HÉBERTVILLE – Le 22 juin dernier marquait l’ouverture de la microbrasserie Bercée. Située à l’entrée de la région dans la municipalité d’Hébertville, la jeune PME amène avec elle une nouvelle entreprise et un pan de notre histoire. Entre ses murs cohabitent bières artisanales et bâtiment patrimonial.
« Lorsque mon fils le plus jeune, Sébastien Bergeron, nous a annoncé qu’il quittait son emploi pour démarrer une microbrasserie avec sa conjointe et son frère, la famille a embarqué. Pour moi, c’était un prétexte pour sauver la maison de mes grands-parents Martel », raconte Martin Bergeron, l’un des investigateurs du projet. Petit-fils du fondateur de la Scierie Martel, monsieur Bergeron cherchait à sauver la maison patrimoniale de ses ancêtres de la destruction. « Le bâtiment était inhabité et son emplacement situé trop près de la scierie commençait à nuire à l’entreprise. Avant même de connaître le lieu où serait la microbrasserie, il était question qu’elle soit bâtie au sein de la maison patrimoniale. »
Un emplacement stratégique
Bercée Microbrasserie, comme son nom l’indique, c’est le renouement avec le berceau, les débuts. « Un peu pour souligner l’apport de notre famille avec le développement de la région, nous voulions nous établir dans un endroit fort dans l’imaginaire des gens du lac. Hébertville étant le berceau, il nous a semblé naturel d’y venir », explique Guillaume Bergeron, l’un des copropriétaires.
Le terrain ainsi que le centre d’information touristique ont donc été rachetés à la ville pour un montant avoisinant les 220 000 $. Un endroit stratégique selon la famille puisque la clientèle visée sera régionale et touristique. « Nous sommes à l’une des entrées du Saguenay–Lac-Saint-Jean et les pistes de quads et de motoneiges passent derrière la brasserie. Il est dans les plans de devenir un relais pour cet hiver. »
Un décollage retardé
L’acquisition du terrain faite, il ne restait plus qu’à démanteler la maison et la transporter jusqu’à Hébertville. Des travaux qui n’ont pas pris plus d’une journée d’ouvrage, mais plusieurs mois pour franchir les quelques kilomètres qui séparent les deux municipalités. « Le nombre d’autorisations nécessaires était ahurissant », s’exclame le patriarche. « La SQ, la SAAQ, Rio Tinto et le CN ont dû nous fournir une permission. Traverser une voie ferrée demande précisément 10 secondes, mais la demande a mis quatre mois avant d’aboutir ! » C’est finalement le 6 janvier 2021 qu’une entreprise de Normandin a effectué le transport pour un coût total de 15 000 $. Pour des raisons liées au code du bâtiment, le deuxième étage n’a pas pu être assemblé. Toutefois, l’entièreté des matériaux a été récupérée pour faire le mobilier, la toiture et la galerie. C’est d’ailleurs Martin Bergeron qui a confectionné l’ensemble des tables et chaises qui habillent la salle de dégustation. Sur le site, il n’y a que la coquille extérieure et la salle de brasse qui sont neuve, l’intérieur est constitué de bois ayant parfois plus de 80 ans d’âge.
Un marché concurrentiel
Le milieu de la microbrasserie est en ébullition. Une quinzaine d’entreprises brassicoles se partagent le marché régional et au Québec c’est plus de 200 joueurs qui se disputent une place en tablettes et en terrasses. « Pour le moment, nous fonçons avec des produits classiques. Au courant de l’été nous aurons des styles tendance, mais pour l’instant il faut se familiariser avec l’équipement. », précise Sébastien Bergeron.
Le jeune homme était brasseur amateur avant de se lancer dans l’aventure industrielle. Ces recettes sont testées, mais il reste à peaufiner. « C’est d’ailleurs pour cette raison que je n’ai pas estimé la production pour l’an un. Je vais me coller à la demande et en profiter pour maîtriser chaque processus de fabrication. Nous avons l’avantage de nous être équipés en grand. Lorsque la machine sera bien huilée, il sera possible de produire deux fois plus ! » Le positionnement se fait surtout par son esprit régionaliste. Des produits de la région sont disponibles à la boutique et l’équipe a sous-traité l’ensemble de ses travaux à des entreprises d’ici.