Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Agriculture et agroalimentaire : cultiver la nordicité » publié dans notre édition du mois de juillet.

SAGUENAY – Zone Boréale signe un bon coup avec le concept des Petits Ambassadeurs, cette initiative de maillage entre les producteurs bioalimentaires et le secteur des services de garde éducatifs. En effet, la quasi-totalité des Tables de concertation bioalimentaire du Québec (TCBQ) ont décidé d’intégrer l’idée à leur région respective.

« Nous avons lancé le programme des Petits Ambassadeurs en 2018 au Saguenay–Lac-Saint-Jean et, dès 2019, une dizaine de régions du Québec nous ont contactés pour en savoir plus sur la démarche. De là est née l’idée de structurer le programme afin de pouvoir l’implanter auprès d’autres communautés. L’année 2020 a marqué un tournant puisque le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) nous a consenti une subvention pour étendre le programme sur l’ensemble de la province », explique Émilie Tremblay, coordonnatrice régionale des Petits Ambassadeurs.

Les sommes versées par l’organe étatique ont servi à embaucher une quinzaine de chargés de projets un peu partout au Québec ainsi qu’employer à temps plein Émilie Tremblay pour diriger le tout. « Aujourd’hui, ce sont 72 services de garde éducatifs accrédités Petits Ambassadeurs et plus de 4500 enfants qui bénéficient d’une offre bioalimentaire. Pour l’équipe de Zone Boréale, c’est une fierté puisque le projet a été créé ici par notre monde. Sur l’ensemble des 17 régions administratives de la province, 11 d’entre elles ont adhéré et nous sommes en discussions avec cinq autres. » Le succès des Petits Ambassadeurs est indéniable et l’équipe de la Table Agroalimentaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean souligne que c’est l’industrie agroalimentaire qui en bénéficiera. « On crée des besoins. C’est-à-dire qu’il y a maintenant un bassin d’acheteurs intéressés par les produits biologiques. Cela incite les projets de culture bio, de transformation alimentaire et les entreprises de transport à distribuer et conditionner ces aliments. »

Comment ça marche ?

Le programme les Petits Ambassadeurs fait le pont entre l’industrie bioalimentaire et celui des services de garde éducatifs comme les Centres de la petite enfance (CPE). L’objectif est d’encourager les CPE à s’approvisionner auprès de sources locales et Québécoises en produits biologiques pour nourrir leur jeune clientèle. Pour ce faire, l’équipe de Zone Boréale a monté une structure, un canevas personnalisable pour que chaque TCBQ puisse l’adapter à leurs besoins et leur marché. « Dans un premier temps, lorsqu’une des Tables de concertation bioalimentaire du Québec souhaite intégrer le programme à sa région, elle doit concerter les partenaires de son territoire. C’est-à-dire l’UPA, le MAPAQ et un regroupement de CPE. Par la suite, elle doit démystifier l’offre bioalimentaire de son milieu et finalement brosser un portrait réaliste des besoins et des ressources. C’est l’étape la plus importante puisque l’accréditation Petits Ambassadeurs repose sur le respect en approvisionnement régional et provincial de 10 catégories d’aliments », précise Émilie Tremblay qui ajoute qu’il faut compter en moyenne une année entre les premières démarches pour l’accréditation et son obtention. De plus, celle-ci doit être renouvelée aux 12 mois.

Adapter le concept

Ce ne sont pas toutes les régions qui jouissent d’une grande diversité de produits biologiques. La Côte-Nord ou encore la Baie-James, en raison de leur climat froid, ne peuvent pas s’autosuffire comme la Montérégie. « Le pourcentage d’approvisionnement est calculé sur le portrait de l’offre territoriale. Si pour une raison X, il est impossible d’obtenir localement un produit, le CPE peut se tourner vers le panier provincial », souligne la coordonnatrice.

L’étude de marché produite par les chargés de projets afin de mettre en place le programme doit être rigoureuse. En plus de se baser sur l’offre et les ressources disponibles, il doit être conséquent au niveau des prix et des volumes. « Il faut que les CPE qui décident d’embarquer dans cette initiative comblent leurs besoins avant toute chose et qu’ils n’augmentent pas leurs frais. En développant le programme avec les années, nous avons réussi à tisser des liens avec des producteurs en mesure de fournir des aliments biologiques en volumes institutionnels. Ce qui signifie que les prix sont très compétitifs », conclut Émilie Tremblay.

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