Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « L’économie sociale, un modèle d’affaires prospère à l’échelle humaine » publié dans notre édition du mois de décembre.

SAGUENAY – La relève entrepreneuriale a un nouvel allié : le modèle coopératif. En effet, des initiatives collectives sont de plus en plus employées lors du rachat d’une entreprise privée. C’est le cas de trois PME de la région qui se sont constituées en coopérative de solidarité afin d’éviter une fermeture définitive.

La boulangerie Merci la mie d’Alma, le club d’entrainement Studio Fusion de Dolbeau-Mistassini et la librairie Les Bouquinistes de Chicoutimi ont tous comme point commun d’être passés par un processus de relève qui s’est soldé par la fondation d’une coopérative de solidarité. Le modèle d’entreprise collective offre une multitude d’avantages comme : conserver des emplois, la mise en commun des ressources et une gestion plus démocratique. De plus, elle permet à une institution comme la librairie Les Bouquinistes, ouverte depuis 1979, de poursuivre ses opérations. « Les propriétaires voulant prendre leur retraite, ils ont souhaité que la librairie revienne aux travailleurs et aux clients. La constitution de la coop s’est donc faite avec leur appui », souligne Geneviève Demers, directrice générale de la librairie.

« Nous avons investi de notre argent personnel et la CIDAL nous a également donné un bon coup de main avec l’octroi d’une subvention. Notre objectif avec la boulangerie n’est pas d’engranger les profits à tout prix, mais d’offrir à la population des produits de niches », explique Vicky Potvin, la présidente de Merci la mie. La boulangerie, anciennement Le petit pétrin, s’était fait un nom auprès des Almatois et Almatoises. Lorsque les propriétaires ont décidé de cesser leurs activités, un petit groupe de citoyens se sont portés acquéreurs de l’entreprise en constituant une coopérative.

Même histoire pour le Studio Fusion lorsque sa fondatrice a décidé de changer de carrière. « Elle voulait vendre son entreprise et les membres ont signalé leur intérêt. Reprendre le studio et en faire une coopérative tombait sous le sens. Ce n’était pas une PME très lucrative et la transformer en initiative collective a permis de se soustraire de l’impératif de rentabilité. Nous générons assez d’argent pour payer les instructeurs à temps partiel et tout le reste c’est du bénévolat. Si ce n’avait été de la coop, je pense que l’entreprise aurait fermé ses portes », précise Anne-Laurie Genest, administratrice.

La force de la coopération

La caractéristique première des coopératives de solidarité, c’est qu’elles comptent parmi leurs membres : utilisateurs, fournisseurs et travailleurs. En d’autres mots, tous ceux en relation avec l’entreprise sont des membres et potentiellement des administrateurs. Les décisions de l’entreprise et ses positions sont donc prises en considération des besoins d’un plus grand nombre. « Sur le conseil d’administration, les administrateurs sont aussi utilisateurs du club d’entrainement. Lorsque vient le temps de déterminer quel type de cours sera donné à la prochaine session, la décision est prise en conséquence des préférences des membres. »

Fidéliser la clientèle

Sur le C.A des Bouquinistes, il y a sept administrateurs. Parmi eux, quatre membres travailleurs siègent et veillent à faire entendre la voix des employés lors des décisions. De plus, des clients peuvent également participer aux assemblées générales et peuvent accéder au conseil d’administration. « L’avantage du modèle coopératif, c’est le sentiment de propriété collective. Les clients sont vraiment fidèles, ils participent aux campagnes et à nos sondages. Nos 210 membres, ne vont pas magasiner leurs livres ailleurs, l’engagement est très fort. »

Des RH heureuses

La rétention des employés semble meilleure dans les coopératives que dans les entreprises privées. En effet, le sentiment d’appartenance et la possibilité de s’impliquer sur les différents enjeux augmentent la qualité de la relation entre le travailleur et l’entreprise. « Chez les Bouquinistes, nous sommes plus de huit employés et nous avons des gens qui sont avec nous depuis cinq et douze ans. En donnant la possibilité aux travailleurs d’aiguiller les décisions en fonction de rendre leur travail plus intéressant, nous nous assurons une certaine pérennité au niveau de la main-d’œuvre. »

Avantages financiers

Les parts sociales déboursées pour être membre d’une coopérative de solidarité assurent, entre autres, un fonds de roulement pour les entreprises collectives. « Nous avons 421 membres en tout et les frais d’adhésion s’élèvent à 10 dollars. C’est de l’argent qui rentre et qui nous permet d’aller de l’avant avec des projets d’achats d’équipement et de rénovations de nos locaux », explique l’administratrice au Studio Fusion.

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