L’étude, réalisée par la firme Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT), veut offrir un portrait détaillé de l’essor économique anticipé pour la région et du potentiel que cela représente pour les entreprises. Elle a été présentée à une salle réunissant quelque 280 gens d’affaires.
De ces 27 G$ d’investissements, 6,9 G$ ont été catégorisés comme assurés. La majeure partie, soit 17,8 G$, sont qualifiés de potentiels. Quelque 2,4 G$ sont incertains. Nicolas Plante, associé chez RCGT, souligne que la catégorie des investissements potentiels inclut notamment des projets qui n’ont pas encore été annoncés ou qui sont en train d’être finalisés. « Mais, en fonction de ce que les donneurs d’ouvrage nous ont confié, c’est ce qu’ils anticipent aujourd’hui comme projections », précise-t-il, ajoutant que les rencontres effectuées avec les donneurs d’ordres ont permis d’aller au-delà de ce qui est connu.
Retombées
Si tous les investissements comptabilisés dans l’étude se réalisent, les retombées économiques sont estimées à 17,7 G$ en impacts directs et indirects. Cela permettrait de créer 13 500 emplois (équivalents temps complet) au cours des 10 prochaines années. On prévoit que 900 de ces emplois seraient des emplois annuels permanents.
Plus de 75 % de ces retombées auraient lieu entre 2025 et 2029. Toutefois, il faut noter que seuls 13 % à 15 % des projets prévus entre 2027 et 2029 sont assurés. Ce pourcentage remonte à près de 30 % en 2030, puis tourne autour de 45 % à partir de 2033.
Environ 72 % des retombées seront concentrées principalement dans trois secteurs, soit la fabrication (49 %), suivie du secteur primaire et des services professionnels, scientifiques et techniques.
Liés à l’énergétique
Environ 40 % des projets sont liés au secteur énergétique, suivi de l’industriel, de l’institutionnel et commercial, du résidentiel et du génie civil. Les investissements proviendraient d’ailleurs majoritairement d’Hydro-Québec (11 G$, qualifiés de potentiels) et d’entreprises privées.
Mentionnons que les dépenses d’exploitation récurrentes provenant des différents projets prévus totalisent 5 G$ d’ici 2035.
Forte croissance économique
L’étude témoigne également de la forte croissance du Saguenay–Lac-Saint-Jean dans le contexte postpandémique. Son PIB a ainsi cru de 15,2 % en 2021, puis de 6,5 % en 2022, pour s’établir à 14,3 G$. De 2013 à 2022, le PIB de la région représentait entre 2,8 % et 3 % de celui du Québec.
« Cette étude témoigne de la vitalité et du potentiel exceptionnel de notre région. Elle confirme également l'importance de travailler collectivement pour relever les défis à venir et maximiser les retombées de ces projets structurants », affirme Sandra Rossignol, PDG de la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord.
Le PIB régional est principalement concentré dans le secteur de la fabrication (20 %), suivi de la Finance, assurances et services immobiliers (11 %), puis des soins de santé et assistance sociale (11 %). On compte par ailleurs plus de 900 employeurs régionaux actifs dans le domaine de la construction.
Des défis
L’étude a aussi permis d’identifier plusieurs défis liés aux projets d’investissements prévus. Le recrutement de main-d’œuvre, l’accès au logement, l’accès aux blocs d’énergie, la bonification de la desserte aérienne, la modernisation des infrastructures publiques de transport et l’optimisation des processus d’approbation et de facilitation des projets ont notamment été nommés.
En effet, le taux de chômage continue à baisser dans la région, passant de 3,8 % en 2022 à 2,7 % en moyenne pour les deux premiers trimestres de 2024. « L’économie est dynamique. Nous avons presque le plein emploi. C’est sûr que le fait d’ajouter des grands projets comme ceux-ci, même la moitié de ce qui est annoncé, va amener une effervescence encore plus grande. Ça va créer une plus grande pression sur la disponibilité de la main-d’œuvre, sur la disponibilité des logements, sur toute la structure pour accueillir ces projets-là », indique Nicolas Plante.
Le taux d’inoccupation des logements est également en baisse, s’établissant entre 0,6 % et 1,3 % selon les secteurs de la région, et ce, malgré la mise en chantier de 3 335 unités entre 2020 et 2023. « Un marché à l’équilibre a un taux d’inoccupation d’environ 3 %. Juste aujourd’hui, sans cet apport d’investissement, nous avons déjà un certain déficit de logements », affirme M. Plante.
Collaboration et proactivité
Afin de faire face à ces défis, l’étude propose une quinzaine de pistes de solution. La CCISF souhaite ainsi ouvrir la discussion entre les entrepreneurs et les acteurs du développement économique régional afin de planifier et de coordonner les prochaines années. « Au-delà [du 27 G$], l’élément collaboratif des donneurs d’ouvrage qui veulent créer quelque chose, se préparer en groupe, je pense que c’est vraiment exceptionnel. Qu’il y ait une participation aussi grande, un intérêt des donneurs d’ouvrage […], c’est un élément marquant », fait d’ailleurs valoir Nicolas Plante au sujet de la réalisation de l’étude.
Lors de l’événement, les intervenants ont aussi plusieurs fois insisté sur l’importance pour les entreprises, les décideurs et les organisations de travailler en collaboration et de façon proactive afin de se préparer à la venue de ces grands projets. « Il faut amener toute la chaîne autour, l’approvisionnement, les intrants, les extrants. Avoir la chaîne d’approvisionnement qui est fonctionnelle, ce sont des éléments qu’il sera important mettre en place dans les prochaines années », affirme Nicolas Plante.
« On donne de gros chiffres aujourd’hui. Il ne faut pas avoir peur de ça. Il faut se préparer. C’est un indicateur de vers où on devrait se diriger », a partagé Carl Laberge, PDG du Port de Saguenay, lors du panel de discussion suivant le dévoilement de l’étude.