SAGUENAY – De nombreux éléments du contexte politico-économique ont touché le domaine agroalimentaire en 2022. Ces impacts continueront d’affecter le secteur en 2023, alors que de nouvelles tendances se dessinent.
Ces perspectives ressortent de la veille stratégique réalisée pour le Créneau d’excellence AgroBoréal par la firme Phar. La directrice générale, Isabelle T. Rivard, rappelle que la guerre en Ukraine a d’abord entraîné des répercussions importantes en matière d’alimentation et d’intrants agricoles. « On s’est rendu compte que l’Ukraine était quand même un joueur majeur sur l’échiquier mondial en ce qui a trait à l’approvisionnement de plusieurs denrées alimentaires. C’est venu créer un effet de rareté et une pression à la hausse sur les prix », explique-t-elle.
La disponibilité et le prix des intrants agricoles, comme les engrais, ont également été influencés par la situation en Ukraine. « Encore là, ça a affecté nos entreprises. Ça a fait augmenter leurs coûts de production. » Il faut ajouter à cela la hausse du prix du pétrole, qui a entraîné un accroissement des coûts de transport. « Tous ces éléments sont venus augmenter les frais d’exploitation et donc, diminuer les marges des entreprises agricoles. Oui, il y a de meilleurs prix pour certaines denrées qui ont compensé un peu. Toutefois, ce n’est pas le cas pour toutes les filières agroalimentaires », résume Mme Rivard.
L’inflation et la hausse des taux d’intérêt touchent également les entreprises agroalimentaires. « On peut anticiper en 2023 que ça risque d’entraîner le ralentissement de certains projets », indique la directrice générale, qui prévoit que l’influence du conflit en Ukraine sur le secteur se poursuivra cette année, tant que la situation ne sera pas résolue.
Changements climatiques
En 2023, Isabelle T. Rivard entrevoit que la lutte contre les changements climatiques prendra de plus en plus de place dans les réflexions. « À la COP27, fin 2022, il est ressorti beaucoup à quel point nos systèmes alimentaires ont un impact significatif sur les changements climatiques. C’était la première fois que ça ressortait à ce point. Ça a été mentionné comme une priorité de la COP27 de modifier ces systèmes pour être capable de mieux faire face à ces transformations. »
La notion d’autonomie alimentaire revient également souvent dans les discussions. « Avec la pandémie, il y a eu une prise de conscience sur la fragilité de nos chaînes d’approvisionnement. Il y a une volonté politique de s’affranchir de certains réseaux et de développer des intrants locaux. Ça va prendre des gestes concrets pour incarner réellement cette autonomie », souligne Mme Rivard.
Selon elle, la région se trouve déjà en bonne posture en matière de systèmes alimentaires durables. « Nous avons des démarches et des leaders dans ce domaine. C’est très cohérent et intéressant pour nous. »
Tendances alimentaires
Certaines tendances alimentaires sont en émergence et peuvent représenter des opportunités pour les entreprises régionales. Ainsi, les solutions de remplacement à la viande font partie des moyens pour diminuer l’impact environnemental de la nourriture. « Cette réduction de l’impact est de plus en plus au cœur des préoccupations des consommateurs et des donneurs d’ordre. Ça devient un incontournable pour les entreprises de se positionner avec des produits responsables », estime Isabelle T. Rivard, évoquant notamment l’agriculture régénérative.
La saine alimentation et son influence sur la santé prennent également plus de place dans les réflexions. D’ailleurs, Mme Rivard révèle que des changements réglementaires obligeront les entreprises, d’ici 2026, à afficher sur le devant de leurs emballages un symbole pour indiquer que la teneur en sucre, sodium ou gras saturés est élevée. Selon la directrice générale d’AgroBoréal, cette importance de la santé représente des possibilités de développement de nouveaux produits.
Mentionnons que ces différentes perspectives seront l’objet de la première activité Informe Agro de l’année, qui se tiendra le 27 janvier. Isabelle T. Rivard affirme que l’événement apportera davantage de précisions sur les opportunités et les menaces qui affecteront le secteur agroalimentaire en 2023. « C’est essentiel de regarder ce qui se passe au niveau des contextes politico-économiques et réglementaires. Il y a vraiment une richesse des informations qui se trouvent dans notre veille stratégique », conclut-elle.