Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Une nouvelle force économique émerge au Saguenay-Lac-Saint-Jean » publié dans notre édition du mois de septembre.

MÉTABETCHOUAN–LAC-À-LA-CROIX – ASP Automatisation est une entreprise qui s’affaire, entre autres, à la conception et l’intégration de systèmes informatiques pour les industries forestières et minières. Située sur la route 169, la firme peut passer inaperçue entre le Séminaire Marie-Reine-Du-Clergé et la Frite mexicaine, mais elle n’emploie pas moins d’une dizaine d’ingénieurs en plus d’être un leader dans son créneau. Portrait d’une compagnie innovante et reconnue pour son agilité.

ASP Automatisation est une firme qui se spécialise dans l’intégration et la conception de matériel et de logiciels pour le secteur industriel. Tout récemment l’équipe a su mettre à profit son talent en intégrant les nouveaux systèmes informatiques de la scierie Tremblay et Fils à Alma. Installé dans l’ancienne bâtisse de l’entreprise Meuble MG, la firme d’ingénierie possède une solide réputation qui s’appuie sur l’expertise d’une quinzaine d’employés.

Steeve Mailloux, copropriétaire, nous raconte les débuts de la PME qui dessert aujourd’hui des clients de l’île de Baffin jusqu’à la Louisiane. « ASP a été fondée en 2011. J’ai rencontré mon associé, Pierre Bergeron, à l’époque où nous étions chargés de projet chez Groupe ISAC. Lors d’un contrat que nous devions réaliser pour Résolu, nous avons rencontré Alex Martel et, par la suite, nous avons gardé contact. Lorsque la firme pour laquelle nous travaillions a été vendue à WSP, nous avons pris la décision de nous lancer en affaire et d’inclure Alex dans le projet ».

Si le démarrage d’une entreprise peut s’avérer être quelque chose de stressant, il n’en a pas été ainsi pour nos trois hommes. « Dans le milieu industriel, les clients ne sont pas toujours fidèles à l’entreprise qu’ils sous-traitent, mais davantage aux chargés de projets et ingénieurs avec qui ils traitent. Nos contrats proviennent de personnes avec qui nous avons déjà réalisé des projets dans une ancienne vie et les nouveaux clients proviennent du bouche-à-oreille ».

Un travail dématérialisé

La décision de s’établir à Métabetchouan n’a pas été un enjeu. La majorité du travail accompli par la firme d’ingénierie se passe entre un clavier, une souris et un écran. La seule partie physique est celle qui consiste en l’assemblage des panneaux de contrôles. « Dans les trois copropriétaires, je suis celui qui gère l’atelier, raconte Pierre. Puisque je réside ici et que je suis le seul à ne pas pouvoir travailler de la maison, il était logique d’implanter la firme sur la 169 ». En effet, une grande partie du travail d’ASP est de concevoir et développer des logiciels qui servent, notamment, à automatiser un classeur de sciage, une raboteuse, ou encore l’optimiseur d’une scierie. « C’est là que notre grande expérience entre en compte. En connaissant le fonctionnement de ces machines, nous n’avons pas une multitude de rencontres à planifier. Dès que nous avons les plans techniques, nous réalisons le travail et les tests entièrement à partir de nos bureaux », explique Alex Martel. Cette souplesse apporte son lot d’avantages, surtout en période de pandémie, alors que l’équipe était déjà familière avec le télétravail. « Nous avons 15 employés, mais au bureau, nous ne sommes généralement pas plus de cinq. Nos ingénieurs peuvent réaliser leurs tâches d’où ils le désirent, pourvu qu’ils aient une connexion Internet et un ordinateur avec les programmes nécessaires », précise Steeve Mailloux.

Souplesse et agilité

Un travail dans le secteur industriel peut souvent signifier voyager beaucoup. Les mines et les scieries étant rarement près des grands centres, un chargé de projet ou un ingénieur peut souvent être appelé à s’absenter de la maison pour quelques semaines. Or, les nouvelles générations de travailleurs préfèrent souvent un emploi qui n’interfère pas avec leurs loisirs personnels et leur mode de vie. « Nous essayons surtout de travailler dans la région et nous habituons nos clients avec notre façon de faire, c’est-à-dire de réduire au maximum notre présence physique et d’effectuer les opérations à distance. Nous sommes conscients des besoins de nos plus jeunes employés et la conciliation travail-famille est une valeur importante au sein de l’entreprise. Ici, les horaires sont variables et le télétravail est mis de l’avant, explique Pierre Bergeron. Il est certain que le contrôle des heures est plus difficile à faire, mais nous avons pris la décision de faire confiance à notre monde ».

COVID et avenir

La pandémie a eu pour effet de changer les besoins des clients d’ASP. En effet, le prix du bois ayant connu une augmentation soudaine, principalement causé par la forte demande, les scieries ont repoussé leurs gros travaux. « La stratégie présentement avec le prix élevé du bois d’œuvre est de produire un maximum et de vendre le plus vite possible. Tous nos gros projets ont été repoussés parce qu’ils impliquent de fermer temporairement les usines. En contrepartie, nous avons obtenu plusieurs contrats d’optimisation. Les entreprises veulent rendre leurs équipements existants plus efficaces », explique Steeve Mailloux.

La COVID-19 ne semble pas avoir dit son dernier mot avec les cas recensés en hausse depuis la fin août. L’équipe ne prévoit donc pas de grosses opportunités d’affaires pour les prochains mois, mais demeure confiante de ne pas avoir à réduire le nombre de ses employés. « Même si nous le désirions, nous ne pourrions pas grossir trop vite. Il faut compter cinq ans pour former un ingénieur qui sort des bancs d’école. Le secteur de l’automatisation se complexifie d’année en année, il ne s’agit pas seulement de savoir programmer. Automatiser un classeur à bois exige de connaître le fonctionnement d’une scierie et de connaître les types et les grades de bois. Cela ne s’apprend pas dans les programmes de génie informatique. À l’époque, lorsque j’ai commencé, mon travail consistait à automatiser le travail d’un ouvrier. Aujourd’hui, tout est déjà informatisé. Alors il faut arriver avec une solide expérience pour comprendre le programme qu’un autre informaticien a créé et réussir à le réparer ou l’améliorer ».

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