SAGUENAY – La Ferme du Fjord du chemin du Plateau à La Baie compte depuis quelques jours sur une nouvelle étable de 35 000 pieds carrés, notamment équipée de deux robots pour la traite, de haute technologie. Il s’agit d’un investissement total de 2,7 M$, qui permettra de doubler la production de cette entreprise.
Les travaux de construction ont débuté le 22 mars et l’entrée des premières bêtes dans leur nouvelle installation s’est amorcée le 9 septembre. « C’est le projet d’une vie. Nos bâtiments étaient remplis à pleine capacité et avec les nouvelles normes du ministère de l’Agriculture sur le bien-être animal et les programmes de subvention pour la relève, la fenêtre était là pour investir. Dans le nouveau bâtiment, on retrouve 205 logettes, deux robots pour la traite, le mélange de la nourriture sera aussi automatisé pour être distribué aux animaux. Avec les mêmes personnes, soit les trois familles qui y travaillent, celle de mon neveu et associé Simon Riverin, notre employé à temps plein et la mienne, nous serons en mesure de doubler la production », explique Daniel Gobeil, propriétaire de la Ferme du Fjord.
Un troisième robot dans les plans
M. Gobeil représente la troisième génération de la famille. Il a pris la relève de son père Marcel, il y a déjà 20 ans, même si ce dernier est toujours actif, tout comme sa mère Colette. « Les nouvelles normes de bien-être animal, c’est important et nous avons construit dans le respect de celles-ci. Les vaches ont notamment plus de place. Nous avons aussi installé deux robots pour la traite, et nous en prévoyons en installer un troisième d’ici cinq ans. Cette nouvelle construction a pour but de doubler le troupeau pour la nouvelle génération. »
Actuellement, la ferme du Fjord compte 125 vaches laitières et 75 génisses. La nouvelle étable peut accueillir 205 vaches laitières, alors qu’en 1998, elle en avait une quarantaine. « Notre quota est de 105 kilos de matière grasse/jour, c’est-à-dire que l’on produit 2 500 litres de lait quotidiennement. Notre objectif à moyen terme est de doubler cette production », précise le producteur de lait, agronome de formation.
La 4e génération en préparation
Même s’il n’est âgé que de 45 ans et qu’il a encore beaucoup de temps de travail devant lui, Daniel Gobeil prépare la 4e génération. C’est à son neveu et filleul Simon Riverin qui relèvera ce défi. Il travaille avec son oncle depuis son tout jeune âge, et à temps plein depuis la fin de ses études en Gestion et technologie en entreprise agricole à Saint-Hyacinthe, il y a deux ans.
« Avant, tout le monde avait un grand-père ou un oncle qui travaillait sur une ferme ou qui venait de la campagne. Aujourd’hui, il y a de moins en moins de fermes. On en retrouve 285 dans la région. Nous devons répondre aux attentes sociétales, avec des règles d’environnement des plus sévères et c’est tant mieux. C’est obligatoire avec les jeunes. Mais ça a des coûts. Il faut que les gens soient conscients de cela.
« Quand on parle du prix du lait, la gestion de l’offre, les consommateurs ont des attentes. Nous avons aussi les contraintes de la nordicité, comme bâtiments qui doivent être isolés. C’est tout un défi. Je suis en confiance avec Simon (Riverin) et même quand je ne suis pas là, mon père est toujours présent. Il a l’expérience et les connaissances et c’est un excellent conseiller pour lui », avoue M. Gobeil.
Le plaisir de travailler en famille
Pour sa part, Simon Riv2erin se trouve chanceux de relever ce défi dans un bâtiment moderne et informatisé. « Ça me sort de ma zone de confort. C’est un gros projet qui se concrétise. On le fait aussi pour s’améliorer et avoir plus de plaisir à travailler. Depuis que je suis tout petit, même avant d’aller à l’école, je me faisais garder à la ferme chez ma grand-mère. Je ne voulais pas aller à la garderie. En grandissant dans le milieu, j’ai eu la chance de travailler avec mon grand-père et mon oncle. Ce n’est pas tout le monde qui a la chance de travailler en famille, pour nous-autres et dans le même but. »
Appui aux transformateurs de lait
En plus du travail sur sa ferme laitière et de son expansion, Daniel Gobeil est aussi très impliqué auprès des producteurs de lait de la région depuis 2007, ainsi qu’au niveau provincial.
Le premier vice-président des Producteurs laitiers du Québec (PLQ) et président régional du Syndicat des producteurs de lait du Saguenay-Lac-Saint-Jean donne raison aux transformateurs laitiers du Québec qui réclament une aide d’urgence du gouvernement fédéral en raison de l’arrivée massive sur les tablettes des marchés d’alimentation de produits laitiers en provenance de l’Europe et des États-Unis.
« D’abord pour nous, les producteurs, ça nous sécurise d’avoir des transformateurs dans la région. Notre lait est vendu ici. Nous avons eu des compensations dans le secteur laitier et les transformateurs n’ont encore rien eu. Ils sont touchés par l’arrivée des formages européens, par exemple. Je parlais récemment avec Gilles de la Fromagerie Blackburn. Il dit qu’il perd des ventes associées à cela. Je comprends leurs demandes auprès du gouvernement », affirme Daniel Gobeil.
Même avec la gestion de l’offre, le producteur souligne qu’il y aurait une rationalisation s’il n’y avait que quelques transformateurs au Québec. « De pouvoir compter sur des Nutrinor, Boivin, Perron et Blackburn pour acheter nos produits dans la région, c’est très sain. Notre lait est vendu aux usines de la région. Si elles ferment, il va s’en aller ailleurs en province et avec le transport, il reste moins d’argent dans nos poches. C’est tout un avantage d’avoir de la transformation régionale. »
Toujours selon M. Gobeil, dans ce dossier, chaque partie, producteurs et transformateurs, avait ses demandes. « Mais nous n’avons jamais été en contradiction avec les transformateurs. On travaille tous ensemble. On vend notre lait à la Fédération des producteurs de lait, tandis que les transformateurs, c’est plus difficile, car ils sont quand même en compétition sur les marchés. »