SAGUENAY – Selon l’organisation Manufacturiers & Exportateurs du Québec (MEQ), il s’est perdu 633 millions de dollars depuis les deux dernières années au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Cette importante perte serait causée par le phénomène de rareté de main-d’œuvre et les conséquences qui s’y rattachent.
« La pénurie de main-d’œuvre est un frein à la relance économique. Combien d’argent le gouvernement est prêt à perdre dans les prochaines années ? Combien d’entreprises devront refuser des contrats, délocaliser une partie de leurs activités à l’étranger ou réduire leur croissance ou fermer avant que l’on s’attaque à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur manufacturier avec des mesures qui ont de l’impact ? », questionne Véronique Proulx, présidente-directrice générale de MEQ.
Cette conclusion préoccupante émerge de la tournée de consultations réalisée auprès d’entreprises manufacturières de 10 régions à l’échelle de la province menée par Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) et d’un sondage effectué auprès de 400 manufacturiers d’ici.
Des pertes préoccupantes
Le constat est d’autant plus préoccupant du fait que la situation est généralisée à l’ensemble de l’industrie. En effet, 98,5 % des entreprises sondées affirment avoir besoin de main-d’œuvre et 70 % d’entre elles disent refuser des contrats ou payer des pénalités de retards de production. Plusieurs doivent d’ailleurs ralentir leurs activités et certaines songent même à déménager leur entreprise.
Près d’une entreprise sur quatre a besoin de combler 20 % ou plus de sa main-d’œuvre. Dans les faits, ce sont les postes aux salaires entre 20 à 29 $ de l’heure qui sont les plus en demande dans le secteur manufacturier (49 %). Parmi les postes les plus difficiles à combler se trouvent les postes de journaliers, d’opérateurs, de soudeurs, de machinistes, de manœuvres, d’assembleurs, de techniciens, de mécaniciens et d’ingénieurs
« Le bassin actuel de travailleurs ne suffit pas. Le gouvernement doit proposer des mesures spécifiques pour pallier la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur manufacturier et aligner ses programmes au manufacturier pour avoir une vision d’ensemble concertée et cohérente qui aura un réel impact. C’est le temps d’agir ! », déclare M. Proulx. D’ailleurs, dans le sondage de MEQ, deux entreprises sur trois croient que le gouvernement du Québec pourrait en faire beaucoup plus pour aider à régler le problème de pénurie de main-d’œuvre.
Des actions spécifiques pour aider le secteur manufacturier
MEQ demande au gouvernement du Québec de mettre en place un plan d’action avec des mesures spécifiques pour le secteur. L’association propose ainsi 13 mesures pour pallier la pénurie de main-d’œuvre dont :
- Augmenter les seuils d’immigration économique permanente et accélérer le processus d’admission, en tenant compte des besoins du secteur manufacturier. Des délais de 18 mois sont également demandés.
- Accélérer l’arrivée des travailleurs étrangers temporaires en faisant passer le délai moyen de traitement des dossiers à 9 mois.
- Mettre en place, par région, des missions de recrutement international au sein des pays de la francophonie pour des emplois en demande dans le secteur manufacturier.
- Mieux appuyer et outiller les PME manufacturières qui font de la formation à l’interne.
- Mieux faire connaître le secteur manufacturier auprès des clientèles éloignées du marché du travail.
- Attirer les jeunes dans le secteur
- Accentuer le soutien financier et l’accompagnement technique des entreprises manufacturières en matière d’automatisation et de robotisation.
Faits saillants au Saguenay–Lac-Saint-Jean et Côte-Nord
- 75 % des entreprises sondées ont dû refuser des contrats et/ou accumuler des retards de production dans les deux dernières années à cause de la pénurie de main-d’œuvre.
- 12,5 % des entreprises sondées ont envisagé de déménager une partie de leurs activités à l’étranger ou de donner davantage de contrats en raison de la pénurie de main-d’œuvre.
- 192 postes sont à combler dans les deux régions combinées (8,1 % du nombre total d’employés).