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Jonathan Thibeault

SAGUENAY – Les régionaux doivent s’intéresser aux autres industries qui font rouler l’économie du Saguenay–Lac-Saint-Jean, selon le vice-président régional chez Raymond Chabot Grant Thornton, Éric Dufour. Lors d’une entrevue accordée à Informe Affaires, le comptable a déploré que certaines entreprises ne gravitent qu’autour de l’aluminium et la forêt, alors que d’autres secteurs, comme la Défense nationale, l’agroalimentaire et le tourisme, ont des retombées insoupçonnées pour la région.

« En ce début d’année, je veux lancer un message qu’il y a une culture à changer. Il faut pointer les projecteurs vers des créneaux plus importants qu’on ne le pense : l’agroalimentaire, les affaires électroniques, la base des Forces canadiennes à Bagotville et la technologie du savoir… Il s’agit ici de quelques créneaux sur lesquels les propriétaires d’entreprises devraient davantage se concentrer », mentionne-t-il d’entrée de jeu.

« Le tourisme, loin d’être l’enfant pauvre »

Éric Dufour analyse que l’industrie du tourisme a atteint, dans les dernières années, une position enviable en matière de retombées économiques pour la région. « Je pense aux différentes PME qui existent et le secteur le plus méprisé est celui-ci. On l’a souvent perçu comme l’enfant pauvre. Pourtant, l’industrie touristique génère des centaines d’emplois et des données prouvent que la prochaine décennie sera très profitable. Les visiteurs sont au rendez-vous », analyse-t-il. « Même chose pour l’agroalimentaire. Il y a des histoires inspirantes dans cette industrie et il ne faut pas oublier que cette filière a un PIB de 470 M$. Il faut profiter des domaines qui vont bien », souligne-t-il.

Travailler avec la base militaire

Solidement implantée dans la région, la 3e Escadre de Bagotville est l’un des plus importants employeurs de la région. Selon les dires de M. Dufour, il y a de nombreuses opportunités d’affaires qui se présentent aux entreprises régionales, mais il y a encore très peu d’organisations accréditées par la Défense nationale pour réaliser des travaux à ses installations.

« La possibilité de travailler avec la base militaire est plus grande qu’on ne le croit. D’ailleurs, il semblerait que très peu d’entreprises du Saguenay–Lac-Saint-Jean soient autorisées à travailler dans ces périmètres, alors que l’organisation aimerait davantage collaborer avec des gens de chez nous », dit-il. « Je sais aussi que des représentants de la base de Bagotville rencontreront bientôt les entrepreneurs lors d’une activité de la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord, car ils veulent préciser qu’il y a du potentiel de croissance à œuvrer avec eux. »

En finir avec le client unique

Celui qui occupe aussi la présidence du comité entrepreneurial de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) interpelle les décideurs pour qu’ils diversifient leurs sources de clientèle afin de limiter les effets néfastes lors de périodes de morosité économique. « Pour être capable de survivre dans le temps, une entreprise ne peut plus se permettre d’avoir des relations d’affaires avec un seul client. Il faut aussi que les dirigeants pensent à diversifier les industries où ils opèrent », fait savoir le comptable. « L’économie de la région se porte bien. Les créneaux traditionnels vont au ralenti, il faut donc travailler avec les nouvelles filières », ajoute-t-il.

Changer ses pratiques

Au terme de l’entretien accordé à Informe Affaires, le v.-p. régional de RCGT presse les gens d’affaires à moderniser leurs pratiques en ressources humaines. « La difficulté à recruter du personnel doit être traduite par un changement des pratiques par les employeurs. Il faut encourager la participation des employés dans les décisions, il faut repenser les avantages sociaux et il faut aussi revoir les pratiques en termes de rémunération. Il faut qu’ils se réinventent. Il y a tout un chantier devant nous », conclut-il.

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