Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Agriculture et agroalimentaire : les bénéfices d’une approche collaborative » publié dans notre édition du mois de juillet.

NORMANDIN – La Congèlerie Héritier aura un an ce mois de juillet. Le projet, porté par une trentaine d’associés du Saguenay–Lac-Saint-Jean (SLSJ), a pour vocation d’offrir un point de première transformation pour les producteurs maraîchers de la région. Après l’ouverture, la mise en marche et la COVID-19, où en est l’important projet de congélation ? Bilan d’une première année.

C’est le 25 juillet 2019 qu’a été inaugurée la Congèlerie Héritier. Un projet novateur du fait de son équipement automatisé dernier cri et de son système de refroidissement au CO2 plus économe en eau que ceux à l’ammoniaque. Le projet a vu le jour grâce aux efforts d’une trentaine de producteurs, d’investisseurs et du concours d’Investissement Québec ainsi que du ministère de l’Économie et de l’Innovation. L’idée d’implanter une telle infrastructure a été motivée par l’augmentation de la demande au Québec pour les petits fruits congelés, passant de 31,1 M$ en 2013 à 61,9 M$ en 2017. Si l’entreprise comptant une dizaine d’employés se concentre principalement sur notre fruit emblématique, le bleuet, elle diversifie également son portefeuille de produits en incluant la gourgane, l’aronia, le cassis et la canneberge.

Recherche & développement

La première année se sera déroulée sous le signe de la recherche et du développement pour l’équipe de la Congèlerie. « Pour utiliser les infrastructures à leur plein potentiel, les légumes et les fruits récoltés ne doivent pas arriver en même temps. Le mix bleuet-gourgane se fait bien parce que l’un vient plus tôt dans la saison que l’autre. Par chance, notre équipement est très polyvalent. Il nous permet de passer à la transformation d’un produit à un autre en seulement quelques heures. Tout ce que nous avons à faire, c’est de nettoyer la machinerie entre les changements », explique Jacquelin Drapeau, président de la Congèlerie Héritier.

Peut-être la fraise ?

L’homme d’affaires et son entourage préparent plusieurs tests au cours des prochains mois. « Nous avons été approchés pour transformer de la fraise. C’est un marché plus qu’intéressant puisque cela permettrait de prolonger la saison de vente des producteurs. Toutefois, il faut faire plusieurs tests avant de se lancer dans ce créneau. Nous devons la congeler et qu’elle conserve la même saveur que lorsqu’elle est achetée en panier. C’est un défi sur lequel nous planchons. Nous avons des pourparlers avec des producteurs de fraises. C’est un projet embryonnaire. Avec la pandémie de COVID-19, moins de travailleurs étrangers sont venus sur les champs et cela a pour conséquence d’affecter le marché de la fraise fraîche. De plus, la situation pourrait amener la firme à traiter de nouveaux produits, alors qu’à l’automne, nous démarrons des essais sur des brocolis, des choux-fleurs et des carottes ».

Que se passe-t-il avec la gourgane ?

La gourgane, à l’instar du chanvre, de l’orge brassicole et du lin, est un marché de niche dans la région. Dès son lancement, les fondateurs de la Congèlerie Héritier ont su donner un coup de pouce à la production de cette légumineuse en offrant aux producteurs une solution de transformation et de stockage. « Ce légume pousse bien ici, explique Jacquelin Drapeau, notre climat nordique est propice à sa culture. Il n’y a qu’au SLSJ où l’on cultive la gourgane. Celle que l’on retrouve un peu partout en épicerie provient majoritairement d’Espagne. » Une culture encourageante sur le plan de la diversité et qui se veut rentable, mais qui devra patienter jusqu’à 2021 pour connaître une plus grande récolte. « Nous comptons produire de 500 000 à 600 000 livres cette année, mais nous aurions pu en produire davantage. Nous sommes passés de deux producteurs à un seul. La raison est que nous n’avons pas réussi à obtenir une deuxième récolteuse pour notre culture basée dans le haut du lac, alors nous devons nous contenter de notre production située à Alma. La récolte de la gourgane demande une machinerie spécifique ».

Prochaines étapes

Du côté des ventes et des opportunités d’affaires, la pandémie de COVID-19 n’a pas freiné l’erre d’aller de la Congèlerie. Le désir de la population d’encourager les producteurs locaux et la nourriture d’ici ne cesse d’augmenter. Une constatation dont se réjouit le président du conseil d’administration de la Congèlerie Héritier qui précise que la demande pour le bleuet est en forte croissance. La prochaine étape pour l’entreprise est la mise en marché et la commercialisation de ses produits. Les plans sont sur la table pour une percée en épicerie ou encore une boutique en ligne sur leur site Internet. Toutefois, rien n’a été précisé concrètement. Le principal concerné n’a pas voulu donner trop de commentaires, mais l’équipe s’affairerait présentement à développer de nouvelles transformations reliées à la consommation des aliments. À suivre…

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