ALMA – Diversification, intégration verticale, synergie et acquisition sont toutes des stratégies au cœur du modèle d’affaires de la famille Plourde. Leur objectif : bâtir une entreprise agroalimentaire basée sur le bleuet sauvage en s’échappant des restrictions causées par la saisonnalité du produit et la rareté de main-d’œuvre. Portrait d’entrepreneurs.
L’histoire entrepreneuriale commence avec le père, Jean-Claude Plourde, qui aménage une bleuetière sur un lot situé derrière sa maison. L’homme d’affaires et ses fils acquièrent en 2015 une PME de la région de Charlevoix, Bleuet Royal. « L’achat de cette première entreprise n’était pas pour ses terres, mais pour son nom et ses canaux de distribution. Une stratégie qui nous a permis de nous introduire dans l’industrie avec en poche quelques points de vente », explique David Plourde qui s’occupe du développement des affaires.
Les années passent et l’implantation d’une première usine d’emballage motive David Plourde à effectuer un changement dans sa vie. « À l’époque, moi et mon frère, Johnny, nous étions impliqués à temps partiel dans la bleuetière. Nous prenions nos vacances d’été en fonction des récoltes. Je possède une maîtrise universitaire et j’avais un bon emploi. La fibre entrepreneuriale a cependant pris le dessus et j’ai troqué la sécurité pour l’aventure. J’ai quitté mon travail et je me suis investi à temps plein dans le projet familial. »
Un avantage concurrentiel
Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, la production de bleuets représente parfois 100 millions de livres par année. Contrairement aux autres cultivars, il est impossible d’acheter des plants de bleuets sauvages et ils ne poussent qu’à quelques endroits où le sol est propice à sa propagation. « Lorsque tu te lances en affaires, tu cherches un avantage concurrentiel. Le bleuet sauvage représente un
créneau de choix puisqu’il n’existe pas ou peu à l’extérieur de notre région et avec l’arrivée des congèleries, il se vend maintenant sur les marchés internationaux. La croissance va rondement depuis les débuts, cependant, nos ambitions entrepreneuriales ne sont pas réalistes en se basant uniquement sur un produit saisonnier. »
Acquérir synonyme de synergie
Il a donc été question, dès l’implication à temps plein de David, que le modèle d’affaires ne soit pas basé uniquement sur une production maraîchère. « Impossible d’avoir une constance dans son personnel et dans sa rétention si tu peux uniquement offrir de l’ouvrage deux mois par année. Il fallait trouver un moyen de grandir. Deux solutions se sont présentées à nous : stimuler la croissance organique en développant de nouveaux produits ou faire des acquisitions. Nous avons fait les deux. »
Armé de son téléphone, le jeune entrepreneur fait plusieurs « cold calls » afin de trouver une entreprise ayant un potentiel synergique. « Nous sommes tombés sur une PME de Shawinigan qui produisait des langues de porc marinées et des œufs à la coque dans le vinaigre commercialisés sous trois marques différentes. Un créneau qui, je dois l’admettre, n’attire pas une jeune clientèle, mais qui trouve écho chez les amateurs de chasse et pêche. Nous avons rencontré les propriétaires et les pourparlers pour le rachat ont suivi. » L’usine de Shawinigan a donc été déménagée à Alma et de dix à douze employés y sont postés à temps plein. « Posséder une bleuetière et acquérir une entreprise de viande, ça peut sembler inusité. Toutefois, sur le plan de la main-d’œuvre, de la gestion, de l’administration et de la distribution, cela apporte un gros plus. Il est plus facile de proposer à un client l’introduction d’une nouvelle gamme de produits si nous avons déjà des marques sur ses tablettes. »
Un modèle qui fait ses preuves
Selon l’entrepreneur, 95% du bleuet sauvage produit dans la région est congelé et vendu sur le marché. Pour la famille Plourde, la congélation n’était donc pas une avenue à emprunter pour donner une plus-value à leur production. La troisième transformation avec le projet Verifruit est donc un chemin plus censé sur le plan stratégique. « Notre attention pour les années à venir demeure la valorisation du bleuet sauvage. En parallèle, nous allons continuer à croître organiquement et à chercher à faire des acquisitions. Cette façon de faire des affaires a permis à mon frère Johnny et sa conjointe Nadia d’intégrer à temps plein l’entreprise et d’assurer la pérennité de nos activités », conclut le directeur du développement chez Bleuet Royal.