SAGUENAY – L’année 2023 a été plus difficile sur le plan économique au Québec et au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Si 2024 poursuivait d’abord dans la même lignée, il serait possible de voir la lumière poindre au bout du tunnel à partir du deuxième trimestre.
Le Québec a connu deux trimestres de croissance négative en 2023, mais les chiffres du dernier trimestre n’ont pas encore été dévoilés. Les économistes anticipent toutefois que l’année s’est terminée en récession et que 2024 commence sur cette lancée.
« Tout porte à croire que l’année débute en récession, mais on s’attend à ce que l’économie rebondisse assez rapidement au courant de 2024, sans détérioration trop significative du marché de l’emploi. Nous prévoyons quelques pertes d’emplois dans les premiers mois et une hausse du taux de chômage. Il s’agirait donc d’une récession modérée par rapport à ce que nous avons pu voir dans le passé et assez courte », indique Maëlle Boulais-Préseault, économiste chez Desjardins.
Elle rappelle que, malgré une légère hausse du taux de chômage dans les derniers mois, la moyenne de 2023 constituait un creux historique tant au Québec que dans la région. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, l’emploi a d’ailleurs augmenté de 3,2 % l’an dernier, ce qui représente une croissance intéressante. Toutefois, les économistes de Desjardins prévoient une baisse d’environ 0,5 % pour 2024.
Reprise
La situation devrait toutefois commencer à s’améliorer à compter du deuxième trimestre. « Nous nous attendons à une baisse des taux d’intérêt dès le deuxième trimestre de 2024. Nous pensons que l’inflation, qui est à 3,1 % actuellement, devrait être de retour vers les 2 % d’ici la fin de l’année. Cela devrait donc régler les plus grands problèmes de 2023 », précise Mme Boulais-Préseault.
Le chômage devrait également revenir vers la normale en deuxième moitié d’année. « Nous devrions déjà nous trouver en période de reprise dans la seconde partie de 2024. » Il ne faut toutefois pas s’attendre à ce que le taux directeur retourne aux niveaux près du 0 % qui avaient cours avant les hausses. « Nos scénarios s’arrêtent autour de 3 % », nuance l’économiste.
Pression relâchée
Maëlle Boulais-Préseault estime que les pertes d’emplois limitées, combinées à une baisse des taux d’intérêt et de l’inflation viendront enlever beaucoup de pression sur les finances des ménages et des entreprises. « Cela pourrait encourager les entreprises de la région à reprendre leurs investissements. Il ne faut pas oublier que nous avons quand même plusieurs investissements importants annoncés au Saguenay–Lac-Saint-Jean cette année, dont celui de Rio Tinto. Ça devrait stimuler l’économie et atténuer l’impact de la récession », affirme-t-elle.
L’économiste s’attend d’ailleurs à une croissance légèrement plus élevée du PIB nominal (qui inclut l’inflation) dans la région, avec 3 %, par rapport au Québec (2,6 %). L’augmentation du PIB réel pour la province se situerait autour de 0,1 % en 2024, mais cette donnée n’est pas calculée pour les régions. « Ce sera une année assez stagnante », évalue-t-elle.
Marché immobilier
Influencé par les hausses de taux, le marché immobilier a ralenti Saguenay–Lac-Saint-Jean en 2023. Toutefois, les mises en chantiers ont moins diminué dans la région qu’ailleurs au Québec. « Il y a eu une reprise au troisième trimestre, où il y a eu plus de mises en chantier par rapport au même trimestre en 2022. Ça fait que l’année s’est terminée de façon un peu moins négative que dans les autres régions. Du côté du marché de la revente, nous nous sommes situés dans la moyenne de la province », explique Mme Boulais-Préseault.
Celle-ci estime que le marché immobilier devrait toutefois être influencé par la baisse des taux. Les transactions reprendraient assez rapidement. Par contre, la crise du logement demeurera d’actualité. « Le taux d’inoccupation des logements est assez bas au Saguenay–Lac-Saint-Jean et il y a eu une diminution des mises en chantier. Même s’il y a une reprise, il faudra donc rattraper le chemin perdu », affirme-t-elle.
À surveiller
Les économistes continueront à porter une attention particulière à la façon dont l’emploi répond aux mesures économiques et à l’impact des grèves qui ont eu lieu dans le secteur public. « On ne pense pas qu’il y ait d’autres hausses de taux directeur. C’est certain que si l’inflation est plus persistante, cela pourrait encourager la Banque du Canada à attendre avant de baisser le taux directeur. Ça pourrait repousser un peu le moment de la reprise », conclut Maëlle Boulais-Préseault.