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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – L’économie du Saguenay–Lac-Saint-Jean poursuivra son expansion en 2018 et 2019, mais à un rythme un peu moins soutenu que le reste de la province, si l’on en croit les prévisions économiques réalisées par Desjardins. La hausse du produit intérieur brut (PIB) devrait se situer autour de 3,5 % en 2018 et 3,3 % en 2019, selon les chiffres dévoilés par l’institution financière.

Selon l’économiste Chantal Routhier, qui a participé à la réalisation des prévisions de Desjardins, les années 2015 et 2016 ont été plus faibles au niveau de la croissance économique dans la région. Il y a eu un rattrapage en 2017, avec une hausse du PIB de 4 %. « Quand l’économie repart, le taux augmente, mais il se stabilise ensuite à un niveau un peu moins élevé », explique-t-elle, mentionnant qu’une croissance de 4 % est un niveau très haut et difficile à soutenir à long terme pour une région comme la nôtre.

Les investissements prévus dans la région au cours des prochaines années sont un point positif pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean, puis-qu’ils ont une influence sur la croissance économique. « Il y a un certain dynamisme au niveau des investissements qui stimule l’économie », souligne Mme Routhier. L’annonce de Rio Tinto, qui injectera 250 millions de dollars dans l’usine Vaudreuil, les projets miniers en développement (Arianne Phosphate et Métaux BlackRock), de même que la construction à venir de la nouvelle ligne à 735 kV Micoua-Saguenay ont été pris en compte par les économistes de Desjardins dans leurs prévisions et annoncent vraisemblablement des années positives pour la région.

Pour expliquer le fait que la croissance demeurerait un peu moins élevée que l’an dernier malgré les investissements annoncés, Chantal Routhier affirme que ces chantiers ne se sont pas encore concrétisés et que plusieurs facteurs sont à prendre en compte quand on évalue leurs impacts. « Ce sont des projets à plus ou moins long terme. […] Il y a plusieurs éléments à regarder : Quelle ampleur auront les travaux? Quel sera le mo-
ment où il y aura le pic au niveau des investissements? […] Si on voit que ça part gros et vite, on pourrait peut-être revoir la croissance à la hausse », estime l’économiste.

Virage vers l’innovation

Autre point positif pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean, l’économie poursuit son virage vers l’innovation et les nouvelles technologies. L’étude économique de Desjardins mentionne notamment l’ouverture d’un studio d’Ubisoft, l’investissement de 8 M$ pour instaurer le Centre de recherche et de transfert technologique Agrinova-BioChar Borealis, le Centre d’excellence sur les drones d’Alma et un incubateur numérique [Hub SLSJ NDLR]. « La présence d’entreprises évoluant dans le développement des drones, le cinéma, la création numérique, la géomatique, l’intelligence artificielle, les mégadonnées, le nuage informatique ou encore les applications mobiles et l’impression 3D offrent un bon potentiel de développement pour le Hub », peut-on lire dans le rapport.

Le travail de la communauté d’affaires et des acteurs de l’économie régionale est également notée comme une force. « La communauté socioéconomique est très dynamique. On sent l’unité et la cohésion. La région cherche à se revitaliser, à se diversifier. La mobilisation est un atout très précieux », constate l’économiste.

Des points à surveiller

Les acteurs économiques doivent toutefois demeurer aux aguets, puisque divers facteurs peuvent influencer négativement la croissance. « L’économie du Saguenay–Lac-Saint-Jean est fortement concentrée dans le secteur de l’exploitation des ressources naturelles, qui est soumis à une plus forte pression du marché international », indique l’économiste Chantal Routhier, qui a participé à la réalisation des prévisions. Elle prend l’exemple de l’aluminium pour expliquer que le prix des matières premières évolue principalement selon la demande mondiale. « L’économie régionale est donc davantage exposée à l’humeur et aux fluctuations des marchés économiques mondiaux. La région doit s’ajuster à cette réalité », précise-t-elle. Desjardins mentionne notamment les renégociations commerciales entre le Canada et les États-Unis, de même que la question du caribou forestier, comme aspects pouvant influencer la croissance économique du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Le défi démographique est, sans surprise, un obstacle majeur que pourrait rencontrer le développement économique au cours des prochaines années. L’accroissement démographique devrait atteindre seulement 0,4 % entre 2016 et 2021, contre 3,8 % pour l’ensemble de la province. De 2021 à 2026, selon les prévisions de l’Institut de la statistique du Québec, le Saguenay–Lac-Saint-Jean ne pourra plus compter que sur l’arrivée de nouveaux résidents en provenance d’autres régions ou pays, puisque les décès surpasseront les naissances. Seule exception, la MRC du Fjord-du-Saguenay devrait enregistrer une croissance de sa population non seulement plus élevée que celle de la région, mais aussi que celle du Québec.

« Le vieillissement de la main-d’œuvre est plus prononcé qu’ailleurs. Toutes les mesures qui auront pour effet d’accroître la productivité, l’automatisation, seront bienvenues », croit Mme Routhier. L’économiste cite en exemple Produits forestiers Résolu, qui devra pourvoir 800 postes dans la région d’ici 2021. La moyenne d’âge des employés de ses usines se situe autour de 57 ans. Dans le domaine de la main-d’œuvre, Desjardins souligne les initiatives déployées dans la région pour attirer et retenir les travailleurs.

Emploi

Quant au marché du travail, la croissance de l’emploi devrait se poursuivre d’ici 2019, mais également à un rythme moins soutenu. Le taux de chômage devrait rester en baisse. La hausse des emplois est notamment liée aux investissements prévus dans les différents secteurs de l’économie.

Le rapport peut être consulté ici :https://www.desjardins.com/ressources/pdf/18SLSJ-f.pdf?resVer=1526058335000

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