Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Espace aluminium révolutionne la chaîne d'approvisionnement » publié dans notre édition du mois d'octobre.

SAGUENAY – Le Réseau Trans-Al passe en mode 4.0 et propulse 34 projets grâce à son programme la Locomotive numérique. Il s’agit d’une initiative d’accompagnement et de soutien financier dédiée à l’implantation de nouvelles technologies pour les entreprises dans le secteur de la transformation de l’aluminium.

Un transformateur d’aluminium est une entreprise pour qui l’aluminium représente plus de 10 % de ses achats de matières premières. Selon AluQuébec, on dénombre plus de 1400 de ces firmes au Québec, dont une bonne proportion se trouve au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Chaque année, on note une augmentation de PME dans le secteur de la transformation, notamment, parce que le métal gris est en forte croissance et que c’est un matériau d’avenir. Par exemple, la certification LEED qui atteste qu’une construction est durable et écologique doit comprendre un certain pourcentage d’aluminium.

Face à la vitalité du secteur, le Réseau Trans-Al, qui représente 200 transformateurs, s’est donné la tâche de brosser un portrait de l’industrie. « Nous avons élaboré la Carte routière technologique de la transformation de l’aluminium. Un travail de collecte d’information et de veille qui nous a permis de tirer une conclusion importante, il fallait que le milieu emboîte le pas vers le virage numérique. Augmenter la compétitivité demeure dans la région du SLSJ un enjeu de taille. Offrir ses produits et ses services à de bas prix. Le 4.0 n’est pas seulement d’avoir des ordinateurs, mais aussi d’avoir des équipements de pointe qui te permettent de faire quelque chose en quatre étapes et qui te prenait, autrefois huit, voire dix », explique Paulyne Cadieux, directrice générale du Réseau Trans-Al.

Monter le programme

Tout a commencé avec un appel de projets lancé par le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI). Celui-ci cherchait à soutenir financièrement des petites et moyennes entreprises dans l’intégration d’une technologie. Baptisé la « Locomotive numérique », ce programme devait être administré par un OBNL qui s’engage, dans son plan d’administration, à accompagner des PME lors d’une démarche d’amélioration liée à l’industrie 4.0. « Cela représentait une opportunité incroyable pour stimuler notre milieu. Nous avons postulé et nous avons été choisis pour mener à bien le programme », raconte la directrice.

Afin de répondre au mandat octroyé par le gouvernement et d’aider au maximum son secteur d’activité, le Réseau Trans-Al n’a pas lésiné sur les efforts pour mettre en branle la Locomotive numérique. Son objectif étant de faciliter la transition numérique et la fabrication de pointe. Dans un premier temps, l’équipe s’est entourée d’experts pour les conseiller. « Nous avons approché le CRIQ et nous avons monté avec eux une grille d’évaluation applicable à chaque demande reçue. Cet outil permettait d’apposer des points par critères. L’idée était de sélectionner les projets qui avaient obtenu le plus de points ». Dans un deuxième temps, l’OBNL est allé chercher l’expertise de six Centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) pour que ceux-ci jugent deux conditions : si la technologie implantée est profitable pour eux ainsi que pour l’ensemble du Québec. Finalement, les projets ayant accumulé le plus de points devaient passer sous l’œil d’un comité composé d’experts et ceux-ci repassaient chaque critère afin de s’assurer que rien n’ait été oublié. « Tous les projets reçus étaient excellents. Ceux qui n’ont pas passé, c’était parce que les entrepreneurs étaient un peu moins bien préparés dans leur exposé et qu’ils n’ont pas réussi clairement à démontrer en quoi l’ajout d’une technologie leur apporterait des gains ».

Une fois à bord

Quelque 34 projets ont été retenus pour participer à la Locomotive numérique. Les PME sélectionnées disposent de 24 mois (mars 2022) pour terminer et mettre en opération leur nouvelle technologie. Ils peuvent être encadrés d’experts s’ils le souhaitent et ils ont droit à un remboursement allant jusqu’à 45,5 % de leurs dépenses. « L’implantation de la nouvelle technologie se fait en trois phases. À la fin de chaque étape, les entreprises peuvent demander un remboursement et nos experts suivent de près les avancées ».

Il y a eu deux appels de candidatures faits par l’OBNL dans le cadre du programme de la Locomotive numérique, l’un en septembre 2019 et un second en juin 2020. « Nous acceptons encore quelques demandes, mais nous achevons, précise Laurence St-Onge, chargée de projet pour le Réseau Trans-Al. Notre première cohorte a été durement impactée par la COVID-19 et nous avons de six à huit mois de retard, mais pour la deuxième, qui est partie en juin, tout va très bien. Dans l’ensemble, nous sommes sûrs que tous les projets seront livrés pour la date butoir. »

Une récurrence dans les besoins

L’OBNL indique avoir reçu toute sorte de projets allant de la robotisation à l’automatisation. Toutefois, plus du tiers des demandes étaient à propos des logiciels de gestion. « Un ERP ou Enterprise Resource Planning, c’est la base de la transition 4.0. C’est un logiciel qui permet de gérer ton inventaire, tes ventes, tes clients et tes fournisseurs. C’est indispensable pour augmenter ton efficacité. Les demandes ne concernaient pas seulement l’installation ou l’achat de ce type de logiciel, mais l’ajout de nouvelles fonctionnalités ou encore de l’assistance technique pour bien l’exploiter », souligne Paulyne Cadieux. Il existe autant d’ERP que d’entreprises. Ce sont des logiciels complexes et dispendieux. Il faut donc choisir le bon selon ses besoins. Pour aider au choix, Réseau Trans-Al à mandater Productique Québec, qui regroupe 12 CCTT, pour accompagner les candidats.

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