N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Aluminium, perspectives d'avenir publié dans notre édition du mois d'octobre.
SAGUENAY – À l’échelle mondiale, et ce depuis plusieurs années, l’UQAC siège dans la cour des grands quand il est question de recherche dans l’industrie de l’aluminium et de ses composantes. Si l’Université du Québec à Chicoutimi peut maintenir cette réputation, c’est grâce à son équipe multidisciplinaire et interdisciplinaire.
Selon M. Daniel Marceau, professeur titulaire, ainsi que directeur du Centre universitaire de recherche sur l’aluminium (CURAL) et adjoint à la direction du Centre de recherche sur l’aluminium (REGAL) notre réputation internationale est solide. « Nous collaborons de façon efficace avec les centres de recherche publics et privés, l’industrie primaire, les équipementiers. Ce qui importe, c’est de maintenir le cap. Il ne suffit pas de regrouper des chercheurs, il faut les faire travailler ensemble et nous y parvenons ».
La recherche dans le domaine de l’aluminium se poursuit depuis près de 40 ans à l’UQAC. Le CURAL est apparu au début des années 2000 afin de faciliter le financement public à grande échelle, précise M. Marceau. « Ce groupe de recherche permet de réunir les forces vives dans le domaine de l’aluminium. Il a aussi comme objectifs principaux la mise en commun des expertises, incluant les ressources matérielles, le recrutement d’experts et, pour l’ensemble du Québec, la préservation des acquis par le maintien d’une masse critique dans le domaine de la recherche fondamentale ».
De simple métal primaire à métal vert précieux
Le statut de l’aluminium a grandement évolué depuis les deux dernières décennies. De métal primaire, il est devenu métal vert, car sa principale vertu est d’être recyclable à l’infini. De plus, ses champs d’applications ne cessent de croître. Ils sont passés de l’automobile à la médecine et à l’aérospatial. Bientôt, ils pourraient même s’étendre aux chantiers navals.
Selon M. Marceau, il faut être capable de fabriquer de l’aluminium, de l’extraction de la bauxite à la production d’alliages de qualité aux produits semi-finis et finis, dans un contexte d’économie circulaire.
« L’aluminium est un métal très avantageux, encore faut-il le produire dans un contexte entièrement vert. En Amérique du Nord, on produit un métal de très grande qualité. Mais ce n’est pas le cas partout sur la planète. Nous, notre énergie provient de l’hydroélectricité. C’est quand même beaucoup plus propre que les centrales au charbon. L’objectif commun, en Occident, est de réduire au minimum les émissions de carbone en lien avec les différents procédés de production. On ne fait pas bande à part. Il faut orienter nos activités de recherche pour arriver à des produits durables et à faible émission de carbone ».
Recherche sur les cuves
L’UQAC continue de se démarquer à l’échelle mondiale grâce, également, à son expertise en lien avec les créneaux plus standards que sont la production primaire et la métallurgie de l’aluminium, explique M. Marceau.
« Par exemple, nous avons des experts qui travaillent sur le comportement des cuves d’électrolyse. Celles-ci produisent de l’aluminium, mais elles ne sont pas en aluminium. Donc, forcément, elles contiennent des matériaux réfractaires, carbonés. Dans ce domaine, notre expertise se situe à un très haut niveau. Elle touche à la stérilisation à très haute température et les propriétés thermiques, mécaniques, électriques. Nous développons des modèles numériques pour simuler le comportement des cuves à l’étape du démarrage, du préchauffage, du chauffage, et ce, jusqu’à la production. Le but est d’augmenter la durée de vie de ces cuves en les rendant plus efficaces ».
Le métal de l’avenir
L’aluminium s’impose de plus en plus comme un concurrent sérieux face à l’acier dans l’industrie automobile, mais n’est-il pas en train de se positionner pour devenir le métal de l’avenir dans d’autres secteurs plus spécialisés ? Selon M. Marceau, la réponse est oui et à certaines conditions.
« Nous faisons en sorte que l’aluminium devienne vraiment compétitif par rapport à l’acier. Ce que l’on veut avoir, en particulier dans le domaine des structures, c’est un métal aussi fort et résistant que celui qu’il concurrence. La priorité consiste non seulement à mettre au point ce nouveau métal mais aussi à renverser les cultures, afin de bien faire prendre conscience aux ingénieurs concepteurs que l’aluminium existe. On a beau développer des aluminiums de qualité, tant et aussi longtemps que ces ingénieurs concepteurs n’auront pas en main les règles pour calculer les structures, ils vont rester frileux ».