SAINTE-JEANNE-D’ARC – L’entreprise Végécube qui développe une technologie d’agriculture verticale en environnement contrôlé s’apprête à mettre en marché son produit pour janvier 2022. Ce sera le moment pour Yannick Tremblay, le concepteur, ainsi que pour ses partenaires financiers, de faire une première percée dans ce qu’on appelle le secteur de l’agriculture urbaine ou de proximité.
Par définition l’agriculture urbaine ou de proximité réfère à une activité maraîchère effectuée de façon communautaire, commerciale ou privée dans un lieu qui n’est pas dédié à l’agriculture, comme un potager public au cœur d’une ville. L’objectif de ce type de production est de créer un circuit court d’aliments frais à proximité des grands centres ; l’étalement urbain éloignant souvent les citoyens des champs. « En 2017, je me suis demandé comment produire des légumes bio, à l’année, à faible prix et de manière à être autosuffisant », explique Yannick Tremblay, fondateur de Végécube. Webmestre de profession, l’entrepreneur a effectué plus de 300 heures de recherches sur Internet afin de connaître l’ensemble des solutions qui s’offraient à lui pour réaliser son projet.
« L’hydroponie, l’aquaponie et la culture aérienne étaient toutes des avenues possibles pour répondre à ce que je cherchais à faire. Le problème, c’est que c’étaient des solutions extrêmement dispendieuses, compliquées et qui nécessitaient d’avoir de larges espaces. J’ai donc commencé à rêvasser à une technologie qui produirait l’équivalent d’une ferme de 320 pi2, mais qui se contiendrait dans un volume de 8 pi3 et qui nécessiterait un investissement raisonnable pour monsieur et madame Tout-le-Monde. »
Une agriculture verticale et maison
Le Végécube consiste, comme son nom l’indique, en une boîte dans laquelle la production de légumes est possible grâce à des innovations de la firme. « Notre invention, la Lumélice, est une tour composée de plaques réfléchissantes qui se situe au centre du cube. Tournant sur elle-même, la Lumélice dispose à son sommet de deux branches sur lesquelles pendent de chaque côté quatre bras lumineux appelés Lumistix. Il s’agit de lumières de conception Végécube qui consomme environ 1300 Watts et qui ont un rendement sept fois plus élevé que les traditionnelles lampes HO de type néon. L’objectif est que le cube permette une production de légumes assez importante pour nourrir de deux à quatre familles. »
Les végétaux sont contenus dans des poches accrochées aux parois du cube et disposées dans une géométrie quinconce afin d’optimiser l’espace en hauteur pour les légumes ; agriculture verticale. Les contenants sont fabriqués en fabrène, un matériel souple, résistant et réfléchissant.
Un Plug’N’Play
« Pour la solution destinée aux particuliers du Végécube, nous préconisons une approche “auto-construction”. C’est-à-dire un peu comme un meuble IKEA où nous fournissons l’ensemble des matériaux et l’utilisateur doit assembler le cube, placer les bacs à sa guise et y brancher l’eau et l’électricité », précise l’homme d’affaires qui compte également sortir une application dans les mois suivant la mise en vente des cubes pour aider les micromaraîchers à planifier et organiser leur production.
Un modèle d’affaires mixte
L’une des particularités du projet
est son modèle d’affaires. Dépendamment du type de clientèle, la stratégie de mise en marché n’est pas la même. Pour les particuliers, il s’agit d’un produit qu’on achète. « Notre boîte de 8 pi3 se détaille à 6 500 $. Nous fournirons également de la formation à nos utilisateurs afin qu’ils puissent devenir des micromaraîchers. C’est-à-dire des producteurs de légumes qui pourront développer des circuits courts auprès de leur communauté. Toutefois, ce n’est pas tout, nous désirons instaurer une véritable stratégie d’économie circulaire. Une plateforme de réseautage en ligne sera offerte afin que les propriétaires de Végécube soient en contact les uns avec les autres et qu’ils puissent se vendent ou s’échanger des surplus. »
Au niveau commercial et industriel, la technologie telle que présentée par Yannick Tremblay présente un fort potentiel. L’entrepreneur croit que les secteurs militaires et gouvernementaux pourraient même être intéressés. « Les possibilités sont infinies, à terme, nous voulons implanter assez de technologies dans les cubes que des bras robotiques pourraient s’occuper de la croissance des végétaux sans intervention humaine. Un produit de la sorte pourrait plaire au bateau de croisière et aux chaînes de restaurants », raconte l’homme d’affaires. Pour le secteur industriel et commercial, l’objectif n’est pas de vendre les Végécubes, mais d’en faire la location. La stratégie sera alors de monter avec les différents partenaires des réseaux de fournisseurs en terreaux et en graines pour alimenter les cubes.
Les prochaines étapes
Depuis 2017, Yannick Tremblay et ses partenaires ont élaboré cinq prototypes et investi un peu plus de 400 000 $. Avec 4,5 millions de dollars en promesse d’achat, l’équipe est à la dernière étape avant de concrétiser le tout. « Nous attendons les résultats de production qui devraient tomber pour janvier et ensuite décoller la machine. L’objectif est d’être en mesure de produire 200 Végécubes par mois. Je suis sûr d’être en mesure de vendre les premières unités dès le début de 2022. Nous estimons pour les douze premiers mois d’activités un chiffre d’affaires d’un à cinq millions de dollars, il s’agit d’une projection très conservatrice », conclut l’inventeur.