SAGUENAY – La designer, couturière et femme d’affaires Louise Boivin fabrique une centaine de morceaux de vêtements par semaine dans son atelier-boutique à Chicoutimi-Nord et s’implique dans la Corporation des métiers d’art du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Depuis 35 ans, le cheminement de cette travailleuse autonome, qui a su faire face aux nombreux changements dans le domaine commercial et technologique, pourrait en inspirer plusieurs.
« Pour être productive, il ne faut pas nécessairement être plusieurs. Il faut avoir du cœur. En fait, je suis un vrai caméléon. Je suis capable de m’adapter et c’est ce qui me permet de continuer depuis toutes ces années », souligne la designer, qui confectionne les tenues de spectacle de la réputée Ginette Reno depuis sept ans.
Louise Boivin a obtenu un DEC en Arts avant de se tourner vers la mécanique automobile pendant deux sessions. Pour financer ses études, elle travaillait chez un fleuriste, ce qui l’a incité à ouvrir sa propre boutique, FleursArt, à l’âge de 20 ans. « Deux ans plus tard, j’ai acheté une maison sur le boulevard Sainte-Geneviève pour la convertir en magasin et j’y suis toujours aujourd’hui. À part le petit centre commercial, il y avait très peu de commerces sur Sainte-Geneviève à cette époque. Il n’y avait pas non plus de terre-plein, ce qui, j’avoue, a nui à beaucoup de commerçants. J’ai fermé le magasin de fleurs en 1997 pour la naissance de mes deux autres filles », raconte la femme d’affaires qui, malheureusement, a perdu une fillette de 5 ans en 1989.
De petits pas à Cstreight
Au début des années 2000, Mme Boivin s’est associée à sa belle-sœur, Sandra Claveau, pour lancer une ligne de vêtements pour enfants avec la collection « petits pas ». Elles ont ouvert deux boutiques, une au Carrefour Racine et l’autre, toujours dans la maison du secteur Nord. « Deux ou trois années plus tard, nous avons ajouté la collection Cstreight pour les femmes adultes, mais cette fois nous étions grossiste pour une trentaine de boutiques. Nous avions quelques couturières pour toute cette production. J’ai racheté ma partenaire après quelques années et, depuis huit ans, je suis seule à produire », raconte-t-elle.
L’arrivée de la vente en ligne et des grandes surfaces a obligé Louise Boivin à faire des pirouettes et à s’adapter. « Le marché a beaucoup changé. Plusieurs des 30 boutiques que je fournissais ont fermé leurs portes, et je ne voulais plus non plus supporter les délais de paiement qui sont plus longs aujourd’hui. Aujourd’hui, je produits pour mon atelier-boutique et sur mesure, surtout pour des robes de mariée, de filles d’honneur, de galas, de soirées thématiques, ou pour des tenues de soirée, etc. Ma particularité, c’est que je fais des tailles régulières de xxx-small à x-large, ainsi que les tailles fortes de x à 7x. De plus, il y a du nouveau toutes les semaines dans la boutique. Vous savez, nous traitons notre clientèle comme dans le passé. Doris (mon employée) est une experte dans la vente-conseil et c’est pourquoi nos clientes reviennent. »
35e anniversaire
Pour souligner son 35e anniversaire en affaires, Mme Boivin mise sur une nouvelle collection et un nouveau logo pour renouveler l’image de son entreprise. « J’ai plein d’idées. Déjà, j’offre une collection de morceaux pour les jeunes femmes d’affaires, notamment. Ça me permet de renouveler ma clientèle. Je vais aussi apporter des modifications à l’extérieur de la bâtisse et je pense bien aménager un secteur de la boutique pour les robes de mariée. J’ai toujours aimé ce que je fais et non, je ne pense pas encore à la retraite. Je suis encore jeune et je suis une femme très active. Je n’ai jamais eu d’aide financière et de subventions et, comme travailleuse autonome, je réinvestis dans mon commerce pour suivre la parade », de conclure celle qui va jusqu’à récupérer tous les tissus pour fabriquer des morceaux pour des ventes de liquidation.