Guy Bouchard
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Guy Bouchard

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « MRC du Fjord-du-Saguenay, 43 000 km2 d’opportunités » publié dans notre édition du mois de décembre.

SAINT-HONORÉ – Niobec, la seule entreprise minière de la région, constitue bon an mal an un vecteur important de développement économique pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean et plus spécifiquement pour la MRC du Fjord-du-Saguenay. Au-delà des retombées des salaires des 458 travailleurs et des nombreux sous-traitants impliqués dans l’entretien régulier de la mine et du complexe de production de ferroniobium (FeNB), l’entreprise investit actuellement quelque 200 M$ pour assurer le maintien des installations pour au moins vingt ans encore.

Sébastien Boivin, le directeur général du complexe de Niobec, est formel. Les importants investissements en cours à Saint-Honoré vont assurer la production de la minière au moins jusqu’en 2040. Il explique qu’entre 2019 et 2021, plus de 200 M$ auront été injectés par les actionnaires de Magris Ressources, propriétaire de l’entreprise depuis 2015. L’objectif est de moderniser et d’améliorer la performance des installations de production (il cite notamment l’amélioration de la classification du circuit de broyage pour récupérer davantage de métal des résidus), mais aussi d’augmenter la récupération du minerai entre les galeries qui ont déjà été exploitées. « On investit massivement pour garder les infrastructures le plus longtemps possible », lance celui qui dirige les installations du plus important employeur de la MRC.

Il précise par ailleurs qu’une grande partie de ces travaux sont réalisés par des sous-traitants régionaux, dont le nombre de travailleurs actuellement sur place équivaut en heure-homme à quelque 125 ressources supplémentaires. « On est dans une période de trois grosses années d’investissement en capital. En 2020 et 2021, on investit une centaine de millions de dollars canadiens par année. On a remis en opération notre usine de remblais en pâte. […] Dans cette usine, on mélange un peu de ciment à nos résidus qu’on utilise pour remblayer nos trous et pour pouvoir miner à côté. On commence dans le courant de l’année prochaine. […] On a augmenté avec ça nos réserves de plus de 28 millions de tonnes », explique le DG.

Usine de traitement des eaux

Sébastien Boivin explique également que le gros projet actuellement en cours de réalisation consiste à construire une usine complémentaire de traitement des eaux au coût de 40 M$ pour améliorer la qualité des eaux résiduelles de la mine et du procédé. « C’est une firme américaine spécialisée qui fournit les équipements, mais tout ce qui concerne la construction du bâtiment, l’installation mécanique, la tuyauterie, l’électricité, ce sont tous des entrepreneurs locaux qui font ça. Je vous dirais que sur un projet de 40 M$, plus de la moitié de cette somme est accordée à des entrepreneurs locaux », confie-t-il.

Dix mille tonnes de FeNB

Depuis 1994, Niobec est devenue un véritable complexe minier et métallurgique intégré, grâce à la construction d’une usine de conversion du concentré de niobium. Les travailleurs y extraient environ 2,5 millions de tonnes de minerai annuellement du sous-sol honorien. Celui-ci est broyé et concentré pour ensuite être transformé en ferroniobium à l’aide d’une réaction d’aluminothermie. L’alliage ainsi créé est alors expédié aux clients dans des contenants d’un poids variant entre 10 et 1 500 kilos. En moyenne, l’entreprise vend quelque 10 000 tonnes de FeNB annuellement, ce qui représente plus ou moins 10 % de la production mondiale. Le principal pays exportateur de cet alliage demeure le Brésil, où deux entreprises se partagent 90 % de parts de marché (80 % pour l’un, 10 % pour l’autre).

Un métal vert lui aussi ?

Le label « vert » pour qualifier un produit à la cote depuis quelques années, notamment pour l’industrie régionale de l’aluminium, qui l’utilise largement pour valoriser l’image du métal gris produit chez nous. Pour Sébastien Boivin, le ferroniobium doit aussi être considéré comme un alliage vert, puisque son utilisation par les fabricants d’acier haute performance permet de réduire grandement l’utilisation de celui-ci tout en obtenant les mêmes ou de meilleures propriétés mécaniques.

« On parle d’un métal vert, dans le sens que pour les mêmes applications et les mêmes résistances, une petite quantité de ferroniobium va faire en sorte qu’on va utiliser beaucoup moins d’acier pour les mêmes structures. Dans la production d’une voiture, par exemple, les fabricants économisent sur l’utilisation de l’acier et le consommateur, sur l’énergie, parce que le véhicule est plus léger en fin de compte », assure Sébastien Boivin. Environ 89 % de la consommation mondiale du niobium est écoulée dans la fabrication d’acier, notamment les pipelines, tandis que 9 % vont à la production de superalliages et 2 % aux applications de supraconductivité et aux applications médicales.

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