SAGUENAY – Le parcours de la nouvelle présidente-directrice générale de Télénet Communications Annick St-Pierre est pour le moins atypique. En effet, la native de La Baie a œuvré dans plusieurs domaines avant de trouver sa niche dans les technologies de l’information et des communications (TIC).
« Après avoir travaillé avec ma mère dans son salon de coiffure pour m’initier au monde du travail en très bas âge, j’ai voulu suivre les traces de mon père, un psychologue à la C.S. des Rives-du-Saguenay. J’ai fait un an dans ce domaine à l’Université de Montréal, mais mon besoin de bouger et de voir des gens m’ont dirigée dans un tout autre domaine. J’ai fait partie de la première cohorte du Baccalauréat en Tourisme d’aventure et de plein air à l’UQAC en 1996. J’ai travaillé un peu dans le domaine, notamment au Mont-Édouard et chez Québec Hors-circuit. Encore là, j’ai eu la bougeotte et le goût de faire autre chose. M. Vandal (Luc) qui était chez Bell à l’époque m’a offert un remplacement de congé de maternité comme adjointe administrative. C’est là que j’ai eu la piqûre pour les télécommunications et les TI », raconte Mme St-Pierre.
Charmée par ce nouveau monde qu’elle qualifie d’intéressant et de palpitant, la femme d’affaires de 42 ans avoue qu’il s’agit d’un domaine où il ne faut pas s’asseoir sur ses lauriers, au risque de se faire dépasser. « Je suis quelqu’un qui vit à 100 milles à l’heure. J’ai besoin de bouger. Les fins de semaine, je voyage, je fais du ski, de la plongée sous-marine, du kayak, etc. Après mon remplacement qui s’est prolongé à 18 mois, j’ai travaillé à la Boutique Bell de Place du Royaume. Ce fut un passage obligé, mais j’ai quitté pour me joindre ensuite à la compagnie internationale TOMRA, comme représentante de machines de recyclages de bouteilles et de canettes et ce, dans l’Est du Québec. J’ai roulé 70 000 km dans une seule année. Ce fut un très gros apprentissage. Ce n’est pas évident de vendre un produit à des commerçants qui n’en veulent tout simplement pas. Il fallait trouver des solutions pour changer leur idée et ce fut une belle formation. »
Fondation Équilibre
Comme la région et la direction d’une organisation lui manquaient l’un comme l’autre, Annick St-Pierre accepte le poste de DG de la Fondation Roland-Saucier, qui est devenue la Fondation Équilibre Saguenay-Lac-Saint-Jean, pendant trois ans au milieu de des années 2000. Cela lui permet aussi de revenir aux sources de ses premières amours en psychologie et en santé mentale. « J’ai orchestré le changement de mandat de la fondation, en plus d’organiser la première campagne majeure de financement de celle-ci avec une récolte de 250 000$. J’avais la chance de travailler avec une équipe et un conseil d’administration formidables. Trois ans plus tard, comme je suis une fille de défi, j’ai brigué le poste en Communication et affaires publiques chez Bell Aliant sous la gouverne de Luc Vandal avec qui j’avais déjà travaillé chez Bell et la Fondation Équilibre. J’ai par la suite occupé un emploi comme directrice du développement des Affaires et directrice des ventes, lors de mon retour chez Bell Canada. »
Côté entrepreneurial
En mai 2015, Mme St-Pierre obtient une maîtrise en administration des Affaires (MBA) à l’UQAC, cours complété pendant ses moments libres en soirée et les fins de semaines, tout en travaillant et en s’occupant de son bambin de 4 ans. « À ce moment-là, il y a quelque chose qui se passe et qui me fait réfléchir. J’ai toujours dit qu’un jour je travaillerais pour moi, même si j’avais un bon emploi chez Bell. Je suis une fille qui veux toujours aller plus loin et je ne pouvais plus me réaliser chez Bell, une très grosse entreprise. Des gens m’ont approché et ils ont éveillé mon côté entrepreneurial. Certains voulaient que je prenne la relève de leur entreprise jusqu’au moment où j’ai eu l’occasion de me joindre au nouveau consortium d’actionnaires de Télénet Communications, une fusion et acquisition de Pagex, Procom, D-Tech, Tell-Tech et Télénet. J’ai donc pris la décision en novembre 2016 de quitter Bell et de relever ce nouveau défi à titre de vice-présidente aux opération et ventes jusqu’à ma récente nomination de PDG. »
Une rare femme dans un poste de direction en TI
« Mon travail est passionnant. Je trouve un peu décevant, toutefois, le fait que nous soyons peu de femmes dans le domaine. Nous sommes dans l’industrie 4.0 et les femmes ont leur place, même si historiquement, c’est peut-être un secteur réservé aux hommes. »
Avec une soixantaine d’employés sous sa responsabilité, la nouvelle PDG de Télénet Communications, Annick St-Pierre, ne croit pas être moins crédible pour autant lors de ses rencontres d’affaires avec la gent masculine. « J’ai plus l’impression d’attirer la curiosité parce que j’occupe un poste important de direction chez Télénet Communications. Non, je ne me sens pas à part. Ça va tellement vite tout cela. Je perçois une grande ouverture pour la place de la femme, même si souvent, je suis la seule ou je figure parmi les quelque deux, trois femmes présentes lors des colloques. Et jamais je ne me suis sentie inférieure dans nos discussions. Chez nous, parmi nos 60 employés, je constate aussi que nous n’avons aucune technicienne, et ce, même si ce sont les emplois de demain. »
Du côté de la main-d’œuvre, Mme St-Pierre avoue que les besoins sont toujours là, surtout dans la main-d’œuvre spécialisée. « Nous sommes en croissance et, quand nous avons besoin de nouvelles ressources, le recrutement est plus difficile. Par ailleurs, j’ai la chance de travailler pour une entreprise qui offre sous un même toit des services liés aux technologies de l’information et des communications dans les secteurs industriels, institutionnels et commerciaux avec nos propres infrastructures de fibre optique, d’Internet, de téléphonie d’affaires et de surveillance continue en informatique et sécurité. En fait, les seules choses qu’on ne touche pas sont le cellulaire, la TV et le marché résidentiel, à l’exception dans le résidentiel de l’alarme, le contrôle d’accès et les caméras. Pour le reste, on peut offrir à une PME tous les services en télécommunications et en informatique dont elle a besoin, tout en assurant un service de qualité », explique la PDG, qui assure ses nouvelles fonctions depuis le 28 janvier.
Pour assurer un service de qualité, l’entreprise, basée dans l’édifice CGI à Chicoutimi, a investi au cours des dernières années 1 M$ dans son réseau de fibre optique, en plus de 500 000$ dans ses centres de données. « Nous sommes dans un secteur toujours en progression et nous devons adapter nos équipements et nos produits. Notre objectif est de devenir un fleuron régional. Je suis une bâtisseuse et je peux dire que j’ai trouvé ma niche », de conclure Mme St-Pierre, qui est aussi actionnaire de son entreprise.