SAGUENAY – La famille de Canada Sauce s’agrandit avec l’arrivée d’une toute nouvelle division : Asia Sauce. Comptant six produits originaux, cette gamme permet à l’entreprise basée à Chicoutimi-Nord de se diversifier.
Simon-Pierre Murdock, copropriétaire avec Jean Boivin et Frédéric Eleonore, explique qu’Asia Sauce vise un marché plus niché que celui des condiments traditionnels, tels que ketchup, relish ou moutarde, ciblé par Canada Sauce. « Nous ne sommes pas dans des marchés de masse avec Asia Sauce. Ce ne sont pas des condiments que l’on consomme plus régulièrement. Nous visons vraiment à avoir des produits signature avec cette gamme. »
L’entreprise sort d’ailleurs des sentiers battus avec ses sauces BBQ Coréen Gochujang (Corée), Egg Roll ananas (Chine), Satay aux arachides (Indonésie), Ketchup aux bananes (Philippines), Teriyaki aux champignons (Japon) et Sambal Oelek (Indonésie/Malaisie). « Nous voulons vraiment quelque chose de différent. Nous ne souhaitions pas aller vers des produits trop conventionnels. Nous désirions aller chercher des classiques asiatiques, mais qui vont vraiment donner une originalité de saveurs qu’on ne retrouve pas sur le marché », indique M. Murdock.
Qualité
Encore une fois, l’entrepreneur et son équipe misent sur la qualité des ingrédients, notamment avec moins de sel, de sucre ou d’agents de conservation que la compétition, de même que sur leur provenance en majorité canadienne. « Les ingrédients de base, comme les tomates, le sirop d’érable, le vinaigre, etc. sont d’origine canadienne. Pour certains ingrédients et épices, nous importons d’Asie afin de respecter vraiment les traditions asiatiques. Nous faisons une fusion entre les ingrédients canadiens et asiatiques. » Un seul produit de la gamme ne contient pas d’ingrédient de base canadienne, soit la sauce Egg Roll ananas puisque l’équipe n’a pas pu trouver d’ananas en provenance d’ici.
La production est entièrement réalisée dans les installations de Chicoutimi-Nord d’Embouteillage Canada, entreprise mère de Canada Sauce et Asia Sauce. « Tout est fait à notre usine. Nous avons effectué la recherche et développement à l’interne également », ajoute M. Murdock.
Se diversifier
Le lancement d’Asia Sauce assure la diversification de l’entreprise, un aspect sur lequel Simon-Pierre Murdock et ses associés travaillaient depuis la pandémie. « La COVID-19 nous a montré qu’il y a une certaine fragilité lorsqu’on se concentre trop sur quelques produits ou les mêmes clients. Nous avons donc décidé d’être proactifs pour développer de nouvelles marques. […] Canada Sauce est en croissance, mais si on veut continuer d’investir dans notre usine, c’est important de se diversifier », raconte-t-il.
Le groupe d’entrepreneurs a choisi le secteur des sauces asiatiques puisque la situation dans ce domaine est un peu semblable à celle qui prévalait dans celui des condiments au début de Canada Sauce. « Il y a un oligopole qui est composé de deux ou trois multinationales, comme VH ou Blue Dragon qui détiennent 90 % du marché et tous les autres, ce sont de petits joueurs artisanaux ou locaux. Il n’y a pas vraiment de moyenne entreprise comme nous. C’est un peu la même façon de faire les choses dans les deux secteurs, donc ça nous convenait bien », affirme M. Murdock.
Une étude de marché a permis de démontrer qu’il y a peu de produits asiatiques faits avec des ingrédients canadiens. « J’ai aussi remarqué que les grandes compagnies ont toujours les mêmes faiblesses : très salé, beaucoup d’agents texturants, beaucoup d’agents de conservation, des arômes artificiels, etc. J’ai pris ces faiblesses et je les ai converties pour que ce soient nos forces », révèle l’entrepreneur.
1 000 points de vente
La production a été lancée en octobre. En novembre, toutes les sauces produites le mois précédent avaient trouvé preneur et ainsi de suite. « Jusqu’à présent, nous avons doublé les ventes tous les mois. » Asia Sauce est déjà présente dans une centaine de points de vente, répartis entre le Québec et Vancouver. Dans la région, ses produits ont intégré les tablettes d’Eugène Allard. Ils se retrouveront aussi bientôt dans tous les Métros et Provigos du Québec.
Simon-Pierre Murdock souhaite atteindre 1 000 points de vente d’ici le 31 décembre. Il compte pour ce faire sur le réseau de distribution développé par Canada Sauce, qui compte pour sa part 1 800 points de vente. « On veut utiliser les mêmes réseaux que nous avons déjà. J’aimerais que 10 à 15 % de mon chiffre d’affaires provienne de la gamme asiatique », précise-t-il.
Les sauces asiatiques ouvrent aussi beaucoup de portes à l’entreprise dans l’Ouest canadien et en Ontario. « Ça nous donne beaucoup de possibilités pour amener également Canada Sauce là-bas. C’est une bonne façon de rentrer dans le marché », estime M. Murdock. Mentionnons également qu’une pénurie mondiale de Sambal oelek a cours actuellement, ce qui crée des opportunités pour Asia sauce, qui offre ce produit.
