure pour affronter les défis de la mondialisation ».
« Les sous-traitants régionaux de calibre mondial ont été forgés à coup de défis technologiques à résoudre, de crises économiques successives à surmonter, de relations contractuelles parfois intraitables de la part de grands donneurs d’ordre, de clients, qui ont été eux aussi confrontés à une concurrence mondiale féroce et forcés à revoir en profondeur leur modèle d’affaires, d’obligations à atteindre des standards mondiaux en terme de santé-sécurité, de qualité et de gestion des risques. Aujourd’hui partout où on va en dehors de la région, on est une « coche » au-dessus de tout le monde », lance-t-il fièrement.
Les sous-traitants mieux perçus par les ressources internes
Martin Lépine assure que les employés des sous-traitants sont maintenant bien accueillis dans les usines de la région. « Nous avons participé à presque tous les combats. Nous avons accompagné plusieurs multinationales de la région et dans le reste du Québec, dans le déploiement de leur nouveau modèle d’affaires. Pour eux, c’était une question de vie ou de mort. Chaque fois, le changement était douloureux, particulièrement pour les employés de clients qui voyaient notre arrivée comme une menace. Aujourd’hui, les usines qui sont demeurées en vie ont atteint, avec leurs employés et leurs sous-traitants, une maturité formidable. Dans la plupart des usines, une réelle synergie s’est installée, chacun réalisant la place et la valeur de l’autre, dans l’équation économique de l’entreprise ».
Un virage stratégique vers l’industrie 4.0
Pour cet entrepreneur, l’avenir des sous-traitants passe beaucoup par la maintenance industrielle et le virage 4.0. « Un est un poste de dépenses colossales pour nos multinationales. Il faut être innovateur et aider nos clients à prendre le virage technologique qui permettra à ces grandes entreprises de se positionner stratégiquement sur l’échiquier mondial ». Il explique que l’excellence opérationnelle, l’automatisation des procédés et la santé-sécurité sur les chantiers sont, plus que jamais, des objectifs incontournables pour les grands donneurs d’ordre.
Cependant, Martin Lépine ne se leurre pas. La pénurie de ressources humaines est un formidable défi pour toute l’industrie lourde et l’ensemble de l’économie. « Les enjeux de demain, c’est d’attirer les nouveaux talents pour combler le manque criant de main-d’œuvre et rapatrier ceux qui sont partis lors des périodes difficiles des dernières années » insiste-t-il.