Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Culture et tourisme, un maillage indispensable au Saguenay-Lac-Jean » publié dans notre édition du mois de novembre.

MASHTEUIATSH – Anciennement connu sous le nom de Fondation Diane Robertson, l’organisme Kamishkak’Arts apporte un soutien aux artistes et artisans de la communauté de Mashteuiatsh afin de permettre à tous de développer leurs talents et de s’exprimer par l’art.

L’organisme considère que l’art est un moyen d’expression et de guérison ainsi qu’un levier social qui génère un sentiment d’appartenance, de fierté et de confiance. C’est par le biais de divers services et activités qu’il vient en appui aux artistes et artisans afin de contribuer à dynamiser et renforcer le milieu culturel de la communauté. Il peut accompagner les artistes à différents niveaux, tant pour la recherche, la création, la transmission, la production et la diffusion.

Afin de favoriser leur développement, les membres utilisateurs peuvent avoir un accès à un espace atelier de création, à du matériel d’art et d’artisanat, du matériel audio-visuel, une menuiserie, une bibliothèque. « On a mis sur pied des kits créatifs, ce sont de petites boîtes qu’on prête avec des outils pour différents médiums, par exemple pour la sculpture. Pour les membres, on peut prêter des outils de travail plus avancés », illustre Julie Gagnon-Bond, de l’organisme.

Les membres peuvent également bénéficier d’un accompagnement pour les demandes de subvention et dossiers d’artistes, recevoir des formations adaptées à leurs besoins, multiplier les occasions de diffuser et de faire connaître leur travail tout en faisant partie d’un réseau d’artistes ayant accès à des contacts élargis. « On met sur pied un projet pour les conteurs pour les aider à bonifier leur prestation. Ce sont des formations spécifiques au conteur, vraiment du cas par cas », mentionne Mme Gagnon-Bond.

Faire découvrir l’art

Kamishkak’Arts organise aussi diverses activités. « On fait des ateliers pour tous. On va aussi dans différents organismes pour faire découvrir l’art, dans les CPE, au camp de jour. On veut leur faire découvrir qu’on peut en vivre. On fait aussi beaucoup de cas par cas, parce qu’il faut s’adapter à chacun. Les gens viennent de plus en plus nous rencontrer pour nous parler de leurs projets et ensuite, on peut les accompagner », indique Julie Gagnon-Bond, ajoutant que des artistes professionnels de la communauté s’intègrent souvent dans ces activités pour partager leur passion et leur savoir-faire.

Par ailleurs, l’organisme travaille aussi à faire connaître les artistes et artisans Ilnu à l’extérieur de la communauté, par exemple en organisant des résidences d’artistes, des expositions, ou en leur donnant accès à des salons, etc. Il peut aussi faire le pont entre des organisations allochtones et les artistes de la communauté, comme il l’a fait pour Rio Tinto, qui souhaitait faire réaliser une œuvre sur la réconciliation imprimée sur des bouteilles distribuées au Festival de jazz de Montréal. C’est finalement une artiste de 16 ans de Mashteuiatsh qui l’a réalisée.

Festival de contes et légendes

Kamishkak’Arts est également responsable du Festival de contes et légendes Atalukan, qui a fêté son 10e anniversaire en 2020. « Ce festival permet de faire connaître les conteurs. Les Ilnus utilisaient, et utilisent encore beaucoup la parole pour apprendre et partager leur savoir. Ce festival se promenait dans la région pour faire découvrir des conteurs d’ici, mais aussi de l’extérieur », explique Mme Gagnon-Bond. Ayant lieu en août, le festival attire une large clientèle touristique.

Du côté touristique, des conteurs de la communauté réalisent aussi des prestations, notamment au Musée amérindien. Kamishkak’Arts souhaite développer des kiosques de vente pour les artistes et artisans, afin que les visiteurs puissent les rencontrer.

Selon Julie Gagnon-Bond, de plus en plus d’artisans et artistes se lancent en affaires, ce qui fait que l’organisme a commencé à collaborer avec la Société de développement économique Ilnu (SDEI). « Il y a une forte demande. Avec tout ce qui s’est passé dans les dernières années, les allochtones sont plus intéressés à découvrir l’art autochtone. […] Mais il faut que les créateurs restent indépendants dans ce qu’ils font. […] Il y a une confiance à regagner. Il faut rétablir l’alliance », conclut-elle.

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