Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « MRC du Fjord-du-Saguenay, 43 000 km2 d’opportunités » publié dans notre édition du mois de décembre.

SAGUENAY – La MRC du Fjord complète présentement les derniers travaux et investissements reliés à la réfection du site patrimonial de Bardsville situé sur les rives de la rivière Sainte-Marguerite. Déjà ouvert aux pêcheurs de salmonidés, le lieu est présentement le sujet d’une étude de marché commanditée par la municipalité afin de lui trouver de nouvelles vocations.

Acquis par la MRC du Fjord en 2012, le site de Bardsville est historiquement lié à la famille Price. En effet, c’est l’un des fils de William Price, David Edward Price, qui met la main sur un droit de pêche sur la rivière Sainte-Marguerite vers 1860. La même année, le fils du réputé producteur de bois y construit un premier pavillon d’accueil pour des invités, certains prestigieux. D’ailleurs, l’histoire raconte que le roi d’Angleterre Édouard VII préféra taquiner le saumon à Bardsville au détriment d’un autre site situé à Bagotville, créant ainsi l’émoi au sein de la population de Saguenay.

Le lieu de pêche passera ensuite aux mains d’un second propriétaire avant de devenir officiellement un club de pêche. En 1977, le gouvernement québécois abolit les privilèges aux clubs privés et Bardsville se retrouve sous la supervision d’une ZEC. Après une fermeture définitive qui s’étalera sur 10 ans, c’est la MRC du Fjord qui reprend le tout.

La complexité derrière la restauration

Lorsque les administrateurs de la MRC sont arrivés à Bardsville, il y a huit ans, les bâtiments étaient en décrépitude. « Il fallait agir vite pour remettre sur pied trois des cinq chalets puisque nous voulions ouvrir pour la première année. Puisqu’il s’agissait de constructions d’époque, leur rénovation ne pouvait pas se faire par n’importe qui », explique Julie Caron, conseillère en développement stratégique à la MRC.

En effet, pour mener à bien les travaux, la municipalité a fait affaire avec le SARP d’Alma, une entreprise spécialisée dans le conseil-service et la rénovation patrimoniale. « Avec le plan de conservation en poche, nous pouvions obtenir les autorisations au niveau du Comité consultatif d’urbanisme (CCU). »

La complexité avec ce type de travaux, selon la conseillère en développement, réside dans la méthode de travail. « Il faut refaire le toit avec les techniques et les matériaux de l’époque, comme le bardeau en cèdre. Ce ne sont pas toutes les entreprises de construction qui peuvent faire cela, on ne doit pas dénaturer la structure afin de garder son cachet. Je me souviens d’un ouvrage qui avait été particulièrement ardu. Il s’agissait de la réfection d’une cheminée en pierre dans une des salles communautaires et le maçon chargé du projet avait démonté pierre par pierre la structure. Ensuite, il avait repris les mêmes roches pour reconstruire la cheminée. Cela avait nécessité beaucoup d’organisation et d’efforts. » Malgré la spécificité du chantier, la MRC avait réussi à embaucher une entreprise saguenéenne pour la réalisation du projet, mais celle-ci a fermé ses portes depuis. Un budget de 400 000 $ sera nécessaire afin d’exécuter l’ensemble des travaux, un montant qui s’ajoutera aux 800 000 $ déjà investis depuis 2012.

Étude de marché pour révéler le potentiel

Couvrant plus de 2 000 km2, soit 14 % du bassin versant du Saguenay, la rivière Sainte-Marguerite constitue le plus important affluent de la rivière Saguenay. De plus, elle est réputée pour sa pêche aux saumons.

« Pour l’instant, la majorité de nos visiteurs sont des pêcheurs et la période d’ouverture du site coïncide avec la période de la pêche, c’est-à-dire entre les mois de juin et octobre. Géographiquement, le lieu est unique et présente une vue exceptionnelle et nous aimerions élargir notre clientèle », lance Julie Caron.

Une étude de marché a donc été commandée et devrait être livrée pour la fin mars 2021 pour connaître l’étendue du potentiel de Bardsville. Les gestionnaires sont d’avis que le site pourrait proposer des sentiers de ski de fond, de raquette et peut-être même un relais de motoneige, mais ne statuent sur rien pour l’instant. Outre l’attrait des beaux paysages, Bardsville possède une riche histoire à mettre potentiellement en valeur.

« L’idée d’en faire un site d’interprétation historique nous a toujours trotté dans la tête. Pour l’instant, nous ne savons pas quelle forme cela pourrait avoir. Est-ce que ça serait par des pancartes d’information ou encore des photos ? Une chose est sûre, c’est que ça ne sera pas facile. Puisque le site de Bardsville a appartenu à des intérêts privés, la documentation est très difficile à trouver et les historiens sont incapables de certifier certaines dates. »

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