La prochaine saison de récolte du petit fruit sauvage bleu s’annonce prometteuse. Du moins, si la tendance actuelle se maintient. Beaucoup d’ingrédients climatiques sont réunis pour que le bleuet s’épanouisse. Il y a eu plusieurs canicules depuis la fin du printemps et le début de l’été, mais elles ont été suivies chaque fois par des pluies.
« On n’est pas devin personne, lance d’entrée de jeu, Mario Bussière de Bleuets Mistassini. Mais, de ce qu’on peut observer jusqu’à maintenant, c’est plutôt encourageant. On peut s’attendre à une belle récolte cette année. »
Celui-ci fait remarquer que l’unité thermique, c’est-à-dire les heures d’ensoleillement, est favorable à ce jour. L’énergie solaire emmagasinée permet au petit fruit bleu de bien mûrir.
Bleuets Mistassini attend ces jours-ci l’arrivée de main-d’œuvre étrangère, du Mexique plus exactement. La règle de confinement de 15 jours sera appliquée. L’entreprise dit aussi commencer à recevoir des CV de main-d’œuvre locale.
« Difficile dans le contexte actuel de savoir exactement combien de Mexicains seront avec nous cette année. Je dirais entre 20 et 40, pour le travail en usine et dans les champs. On sait qu’il y a un foyer d’éclosion de la COVID-19 au Mexique. »
Bleuets sauvages du Québec
Du côté de Bleuets sauvages du Québec (BSQ), on fait une analyse similaire en prévision de la saison 2020.
« Oui, nous avons jusqu’à maintenant un été très chaud, mais on est chanceux puisqu’il y a aussi des précipitations presque toutes les semaines. Ce type de conditions climatiques, ça nous aide et c’est encourageant pour le début de la récolte qui approche », dit Jean-Pierre Senneville.
La situation présente lui fait dire que la récolte pourrait débuter plus tôt cette année, vers le 7 août, comparativement au 17 août l’an passé. Une bonne nouvelle en soi, au dire de celui-ci. En commençant plus tôt la cueillette, fait remarquer Jean-Pierre Senneville, cela favorise aussi la main-d’œuvre locale.
On lui a rapporté la semaine dernière quelques secteurs où il y aurait eu du gel, comme à Saint-Eugène et à La Doré, mais rien d’alarmant.
Pour ce qui est de la main-d’œuvre étrangère sur qui compte beaucoup le monde agricole, la CODID-19 vient compliquer davantage l’embauche.
« Pour le bleuet, on aurait besoin de 135 à 140 travailleurs de l’étranger », conclut le Jean-Pierre Senneville.
On se croise les doigts jusqu’à la récolte
Le président du Syndicat des producteurs de bleuets du Québec (SPBQ), Daniel Gobeil, est lui aussi encouragé par la température jusqu’ici en prévision de la prochaine récolte du petit fruit bleu. « Dans l’ensemble, on peut dire que ça s’annonce bien. Un mélange de soleil et de pluie comme on a, c’est bon pour le bleuet. C’est le genre de température qui peut être très favorable pour une bonne récolte. Malheureusement, je sais qu’il y a eu de la grêle en certains endroits, mais dans des secteurs très localisés. »
C’est quand même Dame nature qui a le dernier mot. « Pour le moment, ça augure bien. Il suffit parfois de seulement deux minutes pour que tous les espoirs tombent. On n’est jamais à l’abri d’un gel, de la grêle ou autres caprices de la nature », prévient-il.
Daniel Gobeil, à titre de président du SPBQ, se dit par ailleurs préoccupé par le prix du bleuet à la livre pour la saison 2020. Il espère au moins 65 cents cette année et même plus. D’autant plus, dit-il, que les inventaires de bleuets congelés sont très bas. Du jamais vu depuis bien des années, selon Daniel Gobeil.
Un prix juste
« L’industrie du bleuet, c’est la plus belle machine économique pour développer nos petites communautés. Pourvu qu’il y ait un partage équitable et un prix juste. » Le SPBQ comptait en 2017, sur le territoire du Plan Conjoint du Saguenay-Lac-Saint-Jean, autour de 264 producteurs. Ils sont plus de 400 pour l’ensemble du Québec.
Daniel Gobeil n’est pas en mesure de donner un chiffre exact sur les retombées économiques générées par l’industrie du bleuet, mais il parle de quelques centaines de millions de dollars. « C’est en train de supplanter l’industrie du lait », lance-t-il.