SAGUENAY - Le Carrefour Environnement Saguenay (CES) a le vent dans les voiles. Les états financiers de l’organisme, déposés en décembre dernier, font état d’une augmentation de 30% du volume d’affaires en 2015. En entrevue à Informe Affaires, le président-directeur général, Bertrand Tremblay, et le directeur des affaires, Réjean Pilote, avancent que le CES prévoit également une croissance de l’ordre de 20% en 2016.
L’entreprise d’économie sociale assure le traitement et le recyclage, dans ses locaux de Chicoutimi de plus de 40% des équipements électroniques et informatiques récupérés au Québec annuellement. En fait, le CES a transformé plus de 4000 tonnes de matériel désuet, dans la dernière année. Cela représente entre 200 et 400 « palettes » de matériel par semaine à traiter. Il s’agit en grande partie d’ordinateurs, d’écrans, de téléviseurs, de différents dispositifs multimédias, ainsi que des copieurs et imprimantes de toutes sortes. Cette matière première est récoltée dans les différents dépôts situés dans les commerces d’électronique, mais aussi à partir des écocentres. Une fois chez CES, tous ces équipements sont démontés et classés pour être ensuite expédiés aux recycleurs de deuxième et de troisième niveaux. Outre ce qui est envoyé à ces clients, un grand volume d’équipement informatique en bon état est également nettoyé et reconditionné. Il retourne sur le marché pour être revendu ou pour être envoyé dans les écoles de la province, au bénéfice des élèves, dans le cadre du programme OPEQ (Ordinateur pour les écoles du Québec). Un modèle de traçabilité unique au Canada Aux dires de Bertrand Tremblay, le succès du CES s’appuie sur une grande compétence de l’équipe en place qui a bâti un modèle d’entreprise unique au Canada. « Ça fait 15 ans qu’on existe et on a fait école dans le recyclage de l’électronique... On a réussi à offrir d’excellents prix pour le traitement de la matière et notre système de gestion est très performant », avance-t-il. De son côté, Réjean Pilote explique que le système de traçabilité des matières traitées a été entièrement monté par les ressources à l’interne et qu’il assure un contrôle parfait d’une précision de l’ordre de 0,5 livre par tonne traitée. « Nous suivons à la trace, de l’entrée dans nos installations jusqu’à l’expédition, plus de 80 variétés de matières différentes que nous devons traiter », explique-t-il. Des normes très sévères régissent le traitement de ces matières qui contiennent certains métaux lourds et produits toxiques. Le CES reçoit la visite de représentants d’un organisme de certification à tous les ans. L’organisme doit montrer patte blanche et se soumettre à des cahiers de charges très précis, particulièrement depuis 2012, alors que le gouvernement du Québec a mis en place l’association pour le recyclage des produits électronique (ARPE - voir encadré). « Ça prend maintenant des professionnels pour traiter ces matériaux... il n’y a plus de place pour les amateurs », avance le président du CES. Une sécurité à toute épreuve Au chapitre de la sécurité, le défi est aussi important. Le gouvernement du Québec et la grande entreprise confient également des équipements informatiques au CES. Ceux-ci reçoivent un traitement particulier, puisque les informations contenues sur les disques durs des équipements doivent subir jusqu’à sept étapes de formatage, pour y éliminer toute trace de données sensibles. Dans de nombreux cas, les dispositifs sont physiquement détruits pour assurer l’absolue confidentialité des informations qui y aurait été enregistrées. Avoir un comportement d’affaires Selon Bertrand Tremblay, l’organisme ne reçoit aucune subvention. La majeure partie de ses revenus provient du programme de l’ARPE et est générée par les « écofrais », applicables aux produits électroniques neufs qui sont achetés par les consommateurs canadiens, dans les différents commerces. Le président est très fier de dire que les activités et le volume d’affaires du CES permet de faire entrer de l’argent neuf dans la région. J’ai l’habitude d’affirmer que nous sommes une organisation hybride... Nous sommes un OBNL, mais il faut avoir un comportement d’affaires ». Des projets d’expansion Réservé sur la question du chiffre d’affaires du Carrefour Environnement Saguenay, Bertrand Tremblay parle tout de même de quelques millions et d’une entreprise qui génère des surplus confortables. « Nous réinvestissons entre 200 000 et 250 000 $ en formation et en achats d’équipement annuellement. Actuellement nous employons entre 50 et 75 personnes, dépendant de la saison, mais nous voulons monter notre équipe à près de 125 travailleurs », lance Bertrand Tremblay. L’homme confirme que des projets d’expansion sont actuellement sur la table. « L’expertise que nous avons développée peut servir dans d’autres secteurs du recyclage. Encore beaucoup trop de matériaux prennent le chemin des sites d’enfouissement... On pourrait aussi aller vers la 2e et la 3e transformation qui sont beaucoup plus rentables. Plus tu fais du démêlage fin, plus c’est payant », explique-t-il. Trois entreprises en une Carrefour Environnement Saguenay c’est aussi une division de distribution d’équipements et de services en informatique. En plus de la vente d’ordinateurs neufs et reconditionnés le CES Informatique offre une dizaine de techniciens qui sont en mesure de conseiller la clientèle. L’approche du commerce est particulière. «On ne propose jamais un ordinateur neuf au départ. On tente, de toute les manières possibles, de prolonger la vie d’un équipement », avance Réjean Pilote. Le CES vend aussi de nombreux articles sur E-Bay. Une unité mobile visite également les entreprises sur demande. L’entreprise réalise même des ventes à l’international. À titre d’exemple, le directeur des affaires explique que le Carrefour Environnement Saguenay a vendu pour 100 000 $ de barrettes de mémoire reconditionnées en Roumanie, au cours des derniers mois. Enfin, l’OBNL exploite une division ébénisterie alors que le CES offre la réalisation ou la remise à neuf de meubles commerciaux et résidentiels. CES Ébénisterie est aussi reconnue pour la fabrication d’îlots de recyclage et de bacs de recyclage en bois.