OTTAWA – Les députés fédéraux du Bloc Québécois Mario Simard (Jonquière) et Alexis Brunelle-Duceppe (Lac-Saint-Jean) et le conservateur Richard Martel dans Chicoutimi-Le Fjord ont laissé leurs allégeances politiques de côté en appuyant d’une seule voix Sylvain Maltais, président du Syndicat des travailleurs de l’aluminium d’Alma pour dénoncer l’absence de protection du métal gris, dans le nouvel ALENA (ACÉUM), lors d’une conférence de presse tenue à Ottawa ce matin.
« Il y a des bons points dans l’entente, mais concernant l’aluminium, c’est inacceptable de n’avoir obtenu aucune protection pour notre industrie. Je suis député de Chicoutimi—Le Fjord et mon monde va toujours passer en premier. L’aluminium n’a pas été respecté. Avec les informations que j’ai en ce moment concernant l’aluminium et à moins que des gains soient faits pour sécuriser notre place sur le marché nord-américain ou des programmes d’exportations, j’envisage fortement de voter contre l’entente », a fait savoir le conservateur Richard Martel.
Le gouvernement libéral, rappelons-le, a accepté de protéger l’acier dans le traité de libre-échange en exigeant que 70 % de l’acier utilisé en Amérique du Nord soit fondu et coulé sur le continent. Cependant, l’aluminium n’a pas eu droit au même traitement ce qui permet à d’autres pays comme la Chine d’exporter son aluminium au Mexique à faible prix.
« Il n’y a pas de fonderie au Mexique. Ils ne sont pas des producteurs, ils importent de la Chine et le transforment, c’est une différence majeure. 90 % de la production canadienne est québécoise. Je me demande : si 90 % de l’aluminium était fondu en Ontario, est-ce qu’on serait devant le même résultat aujourd’hui ? En plus on nous dit que dans 10 ans on pourra mettre des protections ! C’est long 10 ans, l’industrie planifie à long terme, et ça signifie que la région sera paralysée pendant 10 ans. Pourquoi on protège l’acier, mais pas l’aluminium ? Demandez à monsieur Trudeau, peut-être qu’à force de répéter il va comprendre ! », a déclaré le bloquiste Mario Simard.
Mobilisation régionale
Les trois élus comptent mobiliser de nombreux acteurs politiques de la région dans les prochaines semaines, dans une démarche non partisane. « On a prouvé ce matin qu’on n’est pas là pour jouer une “game” politique. Le monde est vraiment inquiet. Ils nous le disent ! La semaine prochaine, avec les élus municipaux, la société civile, les syndicats, on va monter une mobilisation régionale et publique. Ce n’est pas pour rire qu’on fait ça, les gens sont inquiets. C’est un poumon économique ! » a ajouté Alexis Brunelle-Duceppe.
10 000 emplois
Selon les représentants régionaux, l’aluminium au Saguenay–Lac-Saint-Jean, c’est quatre alumineries, un centre de raffinement de l’alumine, plus d’une centaine de PME qui tournent autour de cette industrie. Au total, ce sont 10 000 emplois directs et indirects qui y sont liés. La présente situation vient créer de l’incertitude dans les projets d’expansion au Saguenay–Lac-Saint-Jean pour l’industrie de l’aluminium, la plus verte au monde.
Rappelons en plus que le gouvernement avait déjà fait des concessions à la gestion de l’offre durant les négociations. Quelque 3,59 % du marché des produits laitiers avait été cédé en plus de laisser tomber la catégorie des produits diafiltrés visant à empêcher l’importation de sous-produits du lait provenant des États-Unis. De plus, question du bois d’œuvre n’est toujours pas réglée, selon les trois élus.