Embouteillage Canada : d’autres projets d’ici l’automne
SAGUENAY – Les projets abondent chez Canada Sauce, la marque de commerce d’Embouteillage Canada. Les dirigeants de l’entreprise saguenéenne, qui a le vent dans les voiles depuis son lancement en 2019, se disent prêts à conquérir l’Amérique du Nord. En attendant, ils ajouteront encore une nouvelle gamme à leur offre d’ici l’automne avec India Sauce.
Cette nouvelle division, qui verra le jour à peine un an après la mise en production d’Asia Sauce, proposera quatre produits d’inspiration indienne. « C’est toujours dans l’objectif de diversifier nos revenus. Nous sommes en train de travailler sur ce projet. Ça avance très bien. Les sauces sont pratiquement terminées », précise le copropriétaire de l’entreprise, Simon-Pierre Murdock.
Même si techniquement, l’Inde fait partie de l’Asie, l’entrepreneur et ses associés ont choisi de lui accorder une gamme spécifique. « Il fallait une gamme complète parce que l’Inde a tellement de richesses au niveau de ses épices et de son histoire qu’il était impossible de passer à côté de ce pays-là », souligne-t-il.
Sans pouvoir dévoiler encore quels produits seront proposés aux consommateurs avec India Sauce, M. Murdock affirme que ce sont « des classiques indiens, avec notre petite unicité habituelle ». L’entreprise mise encore une fois sur des ingrédients locaux et le respect des traditions. « Les produits indiens qu’on retrouve en épicerie sont très industrialisés. Nous voulons désindustrialiser ces produits et les ramener à leur ADN original. »
Conquérir l’Amérique
Du côté des condiments traditionnels, comme le ketchup, la moutarde et la relish, Canada Sauce connaît une solide croissance depuis son lancement, tout comme sa compagnie mère, Embouteillage Canada, dont les chiffres sont en hausse de 10 % à 15 % par année depuis sept ans. « Nous suivons notre plan de match, qui est de stabiliser la croissance autour de 5 % à 10 % pour les 10 à 20 prochaines années », indique Simon-Pierre Murdock.
Le prochain objectif de l’entreprise est le développement du territoire du Canada anglais, de l’Ontario à la Colombie-Britannique. De plus, les dirigeants ont également dans leur mire le marché américain. « Nous sommes à la recherche de clients dans ce pays. Nous pensons pouvoir intéresser des joueurs majeurs. Nous restons dans l’esprit que nous ne voulons pas acheter des produits des Américains, mais plutôt vendre les nôtres pour amener le plus de profits possible au Saguenay–Lac-Saint-Jean et investir dans l’économie d’ici », mentionne l’entrepreneur. Ce dernier ajoute que son usine possède déjà les certifications américaines nécessaires.
Embouteillage Canada pourrait ainsi ouvrir un nouveau bureau de vente aux États-Unis, possiblement en Floride, d’ici trois ans. Cet emplacement serait stratégique pour développer la côte Est. « Le bureau chef va demeurer à Saguenay. Cependant, pour développer le marché américain, ça prend une adresse postale là-bas. Tu ne peux pas juste entrer et sortir. Il faut des gens sur place », souligne M. Murdock. La nouvelle division se nommerait North America Bottling.
Malgré les discours protectionnistes du président Biden, l’entrepreneur saguenéen est confiant de pouvoir se tailler une place chez nos voisins du Sud. « Sur le marché américain, présentement, il y a des perturbations climatiques et de l’agriculture. La filière alimentaire n’est pas capable de fournir l’ensemble des habitants et ils sont à la recherche de nouveaux fournisseurs », souligne-t-il.
Marché canadien
En attendant, les dirigeants d’Embouteillage Canada concentrent leurs efforts sur le marché canadien. Ils souhaitent passer de 1 800 à 5 000 points de vente à travers le pays. Ils veulent aussi atteindre de 10 à 15 % des parts de marché dans le domaine des condiments, alors qu’ils en comptent actuellement de 3 % à 4 %. « Nous allons nous battre dans chacun des points de vente pour garder notre place », assure Simon-Pierre Murdock.
Malgré une percée de sa relish en Europe, l’entrepreneur demeure prudent. « Nous avons eu des commandes en France et en Espagne, mais pour l’instant, nous regardons comment ça se passe. C’est sûr que nous sommes contents, mais ce n’est pas notre priorité. Si ça prend de l’ampleur, nous mettrons plus d’énergie, mais en ce moment, nous occupons de nos clients ici avant d’aller trop vite sur le marché européen. »
Soutenir la croissance
Selon M. Murdock, l’usine de la rue Sainte-Claire à Chicoutimi-Nord a encore suffisamment d’espace disponible pour soutenir une croissance et une diversification des produits. « Il faut savoir que les condiments, c’est très estival. Nous avons quatre ou cinq mois plus intenses, mais nous avons beaucoup de capacité en dehors de cette période, d’où la diversification », rappelle-t-il.
Puisque l’entreprise a énormément investi en automatisation et en robotisation, l’usine possède déjà une très grande capacité de production. Si le besoin d’agrandir se faisait sentir, Simon-Pierre Murdock et ses associés ont toutefois prévu le coup. Ils ont déjà fait l’acquisition de terrains et d’immeubles sur la rue où sont situées leurs installations. Embouteillage Canada compte aussi sur une équipe solide de 25 employés et tous ses postes sont pourvus. « Nous avons de la place pour de nouveaux projets », conclut l’entrepreneur.