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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Elysis, la coentreprise de Rio Tinto et Alcoa, a officiellement lancé les travaux de construction de son Centre de recherche et développement aujourd’hui sur le site du Complexe Jonquière de Rio Tinto. Ces travaux nécessitent un investissement de 50 M$. Le lancement du chantier s'est déroulé en présence de plusieurs dignitaires, dont le directeur exécutif des opérations de Rio Tinto Aluminium en Atlantique, Gervais Jacques, le président d’Alcoa Canada, Jean-François Cyr, le ministre de l’Infrastructure et des Collectivités François-Philippe Champagne, la ministre responsable de la région, Andrée Laforest et la mairesse Josée Néron.

Le Centre de recherche et développement permettra aux experts de poursuivre le développement de la technologie révolutionnaire visant à éliminer toutes les émissions directes de gaz à effet de serre (GES) du procédé de production de l’aluminium. Le complexe devrait être pleinement opérationnel dans la deuxième partie de 2020, alors qu’Elysis vise une commercialisation de sa technologie pour 2024.

« Notre défi est de passer à la production à petite échelle à une production à taille commerciale. Nous devons peaufiner le procédé afin qu’il puisse être utilisé dans les nouvelles alumineries ou dans des projets de modernisation d’alumineries existantes. Il faut faire très vite, car nous ne sommes pas les seuls à explorer cet univers. C’est pourquoi nous avons choisi d’installer le futur centre de recherche et de développement ici au Complexe Jonquière. En utilisant un bâtiment existant (l’ancien centre de production de cathodes) au lieu de construire une bâtisse neuve, nous sauvons de précieux mois dans cette course contre la montre », explique Vincent Christ, président-directeur général d’Elysis.

Commercialisation

Le lancement des travaux de construction du Centre de recherche et de développement d’ELYSIS à Saguenay marque ainsi un jalon important vers la commercialisation de cette technologie à l’échelle mondiale.

« Nous avons très hâte de poursuivre notre travail à partir d’ici, dans une région reconnue internationalement pour son expertise et son savoir-faire. On va faire les appels d’offres dans les prochaines semaines et consulter les entreprises régionales pour la construction. Les premiers équipements en provenance des États-Unis ont été transférés et on pense que d’ici la deuxième moitié de 2020, on va mettre en service le centre de recherche. Nous afficherons également les postes des 25 chercheurs d’ici la fin de l’année. L’objectif est de terminer le développement, mettre en opération la technologie dans une aluminerie existante au Québec pour faire une démonstration et pour que les clients puissent voir les installations, pour ensuite vendre des licences dans le monde entier », a ajouté le PDG d’Elysis.

Inventée par Alcoa

Le Centre de R&D de Jonquière travaillera en étroite collaboration avec l’équipe de conception de technologie de Rio Tinto en France et le Centre technique d’Alcoa, près de Pittsburgh aux États-Unis, où cette technologie brevetée a été inventée par Alcoa. « Le travail qui sera réalisé pour développer cette technologie innovante, ici au Saguenay–Lac-Saint-Jean, est à l’avant-garde de l’industrie mondiale de l’aluminium. Il contribuera à propulser la transition mondiale vers une économie à faible empreinte carbone, créant énormément de valeur et permettant à nos clients de répondre à la demande croissante des consommateurs pour des produits écoresponsables », a affirmé Gervais Jacques, directeur exécutif, division Atlantique, Rio Tinto Aluminium.

Présent pour le lancement des travaux, le ministre de l’Infrastructure et des Collectivités du Canada, François-Philippe Champagne, n’a pas manqué de rappeler l’investissement de 60 M$ accordé par son gouvernement pour la création d’Elysis. « Les producteurs de l’aluminium du Saguenay–Lac-Saint-Jean sont des chefs de file mondiaux. Ils contribuent à la croissance de notre économie et soutiennent des bons emplois pour la classe moyenne. […] Ce projet majeur qui aura des répercussions ici au Saguenay, à travers le Québec et le Canada, et bien au-delà de nos frontières », a-t-il affirmé. Pour sa part, la ministre responsable de la région Andrée Laforest a également mentionné que le gouvernement du Québec participe à ce projet pour le même montant de 60 M$.

Soutien technique

Le Centre technique d’Alcoa, qui produit, depuis 2009, du métal à une échelle de recherche sans émissions directes de GES liées au processus de production d’aluminium, offrira du soutien à Elysis sur les matières servant à la fabrication des anodes et cathodes de nouvelle génération, nécessaires au développement du procédé.

De son côté, l’équipe de conception de technologie de Rio Tinto s’affaire à créer des modèles à échelle commerciale pour que la technologie puisse être utilisée tant dans les nouvelles alumineries que dans celles existantes.

Réduire l’empreinte carbone

Rappelons qu’Elysis est issue d’un partenariat entre Alcoa et Rio Tinto. Le développement de sa technologie est également appuyé par Apple et par les gouvernements du Québec et du Canada, qui se sont joints aux deux géants de l’aluminium dans l’investissement de 188 M$ nécessaire à la création de la coentreprise.

Cette technologie vise à répondre à la demande mondiale de produits à plus faible empreinte carbone (au Canada seulement, on parle d’une réduction potentielle des émissions de GES de sept millions de tonnes). Elle permettra de réduire les coûts d’opération des alumineries tout en augmentant leur capacité de production.

Lors de la commercialisation de la technologie, Elysis assurera la vente exclusive des matières nécessaires à la fabrication des anodes et cathodes de nouvelle génération, qui possèderont une durée de vie 30 fois supérieure à celles utilisées actuellement.

(En collaboration avec Dominique Savard)

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